P-au-P, 21 déc. 05 [AlterPresse] --- Le Premier Ministre du Canada, Paul Martin, condamne avec la dernière rigueur l’assassinat en Haïti du policier canadien à la retraite Mark Bourque.
« Le Canada condamne cet acte de violence insensé. Nous sommes profondément attristés par la perte d’un compatriote qui a œuvré de manière exemplaire pour son pays, aussi bien au Canada qu’à l’étranger. Il est mort au service de son pays et son décès laissera un grand vide parmi les personnes qu’il a connues et aidées », déclare le chef du gouvernement canadien, dans un communiqué transmis à l’agence en ligne AlterPresse par le Service des Relations avec les Médias de l’Ambassade du Canada à Port-au-Prince.
L’officier Mark Bourque a été abattu, le 20 décembre 2005, sur la route nationale numéro 1, à proximité de Cité Soleil, vaste bidonville de la capitale contrôlé, depuis plusieurs mois, par des partisans armés de l’ancien régime lavalas.
Bourque faisait partie d’un groupe de 25 policiers canadiens à la retraite, arrivés en Haïti, en octobre 2005, dans le cadre de la sécurisation des prochaines élections haïtiennes.
« Décédé sous les balles de tireurs embusqués, Bourque se trouvait en Haïti dans le cadre des efforts du Canada visant à promouvoir la bonne gouvernance et la démocratie. Son travail, pendant son séjour, était l’expression des valeurs canadiennes les plus nobles », signale le Premier Ministre Paul Martin.
L’ambassade du Canada à Port-au-Prince demande au gouvernement intérimaire d’arrêter les mesures qui s’imposent en vue de faire le jour sur les circonstances de l’attaque et de traduire les auteurs de ce crime devant la justice.
Dans un autre communiqué soumis à AlterPresse, l’ambassade du Canada dans la capitale haïtienne, « profondément consternée » par la nouvelle du décès de Bourque, officier de la Gendarmerie Royale du Canada, condamne avec la plus grande fermeté tout acte de violence et réitère son appui aux forces policières et militaires en Haïti dans leur lutte contre l’insécurité.
« Le travail et le dévouement dont font preuve les policiers canadiens à l’étranger, souvent dans des circonstances périlleuses et au risque de leur vie, est le reflet de leur engagement personnel et des valeurs canadiennes de paix et d’altruisme », lit-on dans ce communiqué.
Tout en présentant ses condoléances à la famille et aux collègues du policier tué, l’ambassade renouvelle l’engagement du Canada à contribuer au rétablissement de la sécurité en Haïti et à faire cesser la violence dans le pays.
Le meurtre du policier Mark Bourque constitue la deuxième attaque en moins de cinq jours contre les soldats onusiens déployés en Haïti.
Le 16 décembre 2005, quatre individus en embuscade et lourdement armés avaient ouvert le feu sur des soldats de la Mission des Nations Unies de Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) en patrouille dans la localité de Plaisance, située à 30 kilomètres au sud-ouest de Cap-Haïtien, la deuxième ville d’Haïti, dans le département du Nord.
Les assaillants ont blessé trois soldats de la paix, ce qui a provoqué une riposte, explique la MINUSTAH dans un communiqué.
« Les casques bleus blessés, tous trois de nationalité chilienne, ont été immédiatement transportés au quartier général des Forces de la MINUSTAH au Cap-Haïtien, pour y subir des soins d’urgence avant d’être évacués vers l’Hôpital de la MINUSTAH à Port-au-Prince », poursuit le communiqué.
Le nombre de morts dans les rangs de la Mission onusienne passe aujourd’hui à huit depuis le déploiement des casques bleus en Haïti, le 1er juin 2004.
Le 24 octobre 2005, AlterPresse a recensé 7 morts dans le camp de la MINUSTAH, en plus de plusieurs blessés par balles, dont certains grièvement.
L’agglomération de Cité Soleil reste, à date, une zone dangereuse et interdite, où se retranchent des bandits armés, dont des kidnappeurs, et où les interventions maintes fois annoncées de la MINUSTAH ne se sont pas encore concrétisées. Les agents de la Police Nationale d’Haïti (PNH) ne s’y risquent pas.
Le 19 décembre 2005, non loin de Cité Soleil, un avocat haïtien, Me. Mario Delcy, animateur d’une émission sur les Droits Humains, a échappé de justesse à des rafales de tireurs embusqués, tandis que son garde du corps a été grièvement blessé par balles au cou. L’avocat a dû utiliser l’arme, qu’il avait en sa possession, pour riposter aux assaillants. Des soldats onusiens, qui se trouvaient dans un char de la MINUSTAH, posté à proximité de l’aire d’attaque, n’ont pas daigné porter secours aux victimes, malgré les appels à l’aide lancés, suivant les témoignages faits à la Presse nationale par l’avocat agressé. [do rc apr 21/12/2005 12:00]