P-au-P., 17 déc. 05 [AlterPresse] --- Quatre militaires dominicains ont été expulsés de l’Armée et arrêtés pour trafic d’illégaux haïtiens à la frontière avec Haïti, au niveau de Dajabon/Ouanaminthe (Nord), a-t-on appris de source officielle ce 17 décembre.
Les militaires dominicains emprisonnés sont un sergent et trois soldats, ont fait savoir des sources militaires à l’agence EFE, sans révéler leur identité.
Le jésuite Regino Martànez, coordonnateur de l’organisation Solidarité Frontalière, a fait valoir dans la presse que le trafic de personnes et la contrebande à la frontière sont difficiles à contrôler, à cause de l’implication de beaucoup de responsables frontaliers dominicains dans ces activités.
La République Dominicaine et Haïti partagent une frontière de quelque 335 kilomètres, avec une quarantaine de points de passages informels, selon ce qu’a révélé l’économiste Camille Chalmers, lors d’une journée d’information organisée par le 16 décembre dernier à Port-au-Prince par le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR).
Lors de cette journée, à laquelle a pris part un reporter d’AlterPresse, le GARR a voulu sensibiliser les acteurs politiques sur les enjeux de la problématique haitiano-dominicaine.
Invité à intervenir à cette activité, l’ancien ambassadeur d’Haïti en République Dominicaine, Guy Alexandre, indique que « le principal contentieux entre les deux pays est le problème migratoire ».
« La seule politique migratoire qui fonctionne entre les deux pays est le rapatriement des Haïtiens, qui devient massif et systématique à partir de juin 1991 », précise le diplomate.
Selon Alexandre, les incidents du 12 décembre, durant la visite perturbée à la capitale haïtienne du chef d’Etat dominicain Leonel Fernandez démontrent clairement la gravité du problème. Il interprète les événements comme la manifestation de colère du peuple suite aux « nouvelles révoltantes » concernant des migrants haïtiens, de mai 2005, lorsque des Haitiens ont été assassinés et pourchassés Hatillo Palma (Nord), aux récentes violences contre les Haïtiens à Moca (Nord) pendant les dernières semaines.
Prenant la parole en la circonstance, la coordonnatrice du GARR Colette Lespinasse a déploré les évènements malheureux du 12 décembre. Le GARR « comprend très bien la colère du peuple haïtien qui ne peut digérer les nouvelles d’agressions dont sont l’objet les migrants haïtiens en République voisine » déclare-t-elle. Elle encourage les protestataires à faire valoir leur revendication de manière pacifique.
D’un autre coté, Lespinasse dit regretter les déclarations provocatrices du chef d’Etat dominicain 48 heures avant sa visite en Haïti.
Pour sa part, Camille Chalmers dénonce l’ « extrême violence » qui caractérise les rapports entre Haiti et la République Dominicaine, qui sont « excessivement militarisés ».
Un cahier de charges contenant des propositions relatives à la problématique haitiano-dominicaine a été remis à des représentants de partis politiques, dont l’Alliance Démocratique (ALYANS), le Coumbite pour Batir Haiti (KONBA) le Grand Rassemblement pour l’Evolution d’Haiti (GREH) et le Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressiste (RDNP).
Himmler Rébu, du GREH, est le seul candidat à la présidence qui a répondu à l’invitation du GARR. [fl gp apr 17/12/2005 16:00]