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Port-au-Prince : Journée de réflexion sur l’impunité

P-au-P., 12 févr. 03 [AlterPresse] --- Des représentants de plusieurs secteurs se sont penchés ce 12 février sur la question de l’impunité, lors d’une journée de réflexion, organisée à Port-au-Prince par le Comité des Avocats pour le Respect des Libertés Individuelles (CARLI).

"Nous avons tous le devoir de travailler à l’éradication de l’impunité qui engendre une culture de violence", a déclaré le Secrétaire Général du CARLI, Renan Hédouville, dans son discours d’ouverture des travaux. L’impunité, qualifiée de fléau par Me. Hedouville, est, a-t-il dit, "encouragée" par les responsables de l’Etat.

Le Secrétaire Général du CARLI a passé en revue plusieurs cas d’assassinats perpétrés à la fin de l’année dernière et au début de cette année, qui "commence sur des notes tristes". Concernant le cas de 3 frères assassinés en décembre dernier à Carrefour, banlieue sud de la capitale, Me Hedouville a souligné que les policiers mentionnés dans un rapport interne de la police comme ayant des comptes à rendre dans cette affaire, circulent en toute liberté.

Prenant la parole à la même occasion, la représentante du Protecteur du Citoyen, Déanne Germeil, a dressé un tableau sombre de l’administration de la justice en Haïti. Il est impossible, a-t-elle dit, de quantifier avec précision le nombre de personnes frustrées par suite d’absence de justice. Selon elle, la carence de politique d’Etat en matière de justice contribue à l’épanouissement de l’impunité.

Plusieurs autres intervenants ont abordé les thèmes de la violence à travers le pays, notamment contre les juges, avocats, défenseurs de droits humains, femmes, enfants, journalistes, etc. Ils ont établi un lourd bilan de victimes, dont les cas demeurent sans aucune suite judiciaire.

Le bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Port-au-Prince, Me Rigaud Duplan, a mis en relief la défaillance des autorités de l’Etat dans la protection des vies et des biens. La Directrice Executive de l’Organisation "Fanm Yo La" (Les Femmes sont Presentes), Lisa Francois, a stigmatisé l’acceptation et la tolérance des cas de violence faite aux femmes. Le Journaliste Martinez Clairsidor, du Réseau Information Justice et Droits Humains, a relevé le poids des motifs politiques dans la violence contre les journalistes.

Plus tard dans la journée les participants devaient examiner les voies de recours face à l’impunité et explorer des pistes de solution à ce phénomène.

La journée de réflexion a été appuyée financièrement par la Fondation Internationale pour les Systèmes Electoraux (IFES), représentée par son Président Exécutif Richard Soudriette. David Adams, Directeur de l’organisme d’aide du gouvernement américain USAID, qui supporte également l’initiative, était aussi présent. [gp apr 12/02/03 13:15]