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" La violence et ses retombées mentales en Haïti "

P-au-P, 14 déc. 05 [AlterPresse] --- « La violence produit des traumatismes qui atteignent l’intégrité physique et mentale. Les retombées physiques et mentales sont indissociables, quand on parle de violence, car le choc psychologique accompagne toujours le choc physique ».

Ainsi, s’exprime la spécialiste française en psychologie clinique, Cécile Marotte, examinant, le vendredi 9 décembre 2005, les retombées de la violence sur la santé mentale en Haïti au cours d’une conférence de presse à la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH), à l’initiative des étudiants en psychologie.

L’intégrité est le sentiment global éprouvé par la personne par rapport à elle-même. Les retombées de la violence sont physiques et psychiques dans le cas d’Haïti, suivant les expériences de la spécialiste française auprès des personnes victimes de violences.

« Une personne qui subit quelque chose de physique le subit aussi mentalement », soutient la psychologue clinicienne en se référant aux « personnes blessées par balles, kidnappées ou arrêtées arbitrairement qui subissent aussi un choc psychologique ». martèle-t-elle.

Du point de vue social, le climat de violence qui prévaut dans le pays a des conséquences sur le comportement des gens en Haïti.

Cécile Marotte cite, en exemples, une rupture des liens d’amitié, une modification du rythme de la vie, la méfiance des gens, l’éclatement des familles émigrées vers l’extérieur et la déperdition des valeurs sociales.

Le contexte économique précaire tend à modifier les valeurs de référence, et le problème de la tolérance à favoriser l’impunité et à entacher le processus de réparation pour les personnes victimes de violences.

« Le problème économique et celui de l’impunité poussent les gens à demander réparation avant tout processus de justice. Tout ceci traduit un problème d’éducation », dit-elle.

Aux yeux de Cécile Marotte, les tortionnaires seraient des victimes amenés à agir ainsi par tout un concours de circonstances.

« Les agresseurs sont sous l’emprise des gangs. Ils ont subi un lavage de cerveau, une déshumanisation et ils manipulent aussi les enfants qui en font partie » avance-t-elle.

Comme pistes de solutions pour les personnes victimes et les gens qui sont indirectement touchés, elle propose trois actions à engager. Il s’agit de soigner, éduquer et suivre.

Les soins impliquent l’accompagnement des victimes, en les encourageant à voir un psychologue.

L’éducation consiste à expliquer aux gens l’importance du suivi psychologique et à les porter à changer de comportement.

Le suivi vise à inciter les gens victimes à consulter des psychologues pour leur équilibre psychique et physique.

La spécialiste clinicienne n’a pas toutefois proposé de pistes de solution sur le cas des agresseurs et tortionnaires, à part le fait qu’elle rattache le contexte social aux actes de violence enregistrés dans la société en indiquant que ceux qui génèrent la violence veulent envoyer un message dont elle n’a pas précisé lequel.

L’année 2005 a été marquée en Haïti, notamment dans la capitale Port-au-Prince, par une succession d’actes de violences, y compris de multiples cas de séquestration et de brutalités envers les femmes, dont les retombées (sociales, économiques et autres) sont encore indéterminées. Pour les premiers jours de décembre 2005, au moins une quarantaine de 40 cas de kidnapping a été recensée dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, suivant des statistiques non exhaustives. [jj rc apr 14/12/2005 14 :30]