P-au-P, 12 déc. 05 [AlterPresse] --- Le président haïtien, Boniface Alexandre, invite les autorités dominicaines à emprunter la voie légale et de concertation pour résoudre les différends qui existent entre les deux peuples.
« La République Dominicaine est un Etat de droit. Donc, les affaires de droit commun doivent être réglées par les tribunaux et non par la justice populaire et expéditive », déclare le chef de l’Etat haïtien.
« Ces affaires ne doivent servir de prétexte aux extrémistes pour mener une chasse systématique contre les Haïtiens, qu’ils soient en situation régulière ou non », poursuit Boniface Alexandre.
Le président provisoire a fait ces déclarations, au Palais National, à l’occasion d’une conférence de presse conjointe avec son homologue dominicain, Leonel Fernandez Reyna, qui a visité Haïti, ce 12 décembre 2005, dans une atmosphère de protestation d’étudiants et d’autres secteurs nationaux du pays.
« Nous sommes conscients du problème migratoire haïtien. Nous sommes aussi convaincus que le président Fernandez ne saurait tolérer, et il l’a déjà indiqué, de chasse aux sorcières contre nos compatriotes », soutient Alexandre.
Le chef de l’Etat intérimaire haïtien croit que c’est dans la concertation et le respect des normes internationales régissant la matière que peut la question migratoire peut être résolue.
« C’est notre vœu, enfin, que les deux pays conjuguent de plus en plus leurs efforts pour agir, de façon concertée, sur les grands dossiers de politique régionale et internationale, qu’il s’agisse de la paix, de la sécurité de l’hémisphère, de l’intégration caribéenne ou de notre ralliement aux grands ensembles continentaux en formation », affirme le président provisoire.
Le chef d’Etat dominicain se dit préoccupé par la question migratoire qui, déclare-t-il, est « un thème qui provoque toujours des conflits et suscite des tensions ».
Leonel Fernandez fait savoir que la résolution de ce problème peut aider à renforcer les liens entre les peuples haïtien et dominicain.
« Nous regrettons aussi profondément les actes de violences qui ont eu lieu récemment en République Dominicaine entre citoyens haïtiens et citoyens de notre pays », confie Fernandez à Alexandre.
Le président de la République Dominicaine estime que « dans un pays civilisé, seulement la justice professionnelle et indépendante a l’autorité de faire des enquêtes pour savoir la nature de ces faits et sanctionner les coupables, selon la loi ».
« Nous déplorons la mort d’un commerçant dominicain tué par un citoyen haïtien, de même nous exprimons aussi notre refus concernant un citoyen haïtien qui a été exécuté par un Dominicain », révèle le premier mandataire de la nation dominicaine.
Fernandez, qui indique que « la justice doit être une pour tous », affirme n’encourager aucun groupe de personnes à faire usage de la violence pour se rendre justice.
« Ces faits ne vont pas se reproduire dans notre pays », rassure Leonel Fernandez.
« Maintenant, nous devons comprendre que les pays qui ont une frontière commune ont historiquement des relations conflictuelles », témoigne par ailleurs le président dominicain.
Pendant que les deux chefs d’Etat faisaient leur discours à l’intérieur du Palais national, plusieurs milliers de manifestants se positionnaient à l’extérieur pour dénoncer cette visite de Leonel Fernandez en Haïti.
A aucun moment de la durée, Fernandez et Alexandre n’ont mis l’accent sur ce vent de panique qui règne aux abords du Palais présidentiel.
Après la conférence, le cortège dominicain avait du mal à se diriger vers Pétion-Ville (est de Port-au-Prince), où le président Fernandez devait rencontrer des responsables de partis politiques.
Les agents de l’ordre, dont des soldats de l’Armée dominicaine, ont tiré des rafales d’armes automatiques pour disperser la foule.
Leonel Fernandez a dû prématurément clôturer sa visite éclair en Haïti, sans avoir bouclé l’agenda de son programme. [do rc apr 12/12/2005 17:30]