P-au-P, 10 déc. 05 [AlterPresse] --- Entre septembre 2004 et avril 2005, plus de 2,000 personnes ont trouvé la mort dans des circonstances non encore élucidées par la justice, fait savoir la Plate-Forme des Organisations Haïtiennes de Droits Humains (POHDH), dans un texte transmis à AlterPresse à l’occasion du 57 e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits Humains.
« Certaines des personnes tuées auraient été exécutées de la manière la plus lâche et la plus impitoyable par ceux-là mêmes chargés de veiller à la sécurité des vies et des biens dans le pays », signale la POHDH pointant du doigt la justice haïtienne qui « ne fonctionne pas » aux yeux du regroupement.
Selon les responsables de ce regroupement d’organisations de droits humains, les prisons d’Haïti sont regorgées d’hommes, de femmes et de mineurs qui attendent impatiemment leur sort depuis tantôt cinq à six mois.
Il y a quelques semaines, quarante-huit heures après avoir été mis en liberté par la justice, un membre de gang, qui avait été arrêté par la Police Nationale d’Haïti pour implication présumée dans des crimes à Port-au-Prince, a commis un autre forfait qui a provoqué la réprobation parmi les militantes et militants de droits humains.
De nombreux dossiers restent en souffrance au sein du système judiciaire, qui laisse l’impression de couvrir les criminels et de renforcer progressivement l’impunité dans le pays, n’hésitent pas à dénoncer les organismes de défense de droits humains au regard de la lenteur voire de la complicité des juges dans plusieurs affaires traînant en longueur.
Parallèlement, la Cour de Cassation, plus haute instance judiciaire du pays, est soupçonnée de forfaiture dans le traitement de certains dossiers, dont un arrêt pris en faveur du candidat à la Présidence, Dumarsais Mécène Siméus, écarté de la course par le Conseil Electoral Provisoire parce qu’il détient la nationalité américaine. La Constitution haïtienne du 29 mars 1987 n’admet pas la double nationalité.
Entre-temps, le gouvernement de transition vient de mettre à la retraite des juges au sein de la Cour de Cassation, une décision qui a induit un tollé parmi certains juristes.
La POHDH estime que dans cette société où l’injustice tend à s’ériger en système, l’unité des forces progressistes et démocratiques constitue le seul rempart contre les violations.
« Aujourd’hui, le chemin qu’il nous reste à parcourir, pour l’établissement réel d’une société de droit en Haïti, est encore très long et parsemé d’embûches. En témoignent les nombreux cas de violations enregistrés quotidiennement dans le pays », indique la POHDH dans cette note portant la signature de Maxime Rony.
C’est dans ce contexte que la Plate-forme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains fête, ce 10 décembre 2005, son 14e anniversaire.
« Malgré les nombreux obstacles et constantes difficultés rencontrées sur son chemin durant ces longues et dures années, la POHDH n’a jamais failli à sa mission », lit-on dans la note parvenue à l’agence en ligne AlterPresse.
La Plate-forme entend continuer la lutte avec la même ténacité manifestée dans le passé en vue de faire respecter les droits de la personne humaine et de contribuer à l’instauration d’un Etat de droit dans le pays.
« A l’occasion de cet anniversaire, nous exhortons les autres organisations militant dans le domaine à s’unir à la POHDH, une fois de plus, pour qu’ensemble nous luttions pour le triomphe des idéaux de justice et de progrès dans le pays », conclut la note.
Pour marquer ce 10 décembre 2005, 57e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits Humains, la Mission de Stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) organise une table ronde à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Port-au-Prince. [do rc apr 10/12/05 9 : 00]