Port-au-Prince, 09 Déc. 05 [AlterPresse] --- Six ans après la tenue du Premier Forum National sur le Syndrome Immuno Déficitaire Acquis (SIDA), différentes institutions oeuvrant dans le domaine se proposent de revoir les orientations à imprimer dans la lutte contre le développement de la pandémie en Haïti dans le cadre d’un colloque de trois jours, appelé « Journées Nationales des Personnes Vivant avec le VIH SIDA » (PVVIH), a constaté AlterPresse.
En vue de respecter les droits des PVVIH et les engagements pris à leur encontre, les organisations initiatrices, dont la Plate-Forme Haïtienne des Personnes Vivant avec le SIDA (PHAP), Promoteurs Objectif Zéro Sida (POZ) et l’Institut PANOS comptent, du 8 au 10 décembre 2005, dresser un état des lieux de la situation actuelle des PVVIH et des personnes affectées, identifier les nouveaux défis auxquels sont confrontées les PVVIH et les personnes affectées, ainsi que dégager des perspectives.
« Nous sommes là pour évaluer la déclaration qui a été proclamée et pour proposer de nouvelles orientations dans la lutte contre le VIH/SIDA en Haïti. Le SIDA n’est pas l’affaire simplement des professionnelles de santé, mais nous devons tous nous engager pour faire face à ce fléau », a expliqué le ressortissant haïtien Saurel Baujour, président de la PHAP, se référant au Premier Forum de Solidarité avec les PVVIH tenu à Pétionville (est de la capitale haïtienne), au même endroit où se déroulent, cette semaine, les journées nationales des PVVIH.
Personne séropositive depuis plusieurs années, Baujour convie les PVVIH à continuer d’agir pleinement pour réduire l’impact du SIDA sur l’ensemble de la société haïtienne. Pour lui, la séropositivité de nombreuses personnes aurait fait reculer le taux de chômage mondial et permis à des milliers de gens « de toutes les classes sociales » de prendre soin de leurs familles.
Aussi, le gouvernement haïtien et les différents acteurs impliqués dans la lutte contre le SIDA ont-ils pour obligation d’honorer leurs engagements en matière de droits humains des PVVIH, en leur garantissant des soins de santé de qualité par un accès approprié aux médicaments connus sous le nom de antirétroviraux.
« Remplir ces engagements de droits humains envers les PVVIH n’est pas une question de choix, mais un devoir et une obligation », rappelle Baujour.
De nombreux témoignages de personnes séropositives, femmes et hommes, ont marqué l’ouverture des Journées Nationales des PVVIH, au cours de laquelle le juriste Charles Vorbe a tenté d’établir les relations existant entre les Droits fondamentaux et VIH-SIDA en Haïti.
Une PVVIH est un être humain comme tous les autres êtres humains, au regard des droits fondamentaux de la personne et des règlements internationaux, y compris la Constitution de 1987 en ce qui concerne spécifiquement les droits particuliers (relatifs à la santé) des PVVIH en Haïti.
Le département géographique de l’Ouest, spécialement Port-au-Prince (78 sur 176 cas de violations à l’échelle nationale en 2004) est la région du pays où plus de cas de violations des droits des PVVIH ont été enregistrés à date, suivant les résultats des investigations conduites par la commission de droits humains instituée au sein de la PHAP.
Beaucoup de PVVIH, présentes à l’ouverture des Journées Nationales, ont dénoncé l’attitude de certains centres hospitaliers qui refusent systématiquement d’administrer des soins appropriés aux personnes atteintes du virus.
Une représentante de Policy Project, autre institution intervenante, a fait état de la stigmatisation et de la discrimination, dont sont l’objet les PVVIH, suivant les résultats d’une étude conduite auprès de 19 femmes séropositives et 14 hommes séropositifs.
La peur, la honte, le déni, la stigmatisation, la discrimination, l’inaction sont des défis que doivent relever les PVVIH, comme l’a signalé, à l’ouverture des Journées le 8 décembre, le révérend père ougandais Canon Gedeon, lui aussi séropositif depuis 1992, invité spécial à l’occasion.
Droits civils et politiques des PVVIH, droits socioéconomiques et culturels des PVVIH, prise en charge des orphelins et enfants vulnérables au VIH-SIDA, accès aux services médico-sociaux des PVVIH, renforcement des organisations des PVVIH : ce sont 5 thèmes qui vont être débattus en ateliers au cours de ces assises devant déboucher sur des résolutions et moyens d’action, dans le sens du respect des droits des PVVIH.
Pour l’année 2006, les PVVIH pourraient bénéficier d’une partie du financement géré par la branche en Haïti du Fonds Mondial, a révélé le Dr Emile Hérald Charles, directeur du programme de santé de la Fondation SOGEBANK en charge du Fonds Mondial Global sur le SIDA, la tuberculose et la malaria.
Le budget de dépenses pour 2005 du Fons Mondial en Haïti se situe autour de 15 millions de dollars américains, ce qui représente environ 25 % des montants globaux consacrés au SIDA dans le pays, a indiqué le responsable du programme de santé de la Fondation SOGEBANK.
Dr Emile Charles a tenu à mettre en garde contre l’introduction, sans contrôle dans le pays, de médicaments antirétroviraux de la part de certains prêtres et pasteurs.
Actuellement, environ 5,000 personnes se trouvent sous la trithérapie en Haïti, a précisé Dre Joelle Deas, responsable de l’Unité de Coordination Conjointe, en charge du volet SIDA au sein du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP).
Plus de 200 personnes, dont des séropositives, participent aux Journées Nationales des PVVIH qui devraient aboutir à des recommandations de dispositions institutionnelles en faveur du respect de leurs droits fondamentaux, à adresser à la société, dont les décideurs politiques, les organisations non gouvernementales et autres associations intervenant dans le SIDA. [rc apr 9/10/2005 8 :00]