P-au-P, 7 déc. 05 [AlterPresse] --- L’Organisation des Nations Unies n’a pas su accomplir sa mission 60 ans après sa création en 1945, estime la professeure à l’université Monique Chemillier-Gendreau.
Intervenant à Port-au-Prince, le 6 décembre 2005, à l’occasion du 60e anniversaire de l’Institut Français d’Haïti (IFH), l’universitaire indique que l’ONU a failli à sa « compétence spéciale » qui est de maintenir la paix un peu partout où il y a des conflits dans le monde.
« Avant d’intervenir pour maintenir la paix, il faudra assurer les conditions de la paix. Les conditions de la paix c’est le développement, la santé, la croissance urbaine, etc. », affirme la conférencière.
Professeur émérite de droit public et de sciences politiques à l’Université Paris VII-Denis Diderot, Monique Chemillier-Gendreau abordait le thème : « La crise de l’ONU et la nécessité de la réforme ». Elle a dressé un véritable constat d’échec de l’ONU sur divers domaines, dont le désarmement. Le Conseil de sécurité mis en place à cet effet n’a pas su s’acquitter de sa tâche., dit-elle.
L’évaluation faite par Monique Chemillier-Gendreau intervient à un moment où une mission des Nations Unies est déployée en Haïti (depuis le 1er juin 2004). Cette assistance onusienne à la première République des Caraïbes est parfois remise en cause par les Haitiens qui ne se montrent insatisfaits des résultats obtenus, notamment en matière de désarmement.
« La réussite des Nations Unies c’est la décolonisation », souligne l’universitaire qui indique, en revanche, que « les Nations Unies n’ont pas su gérer l’Après-décolonisation ».
La conférencière a également passé en revue la position occupée par certaines grandes puissances internationales, dont les Etats-Unis d’Amérique, au sein de cette grande l’organisation mondiale.
Actuellement, « on parle de la bureaucratie des Nations Unies, les Américains sont très présents sur ce terrain, ils veulent une réforme administrative des Nations Unies », signale-t-elle.
Chemillier-Gendreau est l’auteure de « Pour une organisation de la communauté mondiale ». Cet article a été publié dans les colonnes du Monde Diplomatique en septembre 2005.
« Si l’ONU se révèle inamendable, les grandes puissances ne voulant rien céder de leur pouvoir et continuant de capter l’essentiel des ressources du monde, alors il faut d’urgence inventer une Organisation de la communauté mondiale », avait-elle écrit.
Monique Chemillier-Gendreau avance que « les Etats les plus sacrifiés de la mondialisation seraient bien avisés d’imaginer quitter l’ONU pour fonder sur-le-champ une autre institution à la mesure des nécessités ».
Au-delà de la position adoptée par certains Etats, un vent de réforme souffle sur les Nations Unies et des demandes son effectuées dans ce sens par des acteurs sociaux.
Plusieurs affaires ont récemment éclaboussé l’ONU. Le 6 décembre 2005, l’organisation a décidé de licencier sa directrice de la Division de l’assistance électorale. L’Uruguayenne Carina Perelli est accusée de faute professionnelle et de harcèlement sexuel.
« La décision de licencier Carina Perelli a été prise sur la base des résultats d’une enquête conduite par le département des ressources humaines qui a interviewé des dizaines de personnes », a précisé Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général de l’ONU.
Pourtant, Carina Perelli avait été félicitée, récemment, par le Conseil de sécurité, « pour les conseils et l’aide prodigués aux Iraquiens » dans l’organisation des élections législatives du 30 janvier 2005. [do apr 08/12/05 22 :30]