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Haiti - Elections : A défaut de résultats à Cité Soleil , des vœux

P-au-P., 08 nov. 05 [AlterPresse] --- « La Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (MINUSTAH) est déterminée à permettre aux citoyens de Cité Soleil d’exercer leur droit de vote comme les autres citoyens du pays ».

Ces propos sont du porte-parole civil de la force ONUsienne. Damian Onsès Cardona, qui rencontrait la presse ce 8 décembre, a rappelé les conditions du déroulement du processus d’enregistrement des électeurs dans ce bidonville il y a quelques mois pour tenter de rassurer la population au sujet de la tenue des élections à Cité Soleil (Nord de la capitale).

« Si lors du processus d’enregistrement, dans la zone industrielle et au cœur même de Cité Soleil, pendant un mois, presque dix mille personnes se sont inscrites sans aucun incident ; cela laisse présager que les élections pourront se dérouler dans un climat pareil », a fait savoir Cardona.

Le porte-parole de la MINUSTAH en a profité pour rappeler les différents angles sous lesquels on devrait, selon lui, aborder la réalité de Cité Soleil.

Il faut dans un premier temps, de l’avis de Cardona, « assurer la conduite correcte des élections ». Car, a-t-il renchéri, « la majorité des gens de Cité Soleil a le droit de voter, malgré la menace des groupes armés qui veulent kidnapper la volonté démocratique de la population de ce quartier ».

Le porte-parole souligne, dans un deuxième temps, la nécessité d’une « présence de l’Etat » et « du respect de la loi ».

Damian Onsès Cardona fait enfin état de la nécessité de « favoriser des actions humanitaires et de développement pour apporter un minimum de dignité aux conditions de vie de ces personnes habitant à Cité Soleil ».

« Le nouveau gouvernement doit faire de Cité Soleil une priorité », soutient le fonctionnaire ONUsien. Les futurs dirigeants ne devraient pas avoir du souci à se faire à ce sujet, la MINUSTAH prévoyant de mettre tout son poids dans la balance pour « engager la communauté internationale dans cette dynamique visant à sortir Cité Soleil de la marginalité », si l’on en croit Cardona.

Deux jours auparavant, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Haïti et chef civil de la MINUSTAH avait déclaré sèchement qu’il ne faudrait pas s’attendre à une solution à la violence à Cité Soleil avant les élections.

« La solution à ces problèmes n’a jamais été et ne sera pas militaire », avait martelé Juan Gabriel Valdès, tout en affirmant de manière péremptoire « qu’on ne saurait demander à une force étrangère de régler un problème qui date d’une centaine d’années ». En passant, il s’agit d’une référence inexacte à la date réelle de création de Cité Simone Ovide Duvalier, ci-après Cité Soleil, comme l’avait souligné judicieusement le jour même Radio Kiskeya, une station privée de la capitale.

Les propos du diplomate chilien contrastent avec ceux tenus à moult reprises par le porte-parole militaire de la MINUSTAH. Lors d’une conférence de presse le 8 septembre 2005, El Ouafi Boulbars avait prévenu que l’ordre et la sécurité seraient bientôt rétablis dans la grande agglomération de Cité Soleil.

« Dans un proche avenir, le problème de Cité Soleil sera résolu d’une manière ou d’une autre », avait averti le colonel marocain.

Pour sa part, la Police nationale d’Haïti (PNH) avait avoué son impuissance face à la situation à Cité Soleil. « Nous n’allons pas nous mentir ni faire de fausse modestie, la police l’a constaté, Cité Soleil reste un défi », avait en effet concédé le porte-parole de l’institution policière, Frantz Lerebours, le 16 novembre 2005.

L’insécurité est remontée d’un cran ces dernières semaines avec notamment une recrudescence des cas de kidnapping dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. Pas moins de trente cas d’enlèvement y ont été recensés pour seulement les cinq premiers jours du mois de décembre, selon la PNH. En attendant paiement de rançons par leurs proches, les victimes de ces rapts sont le plus séquestrées à Cité Soleil.

En conférence de presse le 7 décembre 2005, le porte-parole de la police, Frantz Lerebours, réagissant à cette insécurité galopante, a fait état d’un plan qui est « à l’étude au sein de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), en vue d’adapter la stratégie de la police au mode opératoire des bandits ». [vs apr 08/12/05 19:25]