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L’énergie électrique publique se fait rare à Port-au-Prince

P-au-P., 05 fév. 03 [AlterPresse] --- Un sévère rationnement d’énergie électrique publique frappe, au deuxième mois de l’année 2003, l’ensemble des foyers, services et entreprises dans la capitale haïtienne, non encore remise de la hausse des prix de l’essence à la fin de l’année 2002, a constaté AlterPresse.

Sans aucun avis des responsables de la compagnie d’Etat, l’Electricité d’Haïti, ce nouveau régime de distribution du courant électrique public comprend un horaire d’une à 3 heures d’énergie quasiment chaque semaine, dans la plupart des quartiers de la zone métropolitaine de Port-au-Prince.

« Nous sommes nous aussi confrontés à ce rationnement sévère. Il importe que beaucoup de voix s’élèvent pour réclamer des explications », a confié à AlterPresse une employée de la compagnie d’Etat sous couvert de l’anonymat.

Le directeur général de l’Electricité d’Haïti, qui promettait, avant la Noà« l 2002, une amélioration dans la distribution de l’énergie électrique publique, est introuvable par la Presse en ce début de février.

Plusieurs citoyennes et citoyens ont décrit, pour AlterPresse, les conséquences de l’absence de courant électrique dans la principale ville du pays.

« Lumière ! Cela fait plusieurs jours que je n’en reçois plus à la maison », a déclaré à AlterPresse une jeune secrétaire qui ne sait à quels saints se vouer pour trouver la précieuse énergie.

« Moi, je ne peux rien conserver au réfrigérateur. Cette situation ne cesse de s’aggraver en plus des réalités dramatiques de la vie chère », a indiqué une coopérante étrangère.

Entre autres conséquences, écoliers et écolières sont contraints à revenir à l’utilisation des lampes à kérosène, quand elles et ils ne se trouvent pas à proximité du Champ de Mars (la plus grande place publique de la capitale) où d’un circuit prioritaire comme la route de Tabarre, zone derésidence du Chef du pouvoir lavalas, Jean-Bertrand Aristide.

Les détaillants et autres boutiquiers s’en remettent à des distributeurs de glace, qui les approvisionnent en blocs de 300 et 400 livres pour pouvoir réfrigérer les boissons qu’ils débitent aux passants.

Par contre, la plupart des résidents de la ville ont le choix entre utiliser du charbon de bois pour repasser leurs vêtements ou se revêtir d’habits froissés.

Les systèmes domestiques d’électricité (inverters et batteries) ont été rendus inutiles faute d’alimentation suffisante en énergie. La plupart des familles ne peuvent pas, outre mesure, consentir d’autres investissements dans l’achat de génératrices, ce qui leur susciterait d’autres débours élevés, vu le prix exorbitant de l’essence depuis le 31 décembre 2002. D’où le recours à la lampe à kerosène, produit pétrolier le plus accessible.

Les bureaux et autres services tiennent difficilement, car l’énergie reçue « en compte-gouttes » ne suffit point à recharger les batteries qui ont besoin d’au moins 4 heures de courant public d’affilée. Dans certains bureaux, on préconise une utilisation extrêmement limitée de matériels électrique et informatique. Que dire des petits commerces et autres négoces à capacité plus limitée en énergie !

Dans cette situation de rationnement, les banques commerciales et stations d’essence consentent des efforts énormes pour continuer à fonctionner, surtout les institutions bancaires qui offrent des services en ligne et en temps réel. Aussi, leurs génératrices travaillent-elles à plein rendement, nonobstant les coûts que cela nécessite.

Rappelant la disponibilité d’énergie électrique publique à l’occasion de la coupe du monde de football en juin 2002, certains secteurs avisés posent aujourd’hui la question de savoir est-ce que le courant électrique public potentiel serait gardé pour les trois jours gras à venir, début mars 2003. D’ici-la quel sort sera réservé à la population s’interroge-t-on. [rc apr 05/02/03 12:50]