P-au-P, 6 déc. 05 [AlterPresse] --- La Confédération Internationale des Syndicats Libres (CISL) met à nu la réalité de l’exploitation et de la répression anti-syndicale, ainsi que la non syndicalisation dans les zones franches d’exportation (ZFE) dominicaines et haïtiennes.
Dans ces ZFE, plusieurs grandes marques internationales, dont Levi’s Strauss, font fabriquer leurs vêtements à des prix dérisoires.
« Licenciements à la pelle, augmentation des cadences, poussée d’hostilité antisyndicale parfois violente... le modèle des zones franches dominicaines bat de l’aile, tout en se délocalisant vers Haïti pour cause de salaires encore moins chers », fustige la CISL dans sa publication du mois de novembre 2005.
AlterPresse a reçu une copie du 15e numéro du Monde Syndical consacré à la situation des ouvrières et ouvriers haïtiens dans les entreprises de zones franches.
dominicaines.
« Dans les zones franches, la liberté syndicale représente une lutte perpétuelle », soupire Soto Sanchez, un des coordinateurs de la Fédération nationale des travailleurs des zones franches (FENATRAZONAS).
« Si un employeur se rend compte ou soupçonne que les travailleurs veulent former un syndicat, sa réaction sera de les congédier sur-le-champ », ajoute le syndicaliste.
Une enquête de l’International Labor Rights Fund (ILRF), en 2003, révèle que 80% des 600 travailleurs dominicains des zones franches n’appartenaient à aucune organisation syndicale, tandis que seuls 9% d’entre eux avaient affirmé qu’ils feraient appel à un syndicat en cas de conflit professionnel.
Selon les témoignages des travailleuses et travailleurs, ces faits témoignent en réalité de la crainte et de la méfiance que suscite, chez les travailleurs, le régime de répression syndicale systématique qui règne au sein des entreprises situées en zones franches.
La confédération rapporte que la « liberté syndicale » n’existe que dans la loi et dans la constitution, mais pas dans la pratique. Lorsqu’une personne bouge beaucoup et émet des revendications, on la licencie immédiatement sous d’autres prétextes.
« Toutes les entreprises, de la moins anti-syndicale à la plus anti-syndicale, profitent de la crise du secteur, en matière de réduction d’emplois, pour désarticuler les syndicats et licencier tous les travailleurs qui y sont affiliés », lit-on dans ce document.
Les licenciements dans les zones franches d’exportations ont touché un travailleur sur dix, selon un article du mensuel The Economist (L’Economiste, en français) publié en mai 2005.
Le Conseil national d’unité syndicale (CNUS) pense, quant à lui, que les employeurs gonflent le nombre de licenciements « pour pousser le gouvernement à dévaluer le taux de change ».
« Les organisations de solidarité internationale écoutaient toujours ce que voulaient et disaient les ouvriers. C’était le plus important : il y avait une communication constante avec les ouvriers à travers SOKOWA », se réjouit Yannick Etienne citée dans Le Monde syndical.
Le syndicat de travailleurs de la zone franche de Ouanaminthe (SOKOWA, Nord-Est d’Haïti) est une association d’ouvriers de la Compagnie de Développement Industriel (CODEVI). Ayant pris naissance le 6 février 2004, ce syndicat a affronté plusieurs décisions de licenciements, de ses membres, prises par les resposanbles de la CODEVI.
Deux entreprises nord-américaines de prêt-à -porter présentes dans la zone, Sara Lee et Guindan Activewear, ont déjà fait part de leur intention de démarrer des unités de production dans plusieurs zones franches des entreprises dominicaines.
Ce qui, selon les responsables de ces entreprises, devrait contribuer à la création de plus de 9,000 nouveaux emplois à partir de janvier 2006. [do rc apr 6/12/05 13:30]