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Presse / Caraibe

La coopération régionale : un défi lancé lors du 26ème Congrès de l’UCPF

Par Nancy Roc

Soumis à AlterPresse le 4 décembre 2005

Du 23 au 28 novembre dernier, s’est tenu le 26ème Congrès de l’Union des Clubs de Presse de France et francophones (l’UCPF) à Cayenne. Sous le thème « Médias et coopération régionale », cet événement a été organisé par le Club de la Presse de Guyane, sous la houlette de son président M. Frantz Montoban, et a réuni plus d’une centaine de journalistes venus principalement de la Caraïbe (Haïti, Surinam, Guadeloupe, Martinique, Cuba, Guyana, Ste Lucie) mais aussi d’autres pays francophones parmi lesquels le Congo, la Belgique, le Canada et la France.

Ce Congrès a été une occasion unique pour les journalistes venus d’horizons divers de se rencontrer et de partager leur expérience mais aussi leur vision commune d’une coopération régionale. Dans ce sens, les divers ateliers ont permis aux confrères de mieux appréhender la réalité de chacun dans leur pays respectifs.

Lors de notre présentation le 24 novembre de la situation de la presse haïtienne sous Aristide, des collègues de la CARICOM se sont montrés très étonnés d’apprendre les pressions exercées par le pouvoir en place en Haïti à l’époque. De même que les confrères de Guyana ont révélé que la liberté de la presse était menacée dans leur pays alors que ceux du Surinam ont souligné qu’ils jouissaient sans doute de la presse la plus libre dans les Caraïbes. Ce fut donc une occasion unique pour les congressistes de véhiculer une meilleure information du public en faisant des échanges et en établissant un pont entre leurs médias respectifs.

Lors de la séance plénière du 25 novembre qui s’est tenue à la Chambre de commerce et d’Industrie de Cayenne sous le thème « Médias et coopération régionale : journalistes, acteurs des échanges pays-régions ? », les panélistes ont partagé leur vision d’une véritable coopération régionale et le défi que cette dernière constitue. Audrey Pulvar, présentatrice de France 3, a formulé le souhait de voir naître une véritable agence de presse caribéenne et regretté les difficultés et les échecs des agences créées dans le passé au sein de la Caraïbe. Nancy Roc de Radio Métropole a, de son côté, souligné que ce type d’agence dépendrait aussi de la volonté politique des pays de la CARICOM de la voir naître et de la nécessité des caribéens de cerner leur identité culturelle dans une Caraïbe divisée et multilingue. Vario Sérant, Directeur de l’Information de Télé Haïti [1] a, quant à lui, plaidé pour un minimum d’ordre et de convergence de vue dans le cadre d’une coopération régionale qui ne peut se faire sans que chaque pays fasse le ménage d’abord chez lui.

Cette séance plénière a également permis aux congressistes de découvrir que la coopération régionale n’était pas étrangère à la Guyane et au Brésil qui, à travers la signature d’un protocole d’accord entre les journalistes signé l’année dernière entre ces deux pays, s’est déjà établie. Ce dernier initié par Frantz Montoban, Président du Club de la Presse de Guyane a permis de rapprocher les journalistes guyanais de leurs confrères brésiliens de Macapà et d’amorcer une véritable coopération entre les confrères des états d’Amazonie. Ces derniers se sont donnés pour mission de véhiculer une meilleure information entre toutes les Guyanes et le Brésil pour, à travers une identité commune, coopérer dans un intérêt mutuel. Le présentateur de la chaîne brésilienne TV Tucuju a passionnément défendu la nécessité d’un renforcement de cette coopération régionale en démentant les assertions d’un journaliste surinamien soulignant l’inassimilabilité de la communauté brésilienne dans son pays, dans la mesure où cette dernière refuse de faire des concessions de langue et de mode de vie alors qu’elle l’exige de ses hôtes. « Il faut d’abord apprendre à mieux se connaître pour se comprendre », a plaidé le Brésilien Reginaldo Pinhero Borges en présence notamment de journalistes Français témoins des récentes manifestations à Paris dues au malaise des banlieues.

La Guyane, visage sud américain de la France, était l’hôte parfait pour ce Congrès. En effet, ce pays accueille une immigration multiple (Brésiliens, Chinois, Libanais et Haïtiens) et vit donc cette coopération régionale sur le terrain quotidiennement. Dans sa résolution finale, l’UCPF s’est notamment engagée à mener une action internationale renforcée en direction de territoires pertinents (Europe, Caraïbes, Amazonie, Méditerranée, Afrique). Cette action menée par les clubs ou groupements régionaux de clubs- ou l’UCPF en tant que telle- doit permettre à l’Union de mieux faire entendre sa voix dans le concert des associations de journalistes.


[1NDLR : Membre du Conseil de Gestion du Groupe Médialternatif et journaliste d’AlterPresse