P-au-P., 02 déc. 05 [AlterPresse] --- A la date du 2 décembre 2005, seulement 4 partis politiques sur un total de 30 ont fourni au Conseil Electoral Provisoire (CEP) une liste de 40,000 membres, accompagnés de leurs signatures, devant les habiliter à bénéficier d’une subvention de l’Etat haïtien pour financer leur campagne électorale.
L’annonce a été faite, au cours d’une conférence de Presse ce jeudi 2 décembre 2005, par le trésorier du CEP, François Benoît, qui indique qu’un 5e parti politique a remis 22,100 signatures.
L’Etat haïtien, par le biais du gouvernement provisoire, prévoit de financer, à hauteur de 155,000,000 de gourdes, la campagne électorale des partis et regroupements de partis politiques au cours des prochaines élections de 2006 (premier et second tour, des présidentielles et législatives, fixés aux 8 janvier et 15 février, municipales et locales pour le 15 mars 2005).
Des apports, estimés à 100 millions de gourdes, dont l’origine n’a pas été révélée à la presse, s’ajoutent au montant de 55 millions préalablement promis par le régime transitoire, a indiqué le trésorier de l’organisme électoral.
1,500,000 gourdes seront allouées aux partis répondant aux exigences du décret électoral. Ils pourront bénéficier d’une autre part, au cas où le montant n’est pas épuisé.
Le CEP envisage des compromis avec les partis politiques
Le décret électoral fait injonction aux regroupements et/ou partis politiques de soumettre, à l’organisme électoral, une liste de 40,000 électrices et électeurs avec leurs signatures, une lettre formelle de demande, ainsi que de présenter leur reconnaissance légale.
Ces regroupements et /ou partis politiques avaient un délai, jusqu’au 1er décembre 2005, pour remplir les formalités nécessaires exigées par le décret électoral afin de pouvoir être habilités à recevoir l’aide financière de l’Etat.
François Benoît souligne que le CEP entrera en compromis avec les partis n’ayant pas pu fournir les 40,000 signatures. Le CEP procédera par une méthode d’échantillonnage de 400 noms pour vérifier l’authenticité des signatures.
Avec 28 signatures non authentifiées, « des partis peuvent toujours recevoir leur financement du gouvernement, sous recommandation du CEP », précise Benoît.
« Au-delà de ce chiffre, tout parti sera exclu de l’allocation », conclut-il.
Renforcement du processus de distribution des cartes électorales
Par ailleurs, le CEP compte étendre la distribution des Cartes d’Identification Nationale (CIN) dans 25 nouvelles communes du pays.
« A partir de ce lundi 5 décembre 2005, 64 autres bureaux de livraison de cartes s’ajoutent aux 26 fonctionnels dans 8 départements géographiques du pays », prévient le porte parole de l’institution électorale, Stéphane Lacroix.
Les personnes, qui se sont inscrites entre avril et juillet 2005, pourront retirer leurs cartes de vote.
« Les départements de l’Ouest, du Nord, du Nord-Ouest, du Nord-Est, de l’Artibonite, du Sud, du Sud-Est et du Centre seront touchés par ces nouvelles mesures de redistribution des CIN », informe Lacroix.
Malgré les promesses du CEP et de la communauté internationale, des interrogations continuent de peser, chez diverses couches du pays, sur la possibilité, voire la capacité, pour l’institution électorale, de délivrer, avant les échéances des scrutins de 2006, l’ensemble des cartes d’identification nationale ou cartes électorales, au rythme "mesuré" avec lequel ces CIN sont distribuées à date, d’autant que l’impression de ces dernières est aussi faite à l’extérieur du pays.
Promesses renouvelées pour le respect des échéances de 2006
D’un autre coté, le CEP donne l’assurance que les élections auront lieu aux dates prévues dans le calendrier électoral.
« Les problèmes techniques sont résolus, et le premier tour du scrutin pour les présidentielles et législatives se réalisera le 8 janvier 2006 », confirme le directeur général de l’institution électorale Jacques Bernard.
L’impression des listes électorales d’Haïti confiée à l’OEA
En ce qui a trait à l’interdiction faite à la Junte Centrale Electorale de la République dominicaine d’imprimer « les listes électorales » pour les prochains scrutins de 2006 en Haïti, qui a fait un grand écho dans la Presse haïtienne et dominicaine le 1er décembre 2005, le directeur général du CEP a déclaré que « l’affaire est classée depuis deux semaines ».
La nouvelle de la demande, puis de l’interdiction, faite à la Junte Centrale Electorale dominicaine, d’imprimer les listes électorales d’ « un pays souverain » a été jugée « humiliante » et « scandaleuse » par des secteurs nationaux, joints par l’agence en ligne AlterPresse.
Ces secteurs se demandent pourquoi les imprimeries de la place n’ont pas été contactées là -dessus, comme cela a été le cas pour l’impression des bulletins de vote des prochains scrutins, qui a commencé à avoir lieu en territoire voisin, au moment où des signes de plus en plus clairs laissent transparaître, depuis mai 2005, une politique d’agression systématique envers les ressortissants haïtiens, dictée par les autorités du pays qui partage l’île avec la République d’Haïti.
L’impression des listes électorales a été confiée à l’Organisation des Etats Américains (OEA) qui dispose de 165 imprimantes pour traiter de la question, dit le directeur général du CEP.
A rappeler que l’OEA et d’autres institutions de la communauté internationale, comme la branche nationale du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), jouent tant un rôle de premier plan dans l’organisation du processus électoral, que des secteurs avisés de la communauté nationale n’hésitent pas à qualifier « cette collaboration » de « mainmise » et de « mise sous tutelle » du processus en cours depuis 2004 et « ayant engendré la paralysie des actions des administrateurs électoraux ».
Intégration des structures électorales et intégrité du processus
Le Conseil Electoral provisoire a, d’autre part, rencontré les responsables des Bureaux Electoraux Départementaux (BED) et ceux des Bureaux Electoraux Communaux (BEC), le 1er décembre 2005, en vue de « leur intégration dans le processus électoral ».
« Cette rencontre s’est tenue en présence des partenaires nationaux et internationaux : la Police Nationale d’Haïti (PNH), l’OEA, la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), le PNUD », informe Jacques Bernard.
« Cette journée de travail donne l’opportunité au CEP d’améliorer la collaboration sur le terrain entre les BED et BEC et les différents partenaires internationaux impliqués dans la gestion du processus électoral », avance le directeur général de l’institution électorale.
L’organisme électoral d’Haïti entend, par ainsi, « consolider, de manière durable, son leadership et assurer l’intégrité du processus », affirme Jacques Bernard. [lf rc apr 2/12/05 19:00]