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Haïti : " Des policiers sous les verrous, des bandits en liberté "

P-au-P, 23 novembre 05 [AlterPresse] --- Le responsable de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), l’inspecteur Michaà« l Lucius, a dénoncé ce mercredi 23 novembre 2005 les responsables de la justice qui libèrent des bandits "sans conditions", sans prendre le temps de conduire des investigations approfondies, alors que 2 hauts gradés de la police ainsi que des policiers se trouvent en prison.

« Il est anormal que les policiers qui risquent leur vie soient gardés en prison et que des bandits notoires soient en liberté » déplore l’inspecteur Lucius, au cours d’un point de presse de la Police Nationale d’Haïti, auquel a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

L’inspecteur Lucius a cité, en exemples, deux présumés bandits réputés dangereux, Rousse Jocelin alias "commissaire boulevard" et Jinel Joseph, arrêtés le 7 novembre 2005, dans le cadre de l’affaire de Martissant d’août dernier, et libérés 2 jours après par un juge d’instruction.

Ces deux présumés bandits font partie de l’armée « Ti machette », dont les membres avaient participé aux incidents de Martissant, affirme Lucius.

Ils auraient également participé aux massacres de « Cité de Dieu », selon ce qu’a fait savoir l’un des leurs appréhendé par la police, explique le responsable de la DCPJ.

Ils ont déjà tué deux personnes depuis leur libération, selon Lucius.

« Nous faisons des efforts surhumains pour arrêter les bandits et la justice les libère injustement » dit-il.

Le responsable de la DCPJ s’est déclaré indigner de voir des policiers qui croupissent en prison, tandis que "les voyous responsables de l’insécurité", impliqués dans des cas d’enlèvement, sont en liberté.

Michaà« l Lucius fustige aussi le comportement des juges qui libèrent ces présumés bandits sans jamais prendre la peine de contacter les policiers qui ont mené des enquêtes sur ces individus.

« Le juge doit écouter l’enquêteur pour les dossiers il ne peut pas libérer les personnes arrêtées sans entendre sa version », déclare-t-il

« La justice est là pour appliquer la loi et non pour la violer » poursuit-il.

Lucius affirme que ces genres de décision sont à la base de l’augmentation des cas de kidnapping, parce que les membres des gangs cherchent toujours de l’argent pour libérer leurs pairs, appréhendés par la police, en soudoyant certains juges.

« C’est l’une des raisons qui expliquent les cas de violation des droits humains et l’augmentation des cas de banditisme et de criminalité », soutient-il.

« Nous sommes découragés par ces manœuvres, mais nous continuons à faire notre travail », assure-t-il.

L’opération « bat ba », mise sur pied par la police récemment, a permis l’arrestation de 120 personnes. Parmi les personnes arrêtées, 65 ont été relâchées, indique le responsable de la DCPJ.

Des armes, dont 9 pistolets et 3 revolvers, 29 cartouches M14, 18 chargeurs, 40 cartouches M1 et 14 véhicules, des équipements et des matériels de police, ont été récupérés. Une quantité considérable de marijuana a été saisie également, selon Lucius. [jj rc apr 23/11/05 17 :30]