P-au-P, 21 nov. 05 [AlterPresse] --- La chanteuse ivoirienne, Dobet Gnahoré, a clôturé en douceur, le 19 novembre 2005, le Festival Voix et Percussions organisé par l’Institut Français d’Haïti, en partenariat avec l’Ambassade d’Allemagne et le Consulat Général de Suisse, a constaté AlterPresse.
Accompagnée par son mari Colin Laroche de Féline (guitare et voix), Mehrezy Nabil (basse, guitare et voix) et Laurent Rigaud, dit Samba (Percussions), Dobet Gnahoré a porté les mordus de la musique africaine en extase du début à la fin du Festival, qui sétait ouvert le 15 novembre.
A travers ses chansons, elle dénonce les manœuvres politiciennes en Afrique. Lassée des pratiques des politiciens africains, Dobet Gnahoré s’est plainte des guerres civilo-militaires ayant frappé son continent.
« Dites-leur que je suis fatiguée de ces politiciens, dites-leur, je suis vraiment fatiguée », chante-t-elle.
La bande à Gnahoré a exécuté environ 12 morceaux de presque toutes les variétés musicales africaine. Dobet s’est inspirée de ses ancêtres africains, dont la célèbre chanteuse sud-africaine, Myriam Makéba et le congolais Pascal Lokua Kanza, son « père de cœur ».
L’argent, Je suis fatiguée, Chansons pour ma mère, Pour les amoureux, Hommages aux femmes, sont entre autres les titres interprétés par la star africaine.
Chanteuse, percussionniste, comédienne et danseuse, Dobet Gnahoré a séduit les mélomanes haïtiens et étrangers, qui ont assisté au Festival Voix et Percussions, par sa présence scénique. De temps à autre, elle a été ovationnée par une foule debout.
Fille du maître percussionniste Boni Gnahoré, Dobet est formée au sein de la compagnie « Ki Yi Mbock » d’Abidjan, créée en 1985 et dirigée par Werewere Liking. Elle y rencontre Colin Laroche de Féline, guitariste français.
« A force d’écouter ma grand’mère qui chantait dans les funérailles et pendant les accouchements, j’ai fini par m’inspirer de ce qu’elle faisait, car elle était pleureuse », déclare Dobet Gnahoré dans une courte entrevue à AlterPresse.
Après un passage dans la troupe de danse « Tché Tché », elle part en France en 1999, poursuit son travail chorégraphique, écrit de nouvelles compositions, joue de la percussion et forme le duo "Ano Neko" (créons ensemble) avec Colin, raconte-t-elle.
De retour à Abidjan, en 2001, Gnahoré et Laroche participent au Marché des Arts du Spectacle Africain (MASA), attirent l’attention de la direction artistique de ce festival et enregistrent 8 titres.
Dobet chante en différentes langues africaines (bété, wolof, malinké pour ne citer que celles-là ). Elle chante aussi en français. A travers ses compositions, la négritude est retrouvée. L’Afrique se trouve au-devant de la scène.
« Quand j’étais en Côte d’Ivoire, je chantais des chants traditionnels, mais je ne connaissais pas les gammes, je ne savais pas chanter sur la guitare ; j’ai appris ça quand je suis arrivée en France, j’ai suivi des cours de jazz et de musique classique », précise-t-elle.
Pour l’année 2005, elle a déjà eu 75 prestations un peu partout à travers le monde. Après Haïti, sa prochaine destination sera Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire. Elle aura des tournées en Europe (France, Allemagne et Italie). Une prestation aux Etats-unis d’Amérique est aussi prévue dans son agenda.
Entre Haïti et la Côte d’Ivoire, il n’y a pas de différence si ce n’est la façon dont les Haïtiens parlent, estime Dobet Gnahoré. « Quand je suis arrivée ici (en Haïti), je me suis rendu compte que je suis dans mon pays, parce qu’il y a le parfum, les gens dans la rue, les maisons, les constructions, c’est comme si j’étais en Afrique », se réjouit-elle.
Durant son séjour dans le pays, l’artiste ivoirienne a animé des ateliers de travail à l’intention des jeunes talents haïtiens. Deux autres concerts ont été programmés dans son agenda : l’un au Cap-Haïtien (Nord d’Haïti) et l’autre dans la ville des Cayes (Sud).
La soirée du 19 novembre 2005 a été également marquée par la performance de deux autres formations musicales. Un premier groupe composé de deux Allemands : Christhophe Schumacher et Andreas Kappler n’a pas pu convaincre le public haïtien.
Andreas Kappler, dont le père est né à Port-au-Prince (Haïti) en 1931, arrivait quand même à s’imposer grâce à sa polyvalence. Il maîtrise parfaitement le tambour.
L’autre succès de la soirée était le groupe Aizan de Fabienne Denis.
En réponse à une demande formulée par le Directeur de l’Institut Français d’Haïti, Paul Elie Lévy, la bande à Dobet Gnahoré promet de revenir l’année prochaine en Haiti.
Lévy en a profité pour rappeler l’essence de ce Festival dont l’objectif était de rassembler des artistes européens, haïtiens et africains, autour des percussions et du chant dans le respect de la diversité des cultures.
« C’est pour nous le signe de la diversité culturelle, l’invitation à une artiste ivoirienne, trois Français, un Tunisien, deux Allemands et un Suisse à fêter avec nous », conclut Paul Elie Lévy. [do apr 21/11/05 11:00]