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FSM 2003 : un atelier sur "la dette de la France vis-à-vis d’Haiti"

Porto Alegre 25 janv. 03 [AlterPresse] --- "1804-2004 : la dette de la France vis-à -vis d’Haiti" a été le thème d’un atelier qui s’est deroulé ce 25 janvier à Porto Alegre, au Brésil, dans le cadre du Forum Social Mondial (FSM).

Cet espace de reflexion et de proposition, qui a attiré en particulier des Francais, Haitiens et autres caribéens, a été organisé par l’association francaise de solidarité France Amerique Latine (FAL).

"Plus qu’une dette, la France doit à Haiti des réparations", a declaré le Secrétaire Général de FAL, Fabien Cohen. Il a annoncé une serie d’initiatives en vue de sensibiliser l’opinion publique internationale sur "les dettes" de la France envers Haiti. Il a parlé d’efforts de mise en reseau des associations qui souhaitent s’impliquer dans la célébration du bicentenaire d’Haiti. Des propositions seront faites dans le cadre du prochain Forum Social Europeen, a poursuivi Fabien Cohen.

Le Secrétaire de France Amérique Latine veut eviter, a-t-il precise, la polarsation actuelle entre le pouvoir et l’opposition en Haiti. L’idée a été émise que des interlocuteurs pourraient être trouvés au niveau des mouvements sociaux.

Intervenant à cette rencontre, le professeur francais Christophe Wargny a mis en évidence "l’isolement d’Haiti et l’ocultation de son histoire". La révolution des esclaves en 1804 en Haiti, fait partie des trois révolutions les plus importantes de l’humanité, avec les révolutions francaises et américaines, a souligné Christophe Wargny, en ajoutant qu’"on a organisé l’oubli de la tierce révolution".

Entre-temps, en Haiti, "les élites ont assumé la reproduction du système", a-t-il poursuivi, et, selon lui, "le bicentenaire que préparent les autorités en place n’est autre que simplement le culte des grands ancêtres, comme une religion".

Christophe Wargny prône le remboursement par la France de la rancon d’un montant de 150 millions de Francs or qu’Haiti a ete contraint de verser à l’Etat francais, à partir de 1825, pour la reconnaissance de l’independance haitienne. En outre, Christophe Wargny a déclaré qu’a l’occasion des 200 ans d’Haiti, "la France doit sortir de son silence, car l’esclavage est un crime contre l’humanité".

Une demande formelle dans le sens de la "restitution du tribut versé", a été adressée par la député guyannaise Chrstiane Taubira, au Premier Ministre francais, Jean-Pierre Rafarin, le premier janvier 2003, jour anniversaire de là­ndependance d’Haiti. "Par ce geste accompli le jour où tous les Républicains du monde commémoreront le bicentenaire de la République d’Haïti, première République Noire au monde, la République française renouera avec ses ambitions universelles, porteuses du message de la Liberté, de la Justice et de la Fraternité", avait écrit la parlementaire.

Plusieurs Haitiens et autres caribéens ont pris part à l’atelier de Porto Alegre sur "la dette de la France vis-a-vis d’Haiti". Evoquant la difficile situation socio-économique et politique que vit actuellement le pays, Elvire Eugène, de l’Association des Femmes Soleil d’Haiti (AFASDA), s’est plainte du fait que, selon elle, le peuple haitien a été "abandonné".

D’autres participants haitiens ont mis en relief la logique manichéene qui domine dans la présentation de l’image d’Haiti : soit un "discours stéréotypé", soit un "discours carte postale à des fins de lobby", qui évite de tenir compte du processus haitien, intégrant les actions et propositions des mouvements sociaux et acteurs du développement.

Pour leur part, des Martiniquais se sont dits étonnés de voir à quel point même les pays de l’Amérique Latine n’évoquent pas Haiti, par exemple dans le cadre du Forum Social Mondial, alors que la "revolution haitienne a joué un role fondamental dans la l’emancipation des pays de la region". Ils ont annoncé la mise en oeuvre d’activités en Martinique pour marquer le bicentenaire d’Haiti. [gp apr 25/01/03 20:00]