P-au-P, 17 nov. 05 [AlterPresse] --- Les défis économiques qui attendent
les futures autorités haïtiennes sont multiples et des actions
concrètes, allant dans le sens des intérêts de tout un chacun, doivent
être menées à tous les niveaux, selon l’économiste Kesner Pharel.
Intervenant à l’occasion d’un dîner-conférence de la Chambre de commerce
haïtiano-américaine (AMCHAM), le spécialiste se prononce pour l’application
d’une politique économique qui répond aux exigences de la population
haïtienne.
La politique économique d’un gouvernement, c’est l’ensemble des mesures prises par l’Etat pour modifier l’affectation des ressources, réguler la conjoncture et redistribuer le revenu national. Kesner Pharel préconise donc des mesures de sécurité réelle qui garantiront les investissements dans le pays.
Selon le conférencier, l’économie nationale s’est anémiée durant ces
dernières années marquées par les turbulences politiques de toute sorte.
La pauvreté s’est accrue à un rythme plus rapide en Haïti que dans l’ensemble
des pays de l’Amérique latine et des Caraïbes.
Annuellement, le revenu per capita dans ce pays diminue en moyenne de
2,6%. Les gens s’appauvrissent de plus en plus. Et pour cette année, on
prévoit un taux d’inflation de 10%.
« Si un citoyen haïtien ne dispose pas de quarante gourdes (0, 95 dollar
américain) en poche, nous nous retrouvons dans une situation d’extrême
pauvreté. Il y a plus de quatre millions d’Haïtiens qui se retrouvent dans
cette situation aujourd’hui. 76% n’ont pas quatre-vingt gourdes (1, 90 dollar
américain) », déplore Kesner Pharel.
Le président du Group Croissance (institution d’étude et d’analyse
économique) affirme que les mesures de politique économique, fiscale,
monétaire, adoptées en Haïti durant ces cinq dernières années, ont donné
des résultats catastrophiques.
Pharel dit espérer que les partis politiques qui remporteront les
prochaines élections assureront une gestion saine de la chose publique en
initiant des programmes économiques efficaces. Sinon, prévoit-il, on
aura beaucoup plus de pauvres dans le pays. Et la pauvreté rend
l’économie moins compétitive.
L’économiste indique, par ailleurs, qu’on ne peut actuellement parler de
classes moyennes en Haïti. Les élites haïtiennes, morcelées durant ces
dernières années, agissent énormément sur l’économie nationale.
Kesner Pharel invite le secteur privé à ne pas encourager la main d’œuvre à bon marché dans le pays. Car, avance-t-il, cela peut nuire à la santé de l’économie.
L’intervenant au forum de la HAMCHAM plaide en faveur d’une stabilité
macroéconomique en Haïti qui, selon lui, peut freiner la course de la
dévalorisation de la gourde haïtienne.
« Un gouvernement qui veut réussir doit établir un environnement
macroéconomique sain, améliorer les conditions de vie des citoyens et
encourager la concurrence » sur le marché local, préconise Kesner
Pharel.
L’expert croit que le secteur des affaires a un rôle important à jouer dans la lutte pour le changement en Haïti. Il doit participer à des actions sociales aux côtés des autorités étatiques en aidant les couches les plus démunies.
Le budget national de l’exercice fiscale 2005 - 2006 est établi à trente-six
milliards de gourdes. De ce montant, environ dix-huit milliards de gourdes
sont consacrés au fonctionnement de l’administration publique. Le
reste est attribué à des tâches d’investissement.
Pharel est d’avis que « les futurs dirigeants d’Haïti auront de nombreux défis à relever avec ce budget » dont le volet investissement repose sur l’aide provenant de la communauté internationale. [do re gp apr 17/11/05 12 :00]