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Revendications diverses à l’ouverture du 3ème Forum Social Mondial

Porto Alegre 23 janv. 03 [AlterPresse] --- Le mouvement social mondial s’est exprimé dans toute sa diversité dans les rues de Porto Alegre, au sud du Brésil, à l’occasion de l’inauguration ce 23 janvier du troisième Forum Social Mondial (FSM). Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont pris part durant des heures à un défilé interminable en fin d’après-midi, en brandissant drapeaux, pancartes et banderoles, relayant des revendications multiples, notamment contre le militarisme et le néo-libéralisme.

Une ambiance de fête a régné tout au cours de la marche, ponctuée de musiques ancestrales latino américaines et de pas de danse. Des marionnettes géantes dominaient la foule, qui agitait des milliers de drapeaux. Etendards verts de l’organisation internationale paysanne Via Campesina, rouges du Parti Communiste brésilien, violets du Mouvement des Femmes Rurales, de la Marche Mondiale des Femmes, etc.

"Une culture de paix est possible", "un monde durable est possible", "stop Bush, oil war", sont parmi les slogans contre la guerre qu’on pouvait lire sur les banderoles déployées par des gens de tous ages et nationalités, débordant d’enthousiasme. D’autres slogans visaient directement les Accords de Libre Echanges des Amériques (ALCA ou ZLEA) : "souveraineté oui, ALCA non", "non a l’ALCA, non à l’impérialisme".

"L’union des peuples permet de lutter contre l’impérialisme, le néo-libéralisme et la guerre", a dit Nora Cortinas, une des responsables de l’association des Mères de la Place de Mai, qui faisait partie d’une délégation internationale et multiethnique, portant la banderole des instances du Forum, dont elle réaffirmait le slogan.

On a vu aussi des slogans a l’accent plus sectoriel, concernant par exemple l’education, la santé, les femmes, l’eau potable, etc. : "augmentation de salaire pour les professeurs", "la santé pour toutes et tous est possible", "non au machisme en Amerique Latine", "eau : droit humain", "l’eau n’est pas a vendre".

Si l’année dernière l’Argentine a été mise en relief dans le cadre de la marche, cette annee l’attention est portée sur le Brésil qui entre dans une nouvelle experience politique avec la recente prise de fonction du Président Inacio Lula da Silva. "Viva Brasil" lisait-on sur une pancarte, tandis que les lettres USA, sigle des Etats-Unis, étaient barrées d’une croix.

Le Chef de l’Etat brésilien est rentré dans la soirée à Porto Alegre pour prendre part au Forum. C’est la première fois qu’un président participera au FSM.

Le cas du Venezuela, où prédomine une situation de tension avec une grève de l’opposition qui dure depuis des semaines contre le pouvoir en place, a également été mis en exergue. En italien, on pouvait lire sur une banderole : "solidarité avec le Venezuela, contre le ’golpisme’ (pratique de coup d’état) de la droite et de l’impérialisme".

La marche a convergé vers l’immense amphithéâtre en plein air Po Do Sol où les marcheurs et marcheuses ont été gratifiés d’un spectacle culturel de grande facture. La manifestation a causé quelques bouchons sur certains artères. Un important dispositif de sécurité a été déployé par la police brésilienne qui a utilisé des chevaux. Deux avions et un hélicoptère survolaient le parcours de la marche. Aucun incident n’a été déploré.

Avant le défilé, une cérémonie avait eu lieu au centre universitaire PUC, avec la participation d’autorités brésiliennes, dont plusieurs ministres et le maire de Porto Alegre, Joao Verle. Les délégations américaine, palestinienne, israélienne et irakienne, exprimant leur position en faveur de la paix, se sont fait applaudir.

En marge de l’ouverture du troisième FSM, il a été confirmé que le quatrième aura lieu en Inde. Aucune date n’a encore été communiquée. Ce qui est certain c’est que les rencontres du FSM ne seront plus liés aux dates de rencontres du Forum Economique Mondial de Davos, en Suisse, où se retrouvent les grands décideurs de la planète.

De toute façon, une des questions qui s’imposent a la troisième édition du FSM est : comment continuer ? Les pressions sont multiples et vont dans tous les sens, apprend-t-on de source journalistique. Elles viendraient autant de secteurs politiques que d’organismes non gouvernementaux, au moment où le FSM doit affronter le défi de construire un réseau planétaire et définir un programme commun. [gp apr 23/01/03 23:00]