P-au-P, 7 nov. 05 [AlterPresse] --- Les enfants et les adolescents haïtiens se retrouvent, à l’heure actuelle, dans une situation d’extrême vulnérabilité face à diverses formes de violences dont ils font constamment l’objet, selon le constat dressé par le rapporteur sur la situation de l’enfance de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH), Paulo Sergio Pinheiro.
Le chef de la délégation de la CIDH, qui a séjourné en Haïti du 2 au 5 novembre 2005, déclare recevoir de nombreuses dénonciations relatives à ce sujet. Des cas d’assassinats, d’utilisation d’enfants par des bandes armées, de tortures, d’enlèvements, d’agressions, d’exploitation sexuelle et d’abandon ont été répertoriés.
La traite et le trafic d’enfants à travers la frontière haïtiano-dominicaine ainsi que d’autres châtiments corporels font partie des abus enregistrés.
Les émissaires latino-américains, qui ont visité Ouanaminthe (ville située à la frontière haïtiano-dominicaine), avancent un chiffre de 30.000 enfants trafiqués.
« La délégation exprime sa préoccupation suite aux graves dénonciations qu’elle a reçues concernant la traite et le trafic d’enfants et d’adolescents des deux sexes utilisés pour le travail domestique, l’exploitation sexuelle et autres occupations dégradantes », rapporte Paulo Sergio Pinheiro.
Le 12 octobre 2005, une fillette de nationalité haïtienne, prénommée Fernanda, a été portée disparue en République Dominicaine, a appris AlterPresse.
Cette situation met de plus en plus en péril la vie des enfants haïtiens au niveau de la zone frontalière où des organismes de droits humains dénoncent l’existence de réseaux de trafiquants d’enfants qui opèrent à longueur de journée.
Selon une étude de l’Unicef conduite par l’organisation Haïti Solidarité Internationale (HSI), entre 2.000 et 3.000 enfants haïtiens sont trafiqués annuellement vers la République Dominicaine. Le rapport de cette étude a été publié en 2003.
Dans son rapport, Sergio Pinheiro note que « le manque de services de santé, d’éducation, d’une alimentation suffisante et de protection est la condition dans laquelle vit une majorité d’enfants haïtiens ».
Le rapporteur de la CIDH promet de relever, dans un rapport à ses supérieurs, le problème d’actes de naissances auquel font face de nombreux enfants haïtiens.
« Ce n’est pas un problème d’Haïti puisque ça existe dans plusieurs pays. Mais on a noté qu’il y a un très grand nombre d’enfants qui n’ont pas d’actes de naissance », fait-il remarquer.
Par ailleurs, les membres de la délégation se disent préoccupés par l’existence de zones volatiles en Haïti, où des centaines de milliers de citoyens et de citoyennes, en majorité des enfants, vivent totalement sans défense, souffrant de violations de plus en plus importantes de leurs droits, incluant même le droit à la vie.
« On ne peut attendre la résolution des conflits politiques et sociaux complexes qui affligent Haïti pour prêter une attention sérieuse aux droits des enfants et des adolescents haïtiens », estime Paulo Sergio Pinheiro.
A son avis, il est important de tenir compte de la contribution que peut apporter la société civile organisée du pays pour enrayer ce phénomène.
Dans le cadre de cette visite, le rapporteur spécial de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme, qui est également expert indépendant des Nations Unies pour l’Etude mondiale sur la violence contre les enfants, était accompagné de la Conseillère régionale de l’Unicef pour la Protection des enfants en Amérique latine et dans la Caraïbe, Maràa Jésus Conde.
La pauvreté met en péril chacun des droits de l’enfant, l’empêchant d’acquérir ce dont il a besoin pour survivre, se développer et s’épanouir. Selon les Nations Unies, un milliard d’enfants vivent dans la pauvreté à travers le monde.
Lors du Sommet du Millénaire des Nations Unies, en 2000, les dirigeants des différents pays membres de l’ONU avaient adopté huit objectifs à atteindre en 2015 en vue d’améliorer la situation du monde et de ses enfants. [do gp apr 07/11/05 19 : 00]