P-au-P, 3 nov. 05 [AlterPresse] --- Les autorités intérimaires d’Haïti, de concert avec l’administration de la TELECO (compagnie téléphonique publique), ont déposé une plainte devant la cour fédérale de Miami contre l’ancien président Jean Bertrand Aristide et quelques anciens fonctionnaires de son régime, apprend-on ce 3 novembre de source officielle.
Durant la période 2001 à 2004, Aristide et ses complices auraient détourné des dizaines de millions de dollars du trésor public, selon le dossier de plainte, dont une copie est parvenue à AlterPresse. Une partie de ces fonds seraient transférés aux Etats-Unis d’Amérique.
Selon le document, Jean Bertrand Aristide aurait facilité l’intégration de ses acolytes à la TELECO en vue de mieux dilapider les caisses de l’entreprise. Les noms de Faubert Gustave (ancien ministre des finances), de Rodnée Deschineau (ancien responsable de la Banque Populaire Haïtienne-BPH) et de Lesly Lavelanet (beau-frère de l’épouse d’Aristide), figurent parmi les anciens dignitaires lavalas contre lesquels la plainte a été portée.
Outre le détournement des fonds de l’Etat haïtien, l’ancien président est accusé d’avoir encouragé le trafic de la drogue en Haïti durant son second mandat.
Des statistiques de l’administration américaine révèlent qu’environ un cinquième de la poudre blanche consommée aux Etats-Unis, en provenance des cartels colombiens, transitait par Haïti.
Plusieurs fonctionnaires de l’ancien régime Lavalas ainsi que des cadres de la police Nationale d’Haïti (PNH) sont détenus aux Etats-Unis pour leur implication dans le trafic des stupéfiants. Ces anciens alliés de l’ancien président haïtien ont eu à soutenir que ce dernier serait impliqué dans le trafic de la drogue.
L’homme d’affaires Jacques Beaudouin Ketant, condamné, il y a quelques mois, à 27 années de prison aux Etats-Unis et à payer une amende de 30 millions de dollars, avait soutenu que « Jean-Bertrand Aristide contrôlait 85% du trafic de la cocaïne en Haïti ».
L’avocat américain d’Aristide, Ira Kurzban, a toujours démenti les accusations portées contre l’ancien président Aristide eu égard à sa participation dans le commerce de la drogue en Haïti.
Depuis sa chute le 29 février 2004, Aristide vit en exil en Afrique du Sud avec sa femme, Mildred Trouillot Aristide et ses enfants. La semaine dernière, il avait reçu la visite du pasteur noir américain du black caucus, Jesse Jackson.
Le 11 novembre 2004, le Premier ministre Gérard Latortue avait affirmé passer des instructions formelles au ministre de la justice d’alors, Bernard Gousse, pour qu’un mandat international soit lancé contre Jean Bertrand Aristide « le plus rapidement possible ».
Gérard Latortue avait fait cette annonce à la faveur de l’installation d’une commission d’enquête administrative sur d’éventuels détournements de fonds du régime de Jean Bertrand Aristide pendant la période allant de 2001 à 2004.
Cette commission était présidée par l’ancien sénateur Paul Denis de l’Organisation du peuple en lutte (OPL), actuellement candidat à la présidence. [do gp apr 03/11/2005 16 : 50]