Les agitations sociales causees par la hausse spectaculaire des prix de l’essence perdurent. Le gouvernement a fait un pas en direction des distributeurs de produits petroliers en ignorant encore les revendications syndicales. Parviendra-t-il ainsi a calmer le jeu ?
HAà TI : LA TEMPERATURE SOCIALE TOUJOURS EN HAUSSE
Par Vario Sérant
Depuis le 1e janvier 2003, date de la hausse
spectaculaire des prix du carburant à la pompe, chaque semaine charrie
son
lot de griefs et d’événements à résonance sociale.
A l’issue d’âpres négociations ayant duré
environ
huit heures à la Primature, le gouvernement a réussi à arracher le 17
janvier de l’Association Nationale des Distributeurs de Produits
Pétroliers
(ANADIPP) un compromis qui ne fait que déplacer le problème en
direction
d’une autre catégorie de consommateurs, à savoir les entreprises qui
s’approvisionnent directement chez les compagnies pétrolières opérant
en
Haïti.
Les distributeurs pétroliers en sortent plus
ou
moins à bon compte avec une augmentation d’une gourde par gallon sur
les
deux gourdes supplémentaires de bénéfices qu’ils réclamaient, sans que
la
part du gouvernement en soit affectée.
Mais le plus dûr reste à faire : trouver une
entente avec le secteur syndical qui réclame que les prix de l’essence
soient ramenés à leur niveau d’avant le 1e janvier. Deux journées de
grève
des transports les 8 et 9 janvier relayées par deux autres journées de
débrayage au niveau de l’enseignement public les 10 et 11 janvier
témoignent
de l’ampleur de la grogne.
Au vu des positions exprimées de part et
d’autre,
les syndicats qui n’entendent pas démordre et le gouvernement qui
écarte
toute révision à la baisse, sauf en cas d’affaiblissement des cours du
brut
sur le marché international, on peut croire que l’agitation sociale a
encore
de beaux jours devant elle.
Par ailleurs, à l’Hopital de l’Université
d’Etat
d’Haïti, plusieurs rencontres des autorités sanitaires avec le
personnel
soignant et le personnel de soutien n’ont pas permis de rassurer ces
derniers qui ne se sont toujours pas remis de la rocambolesque journée
du 10
janvier.
Ce jour-là , des militants lavalas, venus
s’informer
de l’état de leurs partisans blessés lors d’affrontements entre
manifestants
pro et anti-Aristide, avaient investi l’hopital et provoqué une vive
panique. Au moins deux morts ont été enregistrés parmi les malades
suite à
ces événements. Des menaces de mort pèsent depuis sur plusieurs
médecins.
Grande frustration également au niveau de cent
quatre-vingt-quatre associations et institutions de douze secteurs
vitaux de
la société devant le mépris affiché par le gouvernement face aux
attentes de
la population exprimées dans le communiqué conjoint du 26 décembre.
Après
l’expiration le 15 janvier du moratoire donné au gouvernement pour un
début
d’application de sept recommandations essentielles liées à la
résolution 822
de l’OEA, le groupe des 184 devait annoncer de nouvelles dispositions
cette
semaine.
Une semaine qui sera ponctuée par des notes
nécrologiques avec notamment les obsèques mardi de Erick Pierre,
étudiant en
troisième année de médecine, assassiné le 7 janvier à Port-au-Prince
dans
des circonstances non élucidées, et ceux des trois frères assassinés
dans la
nuit du 7 au 8 décembre 2002 à Waney 89 (Carrefour).