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Haïti : Le Créole et son avenir

P-au-P, 26 oct. 05 [AlterPresse] --- « L’avenir du Créole dépend essentiellement de la participation active de chaque Haïtien dans la lutte visant la valorisation de cette langue parlée par les peuples des Caraïbes et de l’Océan Indien », déclare Joseph Georges, Directeur de Sosyete animasyon ak kominikasyon Sosyal (SAKS), en français Société d’Animation et de Communication Sociale.
Georges tire la sonnette d’alarme face aux menaces qui pèsent sur l’avenir de cette langue parlée par plus de 13 millions de personnes dans la région des Caraïbes. En Haïti, le phénomène de diglossie bat son plein, le Créole est totalement dominé par d’autres langues étrangères, soutient-il.

Le responsable du SAKS a fait ces déclarations à l’occasion d’un point de presse pour annoncer l’ouverture d’une série activités qui doivent marquer la célébration de la Journée Internationale du Créole. Cette journée a été adoptée le 28 octobre 1982 par les Etats des Caraïbes et de l’Océan Indien de concert avec l’Organisation des Nations Unies pour la Science et la Culture (UNESCO).
Une exposition d’ouvrages d’auteurs haïtiens et étrangers écrits sur la langue créole, de produits artisanaux, se tient au siège du SAKS, Port-au-Prince. Des conférences-débats avec des chercheurs, comme l’anthropologue Suze Mathieu, sont prévues. Une manifestation culturelle avec la participation de l’artiste Myrtho Casséus clôturera la journée du 28 octobre.

Parmi les ouvrages exposés, on retient Adjanoumelezo de Franck Etienne, « Dictionary of Haitian Creole Verbs » de Emmanuel Védrine, « Diksyonè sinonim Lang Ayisyen » de Joseph Prophète, « Fas doub Lanmò » de Bonel Auguste, TEKE de Maximilien Laroche, Français-Créole/Créole-Français de la traduction de Jean Pierre Arsaye, « Haitian Creole Now : A comprehensive Course » de Rodney Jean Louis, Langue Créole Universelle de Jean Targète, « Depi nan Ginen Nèg renmen Nèg : Kreyòl ak Demokrasi nan Peyi D Ayiti » de la professeure Suze Mathieu.
Ces activités se situent également dans le cadre du 13e anniversaire de la création de SAKS.
« Il y a 10 ans depuis que nous célébrons la Journée Internationale de la Langue Créole, nous sommes encore loin de notre tâche qui est de contraindre l’Etat haïtien à assumer ses responsabilités concernant le Créole », affirme Joseph Georges.

Le Directeur de SAKS dit constater que des efforts ont été consentis au niveau de certains responsables de l’Etat. Georges croit cependant qu’il reste beaucoup à faire. Car, a-t-il déploré, il n’est pas normal que le Français soit la langue dominante du pays.

« Au niveau des tribunaux, les jugements sont effectués dans une langue ignorée par les accusés, tandis que la majorité des Haïtiens ne parlent pas cette langue », dénonce le responsable de SAKS qui indique qu’aux Etats-Unis d’Amérique, les accusés sont toujours assistés par un traducteur.

D’autres activités sont prévues dans le cadre du 28 octobre. La Fondation Maurice Sixto organise une journée culturelle à Pétion-Ville avec la participation de l’anthropologue Suze Mathieu, Radio France Internationale fête le 20e anniversaire de sa section créole.

A Montréal, tout le mois d’octobre est consacré à la langue Créole. A la Dominique, des groupes musicaux, dont Djakout Mizik (Haïti), et d’autres artistes tels Monique Séka (Afrique) seront performés ce week-end.

En Haïti, la Secrétairerie d’Etat à l’alphabétisation a entamé, timidement, depuis bientôt trois semaines, une série d’activités de commémoration qui débouchera le jour du 28 octobre sur une table ronde au Musée du Panthéon National (MUPANAH). [do vs apr 26/10/05 17:45]