P-au-P., 26 oct. 05 [AlterPresse] --- Entre Gérard Latortue et le Conseil électoral provisoire (CEP), les violons ne semblent pas trop s’accorder sur le calendrier électoral.
Alors que le Premier ministre avait confirmé le 18 octobre dernier la tenue du premier tour des élections présidentielles et législatives à la mi-décembre, entre les 11 et 18 décembre plus précisément, le conseiller Patrick Féquière qualifie les propos du chef du gouvernement intérimaire de simples vœux.
S’exprimant devant un parterre de journalistes au siège central de l’organisme électoral, Féquière a fait savoir que la fixation de nouvelles dates doit être précédée d’un « tableau de bord ». Le CEP se donne jusqu’à la fin de cette semaine pour finaliser certaines mises en place avant d’annoncer un calendrier, si l’on en croit le conseiller électoral.
Autant dire que cette semaine est décisive pour la suite du processus électoral. Car le CEP doit également publier incessamment, ce 26 octobre ou au plus tard le 27 octobre, la liste définitive des candidats agréés à la présidence.
Les atermoiements caractérisant le processus électoral continuent de susciter des inquiétudes quant au respect de l’échéance constitutionnelle du 7 février 2006 pour la prestation de serment du futur président (élu).
Selon l’ancien président Leslie François Manigat, qui brigue un nouveau mandat, un certain secteur de la communauté internationale chercherait à torpiller le processus électoral pour présenter Haïti comme un pays en faillite et consacrer sa mise sous tutelle. Le dirigeant du RDNP, qui s’exprimait sur la station privée Radio Métropole, estime que la mise en œuvre de dispositions concourant au respect de l’échéance du 7 février relève d’une obligation civique.
Sur la liste définitive des candidats à la présidence agréés qui est très attendue figurera le nom du richissime homme d’affaires haïtiano-américain Dumarsais Siméus, annonce Patrick Féquière.
Lors d’un point de presse le 24 octobre à l’aéroport international Toussaint Louverture (de Port-au-Prince), le chef du gouvernement, sur un ton agacé, avait lâché que le dossier Siméus était une affaire classée. « Le candidat à la présidence, Dumarsais Siméus, ne pourra pas participer aux élections parce qu’il est détenteur d’un passeport américain ». Gérard Latortue a évoqué l’article 13 de la constitution haïtienne de 1987 qui stipule, noir sur blanc, que « la nationalité haïtienne se perd par la naturalisation acquise en pays étranger ».
« Il se prend pour le CEP ? », a lancé le 25 octobre le remuant conseiller électoral Patrick Féquière aux micros et caméras des journalistes, sans pour autant exprimer, à bien analyser ses propos, de désaccord, sur le fond, avec le Premier ministre haïtien.
« La liste comportera le nom de Dumarsais Mécène Siméus pour répondre à l’injonction de la Cour de cassation », a déclaré le conseiller tout en rappelant qu’il reviendra à la Commission d’Etat sur la nationalité des candidats - une institution récemment formée par le gouvernement de transition - de déterminer « les candidats ayant violé le principe de nationalité ».
Entre-temps, des candidats à la présidence, au sénat et à la députation font la queue au bureau central du CEP pour recevoir le formulaire préparé par la Commission d’Etat sur la nationalité (des candidats).
Dumarsais Mécène Siméus ne s’en émeut pas pour autant. « Comment pourrais-je me soumettre à quelque chose qui n’est ni constitutionnel ni légal ? ». Il a répondu ainsi à l’Agence France Presse qui lui demandait s’il était prêt à se soumettre « aux exigences du gouvernement qui demande à tous les candidats de remplir un formulaire sur leur nationalité ».
D’aucuns craignent que l’affaire Siméus replonge le pays dans une crise. Nombre des compétiteurs du candidat haïtiano-américain ne cessent d’appeler à son retrait de la course, lui rappelant qu’il peut être destitué s’il parvient à gagner les élections. [vs apr 26/10/05 14:25]