Par Djems Olivier
P-au-P, 25 oct. 05 [AlterPresse] --- Les violences enregistrées en Haïti depuis bientôt seize mois n’ont pas épargné les troupes onusiennes déployées dans le pays, constate AlterPresse.
Au 24 octobre 2005, 7 soldats de la Mission de Stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) ont déjà rendu l’âme. Ajoutés à ceux-là plusieurs blessés par balles, certains grièvement.
Les cas les plus récents sont ceux du caporal jordanien Mohammad Khalas et du sergent équatorien Olger Leonardo Alcocer.
Le 22 octobre 2005, le caporal jordanien a été grièvement blessé par balles au cours d’une opération à Cité Soleil, vaste bidonville situé au nord de Port-au-Prince. Mohammad Khalas, qui avait reçu une balle à la tete, est décédé des suites de ses blessures dans un hôpital à Santo Domingo (Est de l’Ile d’Haïti).
Quant au soldat équatorien, il s’était donné la mort le 11 octobre 2005 avec son arme.
Selon un communiqué de la MINUSTAH, « ce décès est survenu lorsque le soldat s’est mortellement blessé avec son arme dans sa cabine à 8 kilomètres du Cap-Haïtien. Le décès a été certifié par le chef médical du bataillon chilien, Juan Munoz Contreras, aux environs de 11h50 heures haïtiennes, soit 15h50 GMT ».
Les deux premiers morts dans les rangs de la MINUSTAH ont été enregistrés le 20 mars 2005 à l’occasion d’une opération d’envergure pour déloger des ex-militaires qui occupaient illégalement le commissariat de police de Petit-Goâve (ville située au sud de Port-au-Prince).
« Un Casque bleu du Sri Lanka et un autre du Népal ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions lors de deux incidents séparés, tandis que trois autres soldats du Sri Lanka ont été blessés », selon un communiqué des Nations Unies.
Le même jour, un autre soldat de l’ONU a été tué par balles à Terre-Rouge lors d’affrontements avec des militaires démobilisés des anciennes Forces Armées d’Haïti (FAD’H).
Après ces trois cas de meurtre enregistrés, les casques bleus n’ont pas cessé de faire, eux aussi, les frais des bandits armés qui opèrent à visière levée dans des quartiers volatiles de Port-au-Prince.
Toutefois, certains se donnent la mort soit en maniant maladroitement leurs armes, soit dans des accidents de la circulation.
A Cité Soleil, le soldat Antonio Gutamalac du contingent philippin des forces onusiennes a été tué par balles. Gutamalac avait reçu un projectile lors d’échanges de tirs avec des bandits armés. Le projectile avait traversé son casque de protection.
Un autre casque bleu, de nationalité Uruguayenne, s’était éteint à la suite d’un accident de voiture à St-Louis du Sud, à une vingtaine de kilomètres de la ville Cayes (au sud de Port-au-Prince). A l’occasion, cinq autres soldats uruguayens avaient été blessés.
Les troupes étrangères déployées dans le cadre de la Mission de paix de l’Onu en Haïti ont commencé à être victimes d’actes violents dans le pays en automne 2004, après le passage de la tempête tropicale Jeanne dans la ville des Gonaïves (Nord d’Haïti).
Le 9 octobre 2004, deux soldats argentins ont été blessés lors d’une fusillade qui avait opposé des rescapés du cyclone à des partisans de l’ancien président Jean Bertrand Aristide.
Le même jour, un casque bleu brésilien a été blessé dans le quartier chaud du Bel-Air (Centre de Port-au-Prince) à l’occasion d’une opération contre des partisans armés de l’ancien régime Lavalas qui terrorisaient la population.
La situation allait s’aggraver à Cité Soleil où les présumés bandits se sont retranchés depuis la mort de plusieurs des leurs dont « Dread Mackendy » dit « Dread Wilmé », « Dan Sere » et un autre chef de gang connu sous le pseudonyme de « Dom Laj » (Mon dos est large en français).
Le 16 juin 2005, 2 soldats péruviens de la force onusienne ont été blessés par balles, dont un grièvement, lors d’échanges de tirs à Cité Soleil. Un peu plus tard le 9 juin, un major bolivien et 4 civils haïtiens ont été touchés par balles dans ce même bidonville, peu après une visite à un hôpital de la Croix Rouge établie dans le quartier.
Le 22 juin de la même année, un militaire du bataillon brésilien avait reçu un projectile lui ayant causé une grave blessure au bras droit. Il avait été transporté en République Dominicaine après avoir reçu les premiers soins intensifs à l’hôpital argentin de la MINUSTAH.
Malgré tout, « La MINUSTAH reste déterminée à mettre en œuvre son mandat pour améliorer la situation sécuritaire au service de la poursuite du processus politique en cours », souligne un communiqué des Nations Unies publié après l’incident du 20 mars 2005 à Petit-Goâve et à Terre Rouge.
Au lendemain de la chute d’Aristide, plus de 3300 hommes ont été déployés dans le pays dans le cadre de la Force Multinationale Intérimaire en Haïti (FMIH).
Ce déploiement baptisé à l’époque : "Opération Protéger Demain" et conduit par les Etats-Unis avait pour mission de travailler au rétablissement de la paix et de la sécurité dans le pays livré aux pillards et aux brigands armés.
Le 1er juin 2004, la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti avait pris officiellement le relais du processus de maintien de la paix dans le pays. La cérémonie de passation d’autorité, entre la FMIH et la MINUSTAH, avait eu lieu en présence du général brésilien Augusto Heleno Ribeiro Pereira.
Heleno avait indiqué que « le désarmement est très important pour la sécurité de tous », tout en ajoutant que « le désarmement de l’esprit est plus important que le désarmement physique ». Ensuite, viendront, avait-il renchéri, « la fraternité et la volonté de construire ».
Jusqu’à présent, des armes de tout calibre sont en circulation dans le pays. Les élections sont pour bientôt. La recrudescence de l’insécurité est déjà annoncée eu égard aux différents cas d’enlèvements enregistrés ces dernières semaines.
La MINUSTAH va-t-elle gagner le pari de créer les conditions favorables à la tenue de ces élections ? [do vs apr 25/10/05 18:45]