P-au-P., 12 janv. 03 [AlterPresse] --- "La victoire de Lula au Brésil et la nouvelle conjoncture politique en Amérique Latine" a été au centre d’un débat, organisé par les Amis du Monde Diplomatique-Haïti (AMD-Haïti) le 11 janvier à la Faculté des Sciences Humaines de Port-au-Prince.
Environ 70 personnes, des professionnels, professeurs et étudiants ont pris part à cette rencontre d’information et d’échange sur les enjeux de la nouvelle situation politique au Brésil.
Ce pays constitue "un poids énorme dans la région", a déclaré l’économiste Camille Chalmers, qui introduisait les débats. En cinquante ans, on a assisté à une "transformation totale du Brésil", qui a été très en retard notamment en ce qui concerne son système politique, a dit Camille Chalmers. A partir des années 80, a-t-il poursuivi, il y a eu "un développement spectaculaire de la gauche".
Selon lui, l’arrivée au pouvoir du leader du Parti des Travailleurs (PT), se situe dans le cadre de l’émergence d’une "nouvelle pensée politique, une nouvelle formule d’organisation politique et une nouvelle forme de mobilisation".
En ce qui concerne le contexte régional, Camille Chalmers a fait remarqué que l’Amérique Latine est frappée de plein fouet par "la crise du capitalisme" et est soumise au nouvel élan guerrier de Washington, à travers "la remilitarisation". Cependant, parallèlement, a-t-il souligné, on observe dans la région "un rejet du néo-liberalisme".
Camille Chalmers considère que le nouveau pouvoir au Brésil pourrait contribuer à une meilleure perspective de développement du Marché Commun Sud américain (MERCOSUR) et remettre en question l’Accord de Libre Echange des Amériques (ZLEA).
Parmi les défis auxquels la nouvelle administration brésilienne aura à faire face, Camille Chalmers a souligné la "marge très étroite" que lui laisse les accords avec le Fond Monétaire International (FMI), la dette extérieure et les alliances électorales du PT.
Dans le cadre des débats, plusieurs personnes sont intervenues soit pour s’interroger sur l’expérience en cours au Brésil, soit pour la remettre en question soit pour apporter des informations supplémentaires. Une bonne partie des échanges a tourné sur l’orientation de Lula. Peut-il être véritablement considéré comme un leader de gauche, s’est demandé un jeune participant. Un autre, d’age mur, s’est plutôt questionné sur la nature du PT, sa ligne stratégique et tactique.
Le PT est un parti anti-néolibéral, mais non anti-capitaliste, a considéré un autre intervenant, qui a estimé que Lula fait partie d’une gauche démocratique. Il a pris note des engagements endossés solennellement par le nouveau Président de lutter contre la faim et d’entreprendre une reforme agraire.
D’autres intervenants ont montré la nécessité de ne pas être "figés" et d’appréhender les idées progressistes dans leur évolution. Il faut, a dit l’un d’entre eux, prendre en compte la dynamique des forces au Brésil et chercher à comprendre le processus en cours.
La deuxième partie de la rencontre a été consacrée à des informations sur les démarches de mise en place des AMD-Haïti. De nombreux participants ont exprimé leur intérêt pour cette initiative, qui se profile comme "un lieu de confrontations intellectuelles, participant au combat d’idées contre les dogmes dominants du néolibéralisme", et également un espace de participation "au développement et à la construction des idées fondatrices d’un ordre mondial plus juste". [gp apr 12/01/03 09:45]