Lettre/réponse de Chenet Jean-Baptiste [1], suite à la réaction de Fredler Breneville à son texte Cour de Cassation : un nouvel acteur politique entre en scène
Document soumis à AlterPresse le 17 octobre 2005
Bonjour Fredler,
Je viens, Cher ami, de prendre connaissance de tes réactions à propos de mon intervention à la FASCH. J’ai pris note de la rectification relative au nom de l’intéressé. Ce qui a été fait lors de l’exposé à la Faculté, malheureusement pas sur le texte dactylographié.
Certaines de tes remarques trouveront des réponses pertinentes dans ma deuxième intervention prévue pour mercredi qui sera consacrée à l’analyse même de l’arrêt. Je me limite pour l’instant à souligner 5 éléments :
1- Par probité intellectuelle, j’ai bien fait remarqué dans le texte de l’intervention que le texte intégral ne m’est pas encore accessible. Mais bien sûr, Fredler, j’ai donc lu les "Attendu..." de l’arrêt publiés par les journaux. Tu connais bien leur valeur dans une décision judiciaire. Un rappel à ton attention n’est pas nécessaire.
2- Tu parles des arguments soulevés (c’est-à -dire les moyens à l’appui du pourvoi) par les avocats de M. Siméus. Tu sembles oublier que les moyens d’un pourvoi sont loin de constituer des problèmes juridiques. Une partie espère un résultat, elle présente des arguments. Et c’est tout ! J’aborderai au plan du droit très largement cette question dans la seconde intervention.
3- Tu te fais siennes les explications avancées par le camp de M. Siméus que j’assimile à des lieux communs juridiques. Nous sommes en quelle matière, relevant de quel droit (public ou privé) ? La Cour de Cassation était-elle à la fois juge de droit et juge de fait ? Des formules passe-partout ne font guère avancer un débat juridique. Nous avons la responsabilité d’apprendre à nos étudiants à savoir poser les vraies questions et à déterminer les enjeux fondamentaux. Tel a été l’objectif de l’universitaire que je suis. Tu as bien vu que mon intervention se situe à un autre niveau du débat, ou mieux de l’agitation qui se fait autour du dossier. Mais tu n’es pas allé, Fredler, jusqu’au bout de ton raisonnement. Puisque tu n’as pas commenté véritablement les propos de l’intervention. Tu es bien vite retombé dans l’agitation passionnée autour du dossier.
4- Je regrette, Mon Cher ami, cette affaire est loin d’avoir le mérite de soulever le débat autour de la double nationalité. Une telle question n’est pas en débat. Et je ne prends pas évidemment position là -dessus. Pour l’instant bien entendu ! La question Fredler est celle de l’éligibilité de tout prétendant à la Magistrature Suprême de l’Etat qui se pose. Les lois haïtiennes, en la matière, sont claires. Je tenais dans ma première intervention à faire les prévisions pour prévenir ce que j’appelle les équivoques. Tu n’as à ce sujet rien mis en cause.
5- Je connais bien Fredler la diaspora haïtienne. Les candidats qui se sentent menacés par des éléments de cette diaspora, ça c’est leur affaire.Puisque moi, je me trouve à mille lieux de la cochonnerie politico-électorale haïtienne. Nous ne débattons pas là de l’intégration des compatriotes vivant à l’étranger. Nous analysons une affaire politique qui a pris un saupoudrage juridico-légal. Nous ne devons pas nous tromper d’objet dans le débat. La diaspora haïtienne a bien mieux à offrir au pays que le spectacle de basses manoeuvres ou de bradage de la souveraineté de notre Etat. Le pays est actuellement sous occupation. Nous ne voyons pas les bénéfices.
6- Quel peuple aura la possibilité d’exercer librement son choix dans un pays occupé. Tu veux rire, Fredler. Viens sur le terrain et tu te rendras compte comment le jeu électoral est pipé. Ainsi le veut l’occupant ! Les puissances étrangères n’ont-elles pas tout fait, tout essayé pour étouffer la voix du peuple au cours des 2 dernières décennies. Ce n’est pas avec l’affaire Siméus (pure créature d’un secteur de l’Administration Bush) qu’un virage s’amorcera. Le Gouvernement actuel, Fredler, est fondamentalement aux ordres des forces d’occupation. C’est la réalité objective !
Telles sont, mon ami, mes premières réactions à ta réponse. Tu recevras peut-être par la même voie le texte de ma seconde intervention consacrée à l’analyse de l’arrêt.
Bien à toi,
Chenet Jean-Baptiste
[1] Professeur à l’Université d’Etat d’Haiti Faculté des Sciences Humaines