Communiqué du GARR
Soumis à AlterPresse le 7 octobre 2005
Ceux et celles qui luttent pour la justice sont les vrais artisans de Paix et de Solidarité sur l’île
Le Groupe d’Appui aux Rapatriés et aux Réfugiés(GARR) salue la déclaration du porte-parole officiel de la présidence dominicaine, M. Rodriguez Marchena, qui affirme que la République Dominicaine n’encourage aucun mauvais traitement ni aucune discrimination à l’égard des ressortissants haïtiens qui se retrouvent sur son territoire.
Le GARR espère que cette déclaration de bonne intention se traduira par des mesures concrètes pour freiner l’action de ces groupes et individus qui s’arrogent, depuis un certain temps, le droit de s’attaquer à de paisibles personnes soupçonnées de citoyenneté haïtienne. En agissant ainsi, le gouvernement dominicain enverra un signal clair sur sa volonté de ne pas cautionner ces faits.
De son côté, le GARR continuera à œuvrer pour la Paix et la Justice dans les relations entre les deux pays en dénonçant les abus, en promouvant le respect mutuel et la solidarité. Nous ne pouvons nous taire quand une femme enceinte, au fort de la douleur de l’accouchement, est jetée à la frontière et donne naissance quelques minutes après, à un enfant ; quand un camion nous arrive remplis de blessés, qui sont des victimes d’agressions, et qui ont dû passer plusieurs jours en prison sans être soignés ; quand un enfant en bas âge est expulsé, séparé de ses parents ; quand un dominicain d’origine haïtienne, dont les grands-parents avaient émigré depuis plus de 25 à 30 ans, est basculé d’un jour à l’autre dans un pays où il ne connaît personne.
En dénonçant ces injustices, nous ne faisons qu’attirer l’attention des autorités des deux pays sur leur responsabilité d’agir pour éviter la répétition de ces atrocités qui mettent en péril tous les efforts de solidarité et de rapprochement que des organisations de la société civile des deux pays ne cessent de construire. C’est pour cette raison que régulièrement, le GARR collecte des informations et publie des rapports, des enquêtes, des notes de presse qu’il soumet à l’appréciation des autorités et des sociétés des deux pays. Parallèlement, au niveau de la frontière, nous investissons beaucoup dans le dialogue entre les autorités et les usagers qui vivent ou qui fréquentent cette zone afin de prévenir ou de gérer pacifiquement des conflits qui ne manquent pas.
Nous en avons pour preuve, l’intervention du comité des Droits Humains de Belladère encadré par le GARR qui a permis récemment la réouverture de la frontière Belladère/Elias Pinas fermé après l’assassinat d’un commerçant haïtien, les nombreuses réunions tenues à Anses-à -Pitres et à Pedernales pour prévenir des conflits entre haïtiens et dominicains dans une communauté frontalière ; la collaboration entre organisations de Savanette et de Hondovalle contre les vols de bétail qui constituent un fléau pour l’économie des paysans haïtiens et dominicains de la frontière. Pendant toute l’année 2004, le GARR a réalisé une série de rencontres entre policiers, militaires, juges, maires, agents douaniers, agents de l’immigration etc, haitiens et dominicains, autour de la problématique du Trafic et de la Traite de personnes entre les deux pays.
Le GARR salue le courage de certaines personnalités et organisations dominicaines qui, malgré les menaces et intimidations, continuent ce même travail pour que la Justice, la Paix et la Confiance puissent régner sur l’île. Il invite tous ceux et celles qui demeurent encore dans l’ombre à sortir de leur silence afin de se démarquer de ceux qui veulent projeter l’image que tous les dominicains et dominicaines cautionnent ces actes brutaux contre les immigrants haïtiens enregistrés au cours de ces cinq derniers mois.
Le GARR félicite les médias haïtiens et plusieurs secteurs de la vie nationale pour leur esprit d’ouverture par rapport aux relations haitiano-dominicaines. L’accueil favorable reçu par l’actuel ambassadeur dominicain, M. Jose Serulle Ramia, dans plusieurs espaces haïtiens pour faire la promotion de la République Dominicaine et celle d’un autre type de relations entre les deux pays, en est une preuve éloquente. Nous espérons que chez les voisins, Haïti bénéficiera de cette même sympathie, que l’apport des immigrants haïtiens à l’économie dominicaine sera valorisée, et que l’accent ne sera pas seulement et toujours mis sur les problèmes issus de cette migration.
Au GARR, nous croyons que l’amitié doit se construire sur la justice et le respect mutuel et nous encourageons tous ceux et toutes celles qui y croient à œuvrer en ce sens.
Le GARR est une plate-forme composée de neuf(9) organisations intéressées ou impliquées directement dans les questions de Droits Humains ou des relations Haitiano-Dominicaines. (Fin de texte, GARR 6 octobre 2005).
Port-au-Prince, 6 octobre 2005
Pour le Conseil d’Administration du GARR
Walther Wesser Voltaire
Trésorier
Jn. Francois Jn. Baptiste
Secrétaire
Père Yves Edmond
Membre
Tragélus Chérubin
Membre