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Haïti : Risque de paralysie des investissements au sein de l’Université d’État

P-au-P, 09 oct. 05 [AlterPresse] --- L’Université d’Etat d’Haïti (UEH) risque de ne pas pouvoir mettre en œuvre les plans arrêtés pour l’exercice 2005-2006, à cause de la réduction de moitié du budget d’investissements affectée à cette institution publique par les autorités financières intérimaires.

C’est l’inquiétude manifestée par le professeur Fritz Deshommes, Vice Recteur à la Recherche à l’UEH, dans une interview accordée à l’agence en ligne AlterPresse.

« C’est un budget qui limitera nos marges de manœuvre, car l’année dernière nous avons entamé un programme de financement des mémoires d’étudiants. Avec ce budget étriqué, ce programme pourrait ne pas suivre son cours », a déploré le professeur Deshommes.

La partie du budget national, attribuée à l’UEH à titre d’investissements (il s’agit bien du budget d’investissements) pour l’exercice fiscal 2005-2006, est réduite de moitié par rapport à l’exercice précédent, contrairement à l’erreur glissée au bulletin du 6 octobre d’AlterPresse, dans lequel le mot « investissements » n’était pas mentionné en titre.

Pour l’année académique 2005-2006, le Rectorat de l’Université d’Etat d’Haïti (RUEH) a déjà élaboré divers programmes, dont la mise sur pied des Editions de l’Université, les financements des mémoires de sortie et des recherches scientifiques sur la médecine traditionnelle et les énergies renouvelables, ainsi que le recrutement d’une cinquantaine de professeurs à plein temps.

« Nous avons des travaux de recherche à effectuer sur la médecine traditionnelle et les énergies renouvelables. Si les moyens nous manquent, nous ne pourrons pas avancer », craint l’économiste Fritz Deshommes.

Pour la réalisation de son mémoire de licence, l’étudiant haïtien a besoin d’au moins 50,000 gourdes pour bénéficier de l’encadrement d’un professeur. Le vice-recteur à la Recherche à l’UEH estime que les professeurs ne devraient pas exiger une somme aussi exorbitante pour assister un mémorand.

Voilà pourquoi, le Rectorat de l’Université d’Etat avait décidé de financer les mémoires de sortie. Deshommes pense que cette initiative, ayant déjà connu de nombreux succès, est à encourager.

« Nous avons mis sur pied un programme de financement des mémoires en donnant des primes d’encadrement à des professeurs, surtout les professeurs vacataires. Les étudiants, eux aussi, ont bénéficié d’une contribution financière leur permettant de faire des dépenses dérisoires », explique-t-il.

De l’avis de l’universitaire, le budget d’investissements alloué à l’Université d’Etat d’Haïti pour le nouvel exercice pourrait hypothéquer l’avancement de ce programme.

Le budget de l’Université d’Etat d’Haïti se subdivise en budget de fonctionnement et budget d’investissement. Ce dernier permet à l’UEH de financer des constructions et des programmes de recherches scientifiques.

Un nouveau bâtiment devant abriter l’Institut d’Etudes et de Recherches Africaines en Haïti (IERAH), une des entités de l’UEH, est en construction. Au Rectorat de l’UEH, des travaux sont en cours en vue de l’implantation d’un autre édifice devant accueillir des cadres et faciliter la recherche au sein de l’université. Pour éviter la cessation de ces travaux, le Rectorat de l’UEH promet d’intensifier des démarches auprès des autorités étatiques en vue de reconsidérer la modique partie du budget d’investissements prévue pour l’Université d’Etat.

D’un montant global de 36 milliards de gourdes, le budget national 2005 - 2006 d’Haïti consacre environ 18 milliards de gourdes au fonctionnement de l’administration publique et le reste à des tâches d’investissements.

Le 29 septembre 2005, le Premier Ministre Gérard Latortue et son Ministre de l’Economie et des Finances, Henri Bazin, s’étaient félicités de la publication du budget national. Arguant qu’aucun déficit n’est prévu, Latortue et Bazin avaient insisté sur le caractère équilibré de ce budget en termes de recettes et de dépenses. [do rc apr 09/10/2005 14 :30]