P-au-P., 31 déc. 02 [AlterPresse] --- L’année 2002 a vu l’échec de plusieurs initiatives destinées à résoudre la crise politique. Après de multiples entretiens infructueux avec les acteurs
politiques haïtiens, l’Organisation des Etats Américains est parvenue à conclure, le 4 mars, avec le gouvernement lavalas un accord prévoyant l’envoi en Haïti d’une mission spéciale devant contribuer au renforcement de la démocratie.
La résolution 806, qui prévoit cette mission, a également annoncé l’arrivée d’un groupe de juristes internationaux devant faire le jour sur les événements du 17 décembre 2001.
Dans son rapport rendu public le 6 juillet, la mission d’enquête a mis hors de cause l’opposition dans l’attaque contre le Palais National et réfuté la thèse de tentative de coup d’Etat que soutenait le gouvernement. Le rapport a par ailleurs fait état de la participation de plusieurs autorités dans la planification des actes de violence contre des locaux et résidences privées de leaders de l’opposition et cité les noms de plusieurs chefs de groupes dont Amiot Métayer ayant pris part personnellement à ces violences.
A la mi-juillet, le secrétaire général adjoint de l’OEA, Luigi Einaudi, est reparti pour Washington sans réussir à mettre autour d’une table les protagonistes. C’est la 24e mission de l’organisation hémisphérique dans le pays depuis les élections contestées de l’année 2000.
Le 4 septembre, L’OEA a paraphé avec l’Exécutif haïtien un autre document un autre document venant renforcer la résolution 806. Cette toute dernière, la 822, a avancé le 4 novembre comme date butoir pour mettre sur pied un Conseil Electoral Provisoire crédible qui devait organiser des élections législatives et locales anticipées en 2003.
Le rendez-vous du 4 novembre est raté. La Convergence Démocratique et le reste de l’opposition ont décliné l’honneur, arguant que le pouvoir lavalas n’a pas respecté les engagements qu’il avait pris dans la résolution 822, comme par exemple le démantèlement des divers gangs armés et l’arrestation des auteurs des actes de violence du 17 décembre cités nommément dans le
rapport de la commission d’investigation de l’OEA.
De leur côté, cinq entités de la société civile - l’église catholique, l’église protestante, l’église épiscopale, le secteur des affaires et celui des droits humains- ont soumis à l’exécutif, deux semaines après la date butoir du 4 novembre, les noms de leurs représentants, tout en enjoignant
ces derniers à ne pas prendre investiture pas avant que le gouvernement n’adopte des dispositions concrètes destinées à créer dans le pays un climat de confiance propice à la tenues d’élections.
Après le 4 novembre, l’opposition est arrivée à la conclusion qu’aucune négociation sérieuse n’était possible avec lavalas et a déclenché par conséquent une grande mobilisation anti-Aristide.
Le 17 novembre, une manifestation pour réclamer le départ du pouvoir du Président Aristide a réuni plusieurs milliers de personnes, soixante mille selon les organisateurs, au Cap-Haïtien, deuxième ville du pays, sous l’égide de l’Initiative Citoyenne.
Le 18 novembre, à l’occasion de l’anniversaire de la Bataille de Vertières, le président Jean Bertrand Aristide a prononcé une vive diatribe contre l’opposition et certaines puissances étrangères qui complotent, selon lui, contre son régime.
Face à la montée de la mobilisation anti-lavalas à Port-au-Prince et dans diverses villes de province, divers groupes lavalas ont barricadé la capitale le 22 novembre en signe de soutien au président Aristide. Tous les secteurs d’activités sont paralysés.
La contestation n’a pas cessé pour autant. Il faut dire aussi que dans divers endroits, les partisans du chef de l’Etat ont également manifesté en sa faveur. Plusieurs hauts dirigeants lavalas- ministres, députés et sénateurs contestés, délégués, etc- se sont joints à plusieurs de ces
manifestations.
Le plus récent événement ayant montré l’état des rapports entre le pouvoir lavalas et divers secteurs de la société a été la marche du 3 décembre lancée par l’opposition, le patronat et une vingtaine d’organisations de la société civile. Les partisans d’Aristide ont étouffé dans l’ouf cette marche à l’aide de fouets (rigwaz), de pierres et de sachets d’urine, sous les regards de la police.
Le même jour, divers groupes lavalas ont fait irruption dans diverses unités de l’Université d’Etat d’Haïti et molesté plusieurs étudiants du fait que ces établissements étaient drapés d’un tissu noir en signe de deuil par rapport à la mauvaise gestion du pays. Plusieurs policiers ont participé
aux mauvais traitements.
Le 4 décembre, un mot d’ordre de grève lancé par les organisateurs de la marche du 3 décembre, en signe de protestation contre les violences de la veille, est partiellement suivi à Port-au-Prince.
Le même jour, dans un discours fleuve, dans le sud du pays, le chef de l’Etat a remis sur le tapis la question de couleur entre noirs et mulatres et celle de la lutte des classes. « S’ils ne m’aiment pas. C’est parce que j’ai les cheveux crépus comme vous. C’est parce que j’ai la même couleur de
peau que vous ». Jean Bertrand Aristide tenait ses propos en compagnie de son épouse au teint clair. Diverses voix se sont élevées au niveau de l’opposition et de la socité civile pour condamner de tels propos jugés anachroniques.
Le 20 décembre, le gouvernement lavalas a décidé, par l’entremise de la Secrétairerie d’Etat à la Sécurité Publique, d’interdire jusqu’au 8 janvier toute manifestation à caractère politique. Le pouvoir a parlé de trêve de fin d’année. Cependant, l’opposition et plusieurs hommes de loi ont assimilé une telle décision à une sorte de mise en veilleuse de la constitution. [vs apr 31/12/02 15:00]