P-au-P, 7 oct. 05 [AlterPresse] --- Plus de 200 Haïtiens ont été tués en République Dominicaine, durant l’année 2005, à la suite d’actes violents perpétrés par des Dominicains, selon un bilan fourni par Didier Dominique, de l’organisation Batay Ouvriye.
Intervenant dans le cadre d’un débat organisé le 5 octobre à Port-au-Prince par des mouvements sociaux, Dominique affirme que la majorité des victimes sont des ouvriers illégaux qui ont quitté Haïti à la recherche de moyens de subsistance.
Didier Dominique pointe du doigt des éléments de la bourgeoisie des deux pays, qui sont, selon lui, « complices dans l’exécution de ces compatriotes ».
Selon le militant, une campagne idéologique contre Haïti est en cours en République voisine. Par cette stratégie, les idéologues dominicains entendent préparer l’opinion publique sur un troisième massacre des Haïtiens de l’autre côté de la frontière.
Didier Dominique rappelle que près de 30.000 Haïtiens ont été massacrés en République Dominicaine en 1937. Un deuxième massacre a eu lieu en 1962, sous la dictature de Trujillo avec la complicité du dictateur haïtien, François Duvalier, afirme-t-il.
A la base de cette tuerie, explique Dominique, un groupe d’habitants (Dominicains et Haïtiens) qui luttaient pour l’indépendance de cette zone attenante du Plateau Central (partie centre d’Haïti). Les militaires dominicains se joignirent avec leurs homologues haïtiens et bombardèrent toute la zone.
D’autre part, Didier Dominique dénonce les conditions d’embauche et de travail des ouvriers haitiens en territoire voisin. Les entrepreneurs dominicains signent avec eux des contrats de 15 jours. Après deux quinzaines, ces ouvriers ont toutes les peines du monde pour percevoir leur misérable salaire, déclare Dominique.
Le plus souvent, ajoute-t-il, ces ouvriers se regroupent pour réclamer leurs salaires. Devant la mobilisation de ces Haïtiens, les responsables d’entreprises dominicaines font appel aux autorités de la migration dans l’objectif de les expulser.
Dominique met aussi l’accent sur la création de zones franches à la Frontière haïtiano-dominicaine. Selon lui, les Dominicains veulent implanter 14 zones franches dans cette section de l’Ile Quisquéya. De plus, il y a une présence constante des militaires dominicains dans cette région.
Dans un rapport transmis à AlterPresse, le 26 août 2005, le Service Jésuite aux Réfugiés et Migrants (SJRM) a exprimé ses préoccupations face à la montée vertigineuse des actes violents contre les Haïtiens en République Dominicaine.
Le SJRM précise que les cris des Dominicaines et Dominicains sont unanimes. « Nous ne voulons plus d’Haïtiennes et d’Haïtiens entre nous ! ». Le Service Jésuite estime que ces Haïtiennes et Haïtiens qui vivaient dans ces communautés sont bien obligés de prendre le maquis tout en abandonnant leurs biens et propriétés. [do apr 07/10/05 11 : 00]