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Les ressortissants haïtiens encore pourchassés en République Dominicaine

P-au-P., 27 septembre 05 [AlterPresse] --- Un groupe de ressortissants haïtiens, victimes d’actes d’agression sur le territoire dominicain, a fait état, le 27 septembre 2005, d’une intensification des actes d’agression de l’autre côté de la frontière, malgré les professions de foi des autorités voisines indiquant avoir pris des dispositions pour faire cesser les violations des droits des compatriotes résidant là -bas.

Blessés pour la plupart à l’arme blanche, ces Haïtiens, soignés à Port-au-Prince depuis environ une semaine, portaient visiblement des traces de coups et de blessures sur leurs corps. Encore sous le choc des assauts subis, ils ont conté leur désarroi au cours des événements enregistrés le 15 septembre dernier.

« Les dominicains ont détruit nos maisons et ils nous ont poursuivi avec des machettes, des pioches et des couteaux avec l’intention de nous tuer. Ils nous ont blessés et volé tout ce que nous avons acquis à la sueur de nos fronts », a expliqué l’un d’entre eux au cours d’une rencontre avec la presse dans la capitale haïtienne tenue sous les auspices du Groupe d’Appui aux Réfugiés et Rapatriés (GARR).

Les Haïtiens ne seraient en sécurité nulle part en République Dominicaine. La police dominicaine fait la chasse aux Haïtiens blessés et qui se rendent à l’hôpital pour se faire soigner, la police met en prison ces personnes blessées avant de les expulser ensuite sur le territoire voisin.

« J’ai été à l’hôpital quand ils m’ont arrêté. Les policiers savaient que je pouvais identifier ceux qui m’avaient attaqué et ils m’ont mis en prison où j’ai passé 6 jours avant ma déportation », a confié l’une des victimes signalant avoir constaté les corps sans vie de deux personnes parmi les ressortissants haïtiens attaqués par des ressortissants dominicains.

En plus des agressions de policiers, les haïtiens, qui ont été emprisonnés après leur arrestation dans des hôpitaux, sont aussi l’objet de sévices de la part de prisonniers dominicains.

« Nous avons passé, mes compatriotes et moi, 6 jours en prison sans prendre de bain. On ne nous a donné ni à manger ni à boire », a-t-il ajouté.

Les blessés, présentés à la Presse le 27 septembre, font partie d’un groupe de 49 jeunes garçons accueillis par le GARR à Belladère (frontière voisine avec Carrizal, localité de Elias Pina) le mercredi 21 septembre à 5 :00 AM. 

Parmi les 49, le GARR a dénombré 16 blessés graves, tous des jeunes attaqués chez eux par des ressortissants dominicains le 15 septembre 2005 à 2 :00 AM dans la localité de Baralo.

Dans la foulée, le jeudi 22 septembre, le GARR a reçu à Belladère un autre groupe de 120 ressortissants haïtiens, dont 5 femmes et un enfant de 2 ans.

« Le rapatriement de nuit est contraire au protocole signé entre les deux pays sous l’administration de René Préval en décembre 1999, stipulant l’interdiction des rapatriements massifs et aussi à des heures indues », a rappelé Antonal Mortimé, un des animateurs sociaux du GARR, une plate-forme d’organisations oeuvrant en faveur de la promotion des droits de ressortissants haïtiens en République Dominicaine.

Mortimé a stigmatisé la politique, appliquée actuellement de l’autre côté de l’île, qui encourage une intensification, progressive, d’actes d’agressions et une augmentation de rapatriements massifs accompagnés de violences à l’encontre de ressortissants haïtiens.

En pillant et vandalisant les biens et commerces des ressortissants haïtiens au moment des intrusions violentes dans les domiciles de ces derniers, les dominicains sont en train de violer les droits civils et politiques des ressortissants haïtiens, y compris leurs droits économiques, a déploré le GARR.

« Le fait qu’on ne laisse pas aux gens le temps de récupérer leurs biens constitue une violation de leurs droits économiques ».

La plateforme GARR a profité de la rencontre du 27 septembre avec la Presse pour, à nouveau, demander aux autorités nationales de prendre des mesures à travers le consulat d’Haïti en République Dominicaine en vue de protéger les compatriotes, objet de toutes sortes de persécutions de la part des dominicains.

Le GARR suggère, d’autre part, l’implantation de structures d’accueil aux différents points frontaliers communs entre les deux pays, à travers des instances de l’Etat, comme l’Office National de la Migration (ONM), dans la perspective d’accueillir, dans la dignité, les ressortissants haïtiens pourchassés en république voisine. [jj rc apr 27/09/2005 19:00]