P-au-P., 25 déc. 02 [AlterPresse] --- Chansons traditionnelles à la radio, spectacles culturels annoncés, foires, ventes signatures d’ouvrages et de disques, décoration de certaines devantures de magasins et bureaux publics, bruits de pétards, feux d’artifice, mais aussi longes files de voitures dans les pompes à essence et black-out dans plusieurs quartiers… : Cette année la célébration de Noel en Haïti ne représente qu’une formalité. "La fête n’est pas belle", disent les Haïtiens.
Cette période surprend les Haitiens dans une ambiance politique de plus en plus polarisée et une atmosphère socio-économique des plus moroses. Cependant nombreux sont ceux qui ont tenu à la marquer, d’une manière ou d’une autre, en s’offrant une soirée en famille, une messe, un culte, une promenade sur les places publiques ou en prenant part à des activités socio-culturelles gratuites. Ils s’accordent un moment pour oublier, a fait remarquer un commentateur de radio.
Aucune trêve n’a été réellement observée entre les acteurs politiques et ce 24 décembre encore, les uns s’en prenaient aux autres par médias interposés. Le communiqué du gouvernement demandant entre le 20 décembre et le 8 janvier "une trêve" que la police est chargée de faire respecter, n’a donc pas eu l’effet escompté. Sauf que, sur cette base, la police a dispersé le 22 décembre une manifestation anti-gouvernementale au Cap Haïtien (Nord).
Ces derniers jours la tension a même monté d’un cran dans le département du Plateau Central (Est), avec la présence d’opposants armés dans la région, selon des informations rapportées par des correspondants de presse. La police a annoncé en début de semaine avoir chassé ce groupe d’individus, présentés comme des anciens militaires hostiles au Président Jean-Bertrand Aristide. Aucun d’entre eux n’a été capturé, mais plusieurs maisons paysannes ont été incendiées et des arrestations effectuées.
La Coalition d’opposition Convergence Démocratique a exprimé des craintes que cette opération ne soit "un nouveau montage" du pouvoir pour discréditer ses adversaires et réprimer la population, ont fait savoir en substance plusieurs dirigeants.
Durant la période des fêtes de fin d’année, cette impasse politique interpelle plusieurs secteurs, dont 7 ONG internationales oeuvrant en Haïti, qui poussent un cri d’alarme a propos de la gravite de la situation générale. "Nous pouvons attester des effets négatifs de cette crise grandissante", déclarent Christian Aid, Action Aid, Oxfam GB, Oxfam Quebec, Intermon Oxfam, Federation Lutherienne Mondiale et Cohan BRD. Dans leur communiqué émis le 23 décembre, elles souhaitent de la part des acteurs politiques la mise en place rapide de pistes de solutions basées sur les intérêts stratégiques de la population.
Dans un message de noà« l, la Conférence Episcopale, plus haute instance de l’église catholique en Haïti, a elle aussi dresse un sombre tableau de la situation. "Construire la paix et la réconciliation est donc non seulement une nécessité, mais aussi un défi", ont affirmé les Evêques.
Dans plusieurs stations de radio, un spot de vœux du Premier Ministre Yvon Neptune est diffusé. Le Chef du gouvernement met l’accent sur la "solidarité et le partage", thème retenu officiellement pour la saison. La Première Dame Mildred Trouillot a distribué des jouets à des enfants démunis.
L’administration lavalas a fait savoir que des millions de Gourdes sont allouées à des activités socio-culturelles à travers les principales villes, communes et quartiers du pays. Ces activités, destinées à "renforcer la cohésion" au sein de la population, sont placées sous le patronage de Aristide.
Au plan économique, les commerçants se plaignent du ralentissement des affaires. Malgré l’effort d’investissement pour rendre attrayant les étalages, malgré les offres promotionnelles, les acheteurs sont peu nombreux. Les rares clients n’entrent dans les magasins que pour demander les prix de produits qu’ils ne peuvent acheter, a indiqué un Directeur de vente au quotidien Le Nouvelliste.
Le coût de la vie n’a cessé de grimper durant les dernières années, avec un bond spectaculaire en novembre lorsque le Dollar est passé brusquement de 27 à 40 Gourdes. Actuellement le billet vert est coté a 38 Gourdes.
Une pénurie d’essence contribue à alourdir l’atmosphère. Depuis la fin de la semaine dernière le gasoil a commencé à manquer dans les pompes à essence et la situation s’est aggravée durant les dernières 24 heures, créant une certaine panique parmi les consommateurs. De longues files de voitures ont été observées aux abords des stations services.
Cette situation serait due, selon les autorités, à la longue grève dans le secteurs pétrolier au Venezuela. Les responsables ont promis qu’un approvisionnement serait effectué d’ici le 28 décembre.
L’autre dossier brûlant qui empoisonne l’ambiance des fêtes est l’insécurité qui revient en force, avec plusieurs cambriolages ces derniers jours à la capitale, faisant au moins trois mort. Les récents cas de disparitions et d’exécutions sommaires continuent également de troubler les esprits.
Les turbulences politiques, les problèmes économiques et sociaux, ne laissent aucune place a un débat réel autour de la célébration du bicentenaire de l’indépendance du pays en janvier 2004. D’ailleurs, le nouvel an 2003 devra déjà marquer le 200ème anniversaire de la création du drapeau Haïtien. [gp apr 25/12/02 00:30]
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