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" Haïti, un certain bord de mer "

P-au-P., 23 sept. 05 [AlterPresse] --- Les salles de cinéma en France accueilleront, à partir du 25 septembre 2005, la projection d’un documentaire de 52’ sur Haïti intitulé : « Haïti, un certain bord de mer », réalisé par Mario Delatour en partenariat avec le « Collectif 2004 Images », indique un communiqué transmis à AlterPresse.

Mûri de recherches effectuées auprès des familles haïtiennes, ce court métrage sur les immigrés dans le pays ambitionne d’exhiber les disparités, les inégalités qui secouent la société, ainsi que la situation de misère dans laquelle croupit une grande majorité de la population de cette république caraïbe.

Après un siècle et demi dans le pays, cette communauté, qui constitue une partie de l’élite économique haïtienne, composée, entre autres, d’immigrants étrangers arabes (syriens, libanais, palestiniens, marocains, égyptiens), reste attachée à sa culture d’origine, en dépit d’un profond attachement au pays d’accueil, selon les résultats de recherches dans des archives familiales et d’entretiens avec des personnes de divers horizons.

« Proches du peuple, honnis par les élites, ces citoyens ont été longtemps tenus à l’écart de la vie politique du pays. Ce n’est qu’à l’avènement au pouvoir de François Duvalier qui vit en eux de potentiels alliés, qu’ils firent leurs premiers pas dans ce domaine », a précisé le communiqué parvenu à AlterPresse.

« Leurs descendants sont aujourd’hui propriétaires d’une bonne partie des entreprises du pays et pratiquent des professions libérales. Victimes d’une discrimination alimentée par les gros négociants de l’époque qui craignaient la concurrence, ils persévérèrent malgré les lois et mesures prises à leur encontre par les divers gouvernements de l’époque ».

Les réalisateurs de « Haïti, un certain bord de mer » ont mis en exergue l’éclatement des structures sociales de « cette ancienne colonie française naguère la plus prospère de la région », qui a mené à son actuel état de délabrement et de misère, en présence de cette catégorie, remarquable et remarquée sur la scène politique ces dernières années dans le pays.

« De nos jours, l’intégration est indubitable, néanmoins ce groupe demeure la cible de certains politiciens en quête d’un bouc émissaire ».

A Port-au-Prince, le bord de mer est considéré comme le lieu de négoces de nombreux immigrés devenus, progressivement, de grands commerçants, s’adonnant à la vente de tissus, de produits alimentaires et électroménagers, de chaussures, de cosmétiques et d’autres biens essentiels. Au fur et à mesure, ils ont fait fructifier leurs commerces et se sont aussi installés dans les villes de province.

Ces commerçants, qui débarquèrent au pays vers les années 1880, portant sur leurs épaules des caisses de marchandises légères, ont légué des fortunes considérables à leurs descendants.

Ces derniers, propriétaires de bon nombre d’entreprises aujourd’hui en Haïti, participent « activement à l’économie et font aujourd’hui de grandes avancées dans les milieux politiques d’une Haïti combien différente », relèvent les organisateurs de la projection prévue du documentaire.

Produit par Amistad Films et Haïti / Kracowska et monté par Charlotte Teillard D’Eyry, « Haïti, un certain bord de mer » a bénéficié de l’apport de plusieurs professionnels haïtiens, dont Rachèle Magloire (à la caméra) et Carlo Télasco (à la prise de son). [lf rc apr 23/09/2005 17:30]