P-au-P, 21 sept. 05 [AlterPresse] --- Les funérailles du prêtre catholique romain Max Dominique, décédé des suites d’une cirrhose du foie le 17 septembre 2005 à Port-au-Prince, à l’âge de 65 ans, seront chantées dans le courant de cette semaine, selon les informations parvenues à AlterPresse.
Le défunt Max Dominique a marqué son ministère, au sein de l’église catholique romaine, par des sermons très incisifs sur les réalités nationales et le mouvement démocratique, dont il a réclamé sans cesse, de son vivant, des transformations structurelles pertinentes et respectueuses des desiderata des couches les plus pauvres.
Celles et ceux qui l’ont côtoyé ont témoigné de l’attitude de "réflexion profonde" et de beaucoup de perspicacité révélées naturellement par le père Max Dominique, dans ses échanges avec les autres.
Né à Port-au-Prince, le 24 avril 1940, Max Dominique a fait des études de théologie à Rome (Italie), et de Lettres à Paris à et à Strasbourg (France).
Enseignant au Petit Séminaire Collège Saint Martial, dont il sera le Directeur général, le père Dominique a été exilé le 15 août 1969 par le régime dictatorial de François Duvalier en compagnie de huit autres prêtres de l’église catholique romaine de la Congrégation du Saint-Esprit en Haïti, dont feu Père Antoine Adrien (décédé à 81 ans le 12 mai 2003) et d’un laïc engagé.
Durant son exil, de 1969 à 1986, il a enseigné en République Centrafricaine, séjourné au Canada dans les années 1970 et participé à la fondation du Bureau de la Communauté chrétienne des Haïtiens de Montréal. Il a également travaillé dans l’animation pastorale au niveau de la communauté haïtienne à Bahamas.
De retour en Haïti en 1986, après la chute de la dictature des Duvalier, il a été responsable d’une paroisse dans la Plaine de l’Artibonite (au nord de la capitale), où il a véhiculé les idées directrices de la Théologie de la Libération dominante en Amérique Latine.
Il s’est engagé dans la lutte pour l’instauration de la démocratie en Haïti, aux côtés d’autres prêtres de l’église catholique romaine et de militants de gauche, qui supporteront la candidature du père Jean Bertrand Aristide, aux premières élections présidentielles démocratiques, réalisées le 16 décembre 1990 dans le pays.
Durant la période du coup d’Etat militaire (septembre 1991 - septembre 1994), Max Dominique est resté fidèle à l’ancien prêtre devenu président. Toutefois, il n’a pas pris du temps pour rompre ses relations avec la mouvance lavalas au regard des pratiques anti-démocratiques, des violations de droits humains et d’autres crimes commis par ce régime durant le retour au pouvoir de Jean Bertrand Aristide.
Le 26 mai 2003, lors des funérailles du père Antoine Adrien à la chapelle du Petit Séminaire Collège Saint Martial, situé au centre-ville de Port-au-Prince à quelques mètres du Palais National, le père Max Dominique avait lancé des flèches en direction du président Aristide « qui ne fait que contribuer à la destruction du pays ».
Jean Bertrand Aristide, qui allait être contraint à la démission le 29 février 2004 suite à une insurrection armée des ex-militaires et un mouvement intersectoriel réunissant étudiants, artistes, militantes et militants de droits humains, syndicalistes et gens d’affaires, était présent à ces obsèques.
Professeur de belles lettres à l’Ecole Normale Supérieure de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH), critique littéraire, grand écrivain haïtien, Max Dominique a publié deux grands ouvrages, « L’arme de la critique littéraire : Littérature et idéologie » (CIDIHCA, 1988) et « Esquisses Critiques » (Editions Ruptures, 1999), a produit de nombreux articles sur des écrivains haïtiens, dont « L’écriture baroque d’Ollivier et la crise des idéologies », paru dans les colonnes de la Revue « Chemins Critiques » en décembre l989.
Il a collaboré au journal Le Nouvelliste, dans les colonnes duquel il a publié des articles fort intéressants, dont une recension critique du roman « Bon Dieu rit » de feu Edris Saint Armand, qui avait provoqué une polémique entre l’auteur et l’ancien Doyen de l’Institut National d’Administration, de Gestion et des Hautes Etudes Internationales (INAGHEI).
Edris Saint Armand avait avancé que le critique littéraire, Max Dominique, n’avait pas pris le temps de lire son ouvrage traduit en plus de 15 langues étrangères, dont une dernière traduction en Espagnol.
La disparition de Max Dominique est une perte énorme pour le monde littéraire et religieux haïtien.
Dans une note rendue publique, l’Association des Ecrivains Haïtiens a exprimé son regret et s’est inclinée devant la dépouille de ce géant homme qui s’était donné corps et âme dans la lutte pour le changement dans le pays. Le Ministère de l’Education Nationale a aussi rendu hommage à la mémoire du prêtre défunt [do rc apr 21/092005 16 :00]