P-au-P., 20 sept.-05 [AlterPresse] --- Le Groupe d’Appui aux Réfugiés et Rapatriés (GARR), une plate-forme regroupant différentes organisations haïtiennes de promotion de droits humains, a alerté les autorités nationales, le 20 septembre, sur de possibles retombées négatives des projets binationaux entre les deux pays qui se partagent l’île, avec une orientation davantage tournée vers la partie de l’Est.
Le GARR a fait part à Alterpresse de ses appréhensions après avoir assisté, le 16 septembre 2005, à des échanges entre les ministères de l’Environnement de la République d’Haïti et de la République Dominicaine à Barahona, au cours de laquelle l’accent aurait été mis sur l’implantation d’un certain nombre de projets pour la promotion du tourisme, la protection de l’environnement et le développement de l’agriculture.
Malgré le caractère binational des projets discutés, les bailleurs de fonds internationaux auraient tendance à concentrer la majeure partie de leurs actions dans la partie Est de l’île, c’est-à -dire la région sud du territoire voisin d’Haïti, suivant les observations faites par le GARR.
« Les projets d’infrastructures routières, d’agriculture dans la zone de Bahoruco, Enriquillo, et Barahona en République dominicaine, issus de la rencontre du 16 septembre dernier, verront un déplacement massif de ressortissants haïtiens vers ces régions, à la recherche d’emplois », s’est plaint l’organisme dans une interview électronique accordée à Alter Presse par Antonal Mortimé, animateur social du groupe.
Cependant, le curage du fleuve Artibonite et de la rivière Solyèt (rivière qui passe à Fonds Verrettes, à l’est de la capitale), ainsi que des travaux de protection de la forêt des Pins, du côté d’Haïti, devraient être pris en compte dans la mise en œuvre des programmes envisagés.
Les deux titulaires de l’environnement de l’île se sont mis d’accord pour organiser une rencontre similaire en Haïti, dans les jours à venir, en vue de sensibiliser la population haïtienne sur les problèmes liés à l’environnement.
Outre le ministre de l’environnement haïtien, l’ingénieur-agronome Yves André Wainright, et son homologue dominicain, la rencontre du 16 septembre 2005 s’est déroulée en présence de représentants du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), de l’Union Européenne (UE), de l’Agence Américaine pour le Développement International (USAID), de la Coopération Allemande pour le Fleuve Artibonite, des ministères du Tourisme et de l’Agriculture, ainsi que de la déléguée du Sud-Est Margareth Martin et d’un représentant du GARR en tant que groupe de pression.
Cette mise en garde de l’organisme, d’appui aux réfugiés et rapatriés de l’autre côté de la frontière, survient dans un contexte de relations tendues entre les deux pays, caractérisées par la perpétration d’un ensemble indéterminé d’abus contre les ressortissants d’Haïti en République Dominicaine, dont des actes d’agression, de cambriolage, de vandalisme de biens, d’opérations de rançonnement et des rapatriements forcés effectués au mépris des droits humains des personnes expulsées.
« La situation des haïtiens est lamentable en République Dominicaine, nous recevons à tout instant des haïtiens chassés en République Dominicaine, ils sont de plus en plus persécutés, et des groupes extrémistes dominicains poursuivent leurs opérations d’agressions avec des machettes », a déploré Mortimé.
Dans cette interview à l’agence en ligne AlterPresse, le Groupe d’Appui aux Réfugiés et Rapatriés recommande à l’Etat d’adopter une politique migratoire permettant de contrôler la frontière haitiano-dominicaine, de renforcer sa diplomatie dans l’autre partie de l’Ile, de créer des emplois dans le pays aux fins d’offrir une alternative durable aux compatriotes qui fuient le pays, à la recherche d’un mieux-être.
« Je suis en route actuellement pour accueillir à Belladère, (NDLR : à plus d’une centaine de kilomètres au nord-est de Port-au-Prince) un groupe d’artisans haïtiens qui fuient la violence en Dominicaine », a signalé Antonal Mortimé. [lf rc apr 20/09/2005 16 :00]