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Nations-Unies : Vers la mise en application, en décembre 2005, de la Convention contre la corruption

New York, 17 sept. 05 [AlterPresse] --- La Convention des Nations Unies contre la corruption, ratifiée le 15 septembre à New York, à l’occasion de la 60e assemblée générale de l’ONU, entrera en vigueur à partir du 14 décembre 2005, a appris AlterPresse de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

« La Convention est le premier instrument mondial destiné à aider les Etats membres à combattre la corruption, dans les secteurs public et privé. Le mécanisme prévu dans la Convention, qui permet aux Etats de récupérer les milliards de fonds détournés, est une première dans ce domaine », lit-on dans un communiqué de presse de l’ONU publié à New York.

A l’exception de la France, les pays industrialisés membres du G-8 (1) n’ont pas encore ratifié la convention des Nations Unies contre la corruption, a indiqué à AlterPresse l’organisme Transparency International représenté en Haïti par La Fondation Héritage pour Haïti (LFHH).

La convention des Nations Unies contre la corruption, qui contient 71 articles, a été adoptée à New York le 31 octobre 2003 et ouverte aux signatures lors d’une conférence de haut niveau tenue à Mérida (Mexique) les 9, 10 et 11 décembre 2003.

L’organisation mondiale croit que « moins de deux ans après (...) et grâce aux efforts de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, le processus d’entrée en vigueur peut commencer »
Le Directeur exécutif de l’ONUDC, Antonio Maria Costa, a fait savoir que « le mécanisme de recouvrement des fonds est prometteur pour les pays, dont la trésorerie a été pillée par des fonctionnaires corrompus ».

Selon Maria Costa, la Convention offre aux pays africains les outils juridiques nécessaires pour transformer leurs économies et fournit aux Etats Membres les principes directeurs utiles pour l’élaboration d’une législation cohérente de lutte contre la corruption.

« La Convention appelle également à une plus grande coopération entre les Etats et à une aide réciproque, particulièrement dans le domaine du blanchiment de l’argent. En ce qui concerne la prévention, il est prévu que les Etats demandent à la société civile de s’impliquer dans les campagnes de lutte contre la corruption », a ajouté le responsable de l’ONUDC.

En référence aux « blocages souvent posés par certains pays », la Convention contre la corruption stipule que « le secret bancaire ne peut plus être invoqué pour refuser de répondre aux enquêtes sur le détournement des fonds déposés dans des pays du Tiers Monde », a rappelé Antonio Maria Costa le 9 septembre 2005.

Avec ce nouvel instrument de lutte contre la corruption, le crime et le blanchiment, les gouvernements des pays membres de l’Organisation des Nations Unies, dont Haïti, devraient être en mesure d’enrayer ces fléaux qui gangrènent les administrations publiques.

Aussi vieille que le monde, la corruption aggrave les problèmes de pauvreté des pays et empêche le développement des secteurs publics, notamment dans les secteurs sociaux sensibles comme la santé, l’éducation.

En Haïti, la corruption, très souvent associée à des groupes mafieux et des réseaux de gangs aux tentacules inimaginables, tend à devenir monnaie courante, dans l’administration publique, les douanes, les affaires dites privées, la Justice, la Police, les écoles, les activités quotidiennes de la société, etc., malgré les efforts déployés par certains dirigeants, ont signalé à AlterPresse des spécialistes.

Dans un palmarès des pays les plus corrompus et les plus vertueux dans le monde, publié en 2004, l’organisme Transparency International, représentée officiellement depuis mai 2003 dans le pays par La Fondation Héritage pour Haïti (LFHH), a catalogué Haïti dans le peloton des pays les plus corrompus de la planète, suivis du Bengladesh, du Nigeria, de la Birmanie, du Tchad, du Paraguay, de l’Azerbaïdjan, du Turkménistan, du Tadjikistan et de l’Indonésie.

Après la sortie de ce rapport, le gouvernement intérimaire d’Haïti avait imputé la responsabilité à l’ancien régime Lavalas de Jean Bertrand Aristide, déchu le 29 février 2004 suite à une rébellion armée des ex-militaires conduits par l’ex-militaire et ancien commissaire de police, Guy Philippe (actuel candidat à la présidence) et à un mouvement pacifique dénommé GNB (Grenn Nan Bouda= testicule dans l’anus) conduit par des secteurs sociaux, dont des étudiants, des syndicalistes et des hommes d’affaires.

« Ce mauvais classement ne concerne pas le gouvernement de transition, mais celui de l’ancien Premier Ministre Yvon Neptune », avait tenu à préciser la Ministre de la Culture et de la Communication, Magali Comeau Denis.

Yvon Neptune est incarcéré depuis 2004, pour son implication présumée dans le massacre, le 11 février de la même année, de plusieurs personnes (parmi elles, des jeunes ont été brûlés vifs sous les yeux de proches) à Lasiri, localité de Saint-Marc, à 96 kilomètres au nord de la capitale haïtienne.

Sous l’administration de Jean Bertrand Aristide, Haïti était considérée comme le carrefour de la drogue. Des dignitaires de son régime, des hauts gradés de la Police Nationale d’Haïti (PNH) ont été mis aux arrêts, après une lutte sans précédent menée dans le pays par les agents américains de la Drug Enforcement Administration (DEA), unité de lutte anti-drogue.

Plusieurs trafiquants de drogue haïtiens arrêtés sur le territoire national et en terre étrangère, et dont les noms circulaient dans divers milieux, ont été transférés aux Etats-Unis d’Amérique.

Parmi eux figurent l’ancien chef de la Police Nationale d’Haïti (PNH), Jean Nesly Lucien, l’ancien commissaire de police Rudy Thérassan, l’ancien chef de la Brigade de Lutte contre la drogue, Evintz Brillant, l’ancien chef de la sécurité de Jean Bertrand Aristide, Oriel Jean, les hommes d’affaires Jacques Beaudouin Kétant et Serge Edouard, dit Sergot Persévérance, l’ancien sénateur contesté des élections 2000 Jean Marie Fourel Célestin, tous détenus aux Etats-Unis d’Amérique pour leur implication dans le trafic illite de la drogue.

Le 15 septembre 2005, l’inspecteur de police en fuite James Bourdeau, accusé d’implication dans l’enlèvement le 2 août 2005 d’un employé de banque Nathanael Génélus (toujours porté disparu à date), a été appréhendé à Camp Perrin, à plus de 150 kilomètres au sud de Port-au-Prince par des unités spécialisées de la PNH, de laquelle (pendant les 10 années de fonctionnement depuis 1995) plusieurs membres ont été chassés pour leur participation ou complicité dans des affaires louches. [do rc apr 17/09/2005 14 : 30]

1) NDLR : Le G-8 comprend les pays suivants : Etats-Unis d’Amérique, Japon, Allemagne, Royaume-Uni (Angleterre) France, Italie, Canada (admis en 1976) et Russie (intégrée en 1998).