P-au-P, 16 sept. 05 [AlterPresse] --- La branche haïtienne du Programme Alimentaire Mondial (PAM) a lancé un appel le 15 septembre 2005 à la solidarité des donateurs internationaux afin de prévenir l’éventualité de catastrophes naturelles, comme les inondations meurtrières de septembre 2004 aux Gonaïves, à 171 kilomètres au nord de la capitale.
Les efforts de reconstruction traînent encore en longueur, tandis que la désolation reste évidente chez de nombreuses familles qui espéraient une meilleure attention, selon une note transmise à AlterPresse par l’agence onusienne qui a mis fin, le 13 septembre 2005, à son plan d’assistance en faveur des victimes.
« L’ampleur de la tâche de reconstruction, tant des maisons que des vies de milliers et de milliers de personnes (...) reste encore aussi importante, un an après la catastrophe qui a été à l’origine de l’une des plus grandes opérations d’urgence du Programme Alimentaire Mondial (PAM) des Nations Unies en Haïti », ont fait savoir les responsables du PAM.
L’organisme international a déclaré avoir fourni, pendant six mois à 160 000 personnes, en grande partie des femmes et des enfants, des rations alimentaires qui leur ont permis de survivre au désastre, durant lequel environ 3, 000 personnes avaient trouvé la mort et près de 300 000 autres s’étaient retrouvées sinistrées après deux jours d’inondations provoquées par la tempête tropicale Jeanne.
« Le 18 septembre 2004, la ville côtière des Gonaïves (4e ville d’Haïti) a été le théâtre d’une terrible catastrophe naturelle où des milliers de gens avaient péri sous les eaux, des têtes de bétail emportées, des maisons et infrastructures dévastées ».
Pour illustrer la réalité aujourd’hui vécue par les victimes, l’agence onusienne a décrit le cas d’une survivante Marie Jean Sylverin, 42 ans, mère de quatre (4) filles, toutes logeant, un an après, dans un abri de fortune, construit à partir des décombres de maisons dévastées.
« Sylverin n’a toujours pas les moyens de construire une nouvelle maison. Elle et ses enfants vivent encore dans leur taudis, à peine assez grand pour accueillir le seul lit où elles doivent dormir toutes les cinq », a précisé le PAM qui a organisé le 13 septembre une visite guidée, à l’intention de la Presse, dans plusieurs quartiers de la cité de l’Indépendance haïtienne.
L’agence onusienne a tenu à alerter la communauté internationale sur la vulnérabilité de la république d’Haïti « aux inondations et aux glissements de terrain, à cause de la dégradation environnementale ».
« Une déforestation intense a dénudé les collines et les montagnes de leurs arbres et, comme plus de 98 % du pays a été déboisé, rien ne peut plus contenir les inondations. Même les pluies et orages peuvent engendrer des catastrophes naturelles et occasionner de graves problèmes économiques », a prévenu Anne Poulsen, porte-parole du PAM.
La branche haïtienne de l’organisme international a insisté sur l’impératif de la mise en place d’une structure « pouvant répondre rapidement et adéquatement aux urgences, dans un pays où d’autres catastrophes s’ensuivent inévitablement », à une période d’apogée des ouragans (novembre à décembre, tous les ans).
Poulsen croit que cette année, les tempêtes tropicales et ouragans pourraient bien s’approprier encore plus de vies humaines dans la région caribéenne, l’une des plus géographiquement touchées au monde et éprouvant beaucoup de difficultés à affronter ces catastrophes naturelles.
Ces dernières semaines, des pluies intermittentes, souvent accompagnées de forts vents, s’abattent régulièrement sur différentes régions du pays, menacées par un écosystème fragilisé. Ce qui fait craindre, chez la population, d’autres catastrophes naturelles, d’autant que les prévisions météorologiques avaient annoncé l’imminence, pour l’année 2005, de cyclones les plus violents jamais enregistrés depuis une cinquantaine d’années.
Durant ces dernières années, les dégâts causés en Haïti par les tempêtes tropicales, les ouragans, les cyclones, les glissements de terrain n’ont pas cessé de renforcer la misère de la population, dont « plus de 47% vit sous le seuil de pauvreté avec moins d’un dollar américain par jour, 40% des ménages souffrent d’insécurité alimentaire, tandis que de nombreux enfants ne mangent pas à leur faim », selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
En 2005, les ouragans Dennis et Emily ont frappé Haïti.
Le 7 juillet 2005, une cinquantaine de morts et d’importants dégâts matériels ont été enregistrés dans le Sud du pays, à la suite des inondations provoquées par le passage du cyclone Dennis.
Les inondations avaient alors sévèrement affecté les récoltes et augmenté davantage la vulnérabilité des foyers qui vivaient de l’agriculture. Pour voler au secours des populations touchées, la Commission Européenne avait confié à l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture un montant de 400,000 euros (487.299,72 dollars américains).
Cette somme était consacrée au financement des agriculteurs du Sud en vue de la reprise des activités durant la campagne agricole d’été 2005, avait indiqué la Commission Européenne dans une note soumise à AlterPresse.
Le 13 juillet 2005, l’ouragan Emily avait causé, sur le territoire national, 56 morts, 24 disparus, 36 blessés (dont plusieurs enfants), et plus de 2,300 sinistrés, avait emporté, du même coup, de nombreuses têtes de bétail et dévasté de vastes plantations de bananes, selon les agences humanitaires.
La région la plus touchée était la ville de Saint-Marc, à 96 kilomètres au nord de Port-au-Prince. Plus de 800 familles y étaient sinistrées et leurs besoins prioritaires comprenaient des ustensiles de cuisine, des articles d’hygiène, des fournitures scolaires, des matelas et des couvertures, avaient indiqué ces organismes humanitaires dont la Croix-Rouge d’Haïti (CRH) et la Fédération Internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge (CICR).
Le 14 septembre 2005, la FAO avait plaidé en faveur de la mise en place des actions concrètes pour combattre la faim dans le monde, où plus de 800 millions de personnes souffrent de faim et où plus d’un milliard d’autres vivent avec moins d’un dollar par jour.
« Il est inacceptable que 843 millions de personnes dans les pays en développement et en transition continuent de souffrir de la faim et que plus d’un milliard d’êtres humains vivent avec moins d’un dollar par jour », avait dénoncé l’agence onusienne dans un communiqué.
A partir du mois d’octobre 2005, l’Union Européenne compte financer un programme de prévention de désastres en Haïti, dans le cadre d’une contribution de la commission européenne dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et les catastrophes naturelles dans le pays caribéen. [do rc apr 16/09/2005 18 :00]