P-au-P, 14 sept. 05 [AlterPresse] --- L’agence des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a appelé le 14 septembre la communauté internationale à tenir son engagement de réduire de moitié le nombre de sous-alimentés dans le monde d’ici à 2015, a constaté l’agence AlterPresse.
Plus de 800 millions de personnes souffrent de faim et plus d’un milliard d’autres vivent avec moins d’un dollar par jour, a renouvelé l’agence onusienne à l’occasion du sommet mondial des Nations Unies qui se déroule à New York.
Dans un rapport sur la mobilisation des ressources pour réduire la pauvreté, préparé pour le sommet de New York, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture met en garde contre la persistance de la faim dans un monde d’abondance.
« Il est inacceptable que 843 millions de personnes dans les pays en développement et en transition continuent de souffrir de la faim et que plus d’un milliard d’êtres humains vivent avec moins d’un dollar par jour », indique l’agence de l’ONU dans un communiqué.
Malheureusement, poursuit la FAO, le taux de réduction de la faim est très lent, « plus lent que ce qui est requis pour atteindre l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation, notamment en Afrique ».
Le document, devant être soumis au sommet mondial qui s’ouvre aujourd’hui à New York, et dont la version définitive a été ratifiée le 13 septembre 2005 par l’Assemblée générale, réaffirme les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), tout en insistant sur la préoccupation de la FAO quant aux « progrès lents et inégaux dans l’éradication de la pauvreté » dans certaines régions.
Dans son volet « financement du développement », le document met l’accent sur l’accroissement de l’aide publique au développement tout en reconnaissant qu’un « accroissement substantiel est nécessaire ».
La FAO se félicite de l’objectif d’accorder 0.7% du Produit National Brut (PNB) à l’aide publique au développement, adopté par plusieurs pays développés, et fait mention de l’importance de la mise en place de sources innovantes de développement.
Pour réduire la faim, la FAO préconise d’allouer à l’agriculture et au développement rural des sommes plus importantes que les fonds consacrés au développement au cours des dix dernières années.
La grande majorité des pauvres de la planète vivent dans les zones rurales. Aussi le développement de l’agriculture joue-t-il un rôle moteur dans la croissance économique en tant que créateur d’emplois et de revenus pour ces populations pauvres.
En concertation avec le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM), la FAO a également soumis, au Sommet de New York, un autre rapport intitulé « Eradication de la pauvreté et de la faim » qui brosse une stratégie permettant d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), relatifs à la réduction de la faim et de la pauvreté.
Il existe "des signes encourageants du renforcement de la détermination à réduire la pauvreté et la faim pour atteindre les OMD", explique la FAO.
A titre d’exemple, l’agence onusienne cite la décision, récemment prise par les pays africains, d’augmenter de 10 % la part des dépenses publiques consacrées à l’agriculture et au développement rural.
"Il s’agit-là d’un pas très encourageant pour surmonter le faible financement public du secteur agricole."
D’autre part, plusieurs pays ont promis d’augmenter substantiellement l’aide au développement. A cet égard, la FAO mentionne la promesse des pays de l’Union européenne de doubler l’aide publique au développement ainsi que l’annulation de la dette annoncée par le G-8 (1) en faveur de 18 des pays les plus pauvres de la planète.
Le cri d’alarme de l’agence des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture survient à un moment où les Haïtiens font face, non seulement, à d’énormes difficultés pour subvenir à leurs besoins, mais également à une crise énergétique qui n’a pas cessé d’empirer.
47% de la population en Haïti vit sous le seuil de pauvreté avec moins d’un dollar américain par jour, selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
L’insécurité alimentaire y atteint 40% des ménages. De nombreux enfants haïtiens ne mangent pas à leur faim.
Des Organisations non gouvernementales (ONG) nationales et internationales, telles OXFAM, ActionAid, La Plate-Forme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA) ont toujours plaidé en faveur de la souveraineté et de la sécurité alimentaire de la population haïtienne.
Le 22 août 2005, lors d’un rassemblement à la Petite Rivière de l’Artibonite, auquel a assisté l’agence en ligne AlterPresse, des paysans venus de six régions du pays avaient fait part de leurs angoisses face à la disparition de la production nationale, particulièrement du riz de l’Artibonite, qui, selon eux, contribuerait à l’augmentation de l’ « insécurité alimentaire » dans le pays.
« Le paysan haïtien au même titre que les autres couches de la société haïtienne vit des produits importés, il n’y a pas de sécurité alimentaire, la production agricole est négligée et les Haïtiens sont en proie à toutes sortes de maladies, en raison du fait qu’ils consomment des produits à base d’organisme génétiquement modifié (OGM) », avait déploré Vilfrant Cénaré, responsable d’une organisation paysanne. [do rc apr 14/09/2005 13 : 00]
(1) NDLR : Le G-8 comprend les pays suivants : Etats-Unis d’Amérique, Japon, Allemagne, Royaume-Uni (Angleterre) France, Italie, Canada (admis en 1976) et Russie (intégrée en 1998).