P-au-P, 03 nov. 2025 [AlterPresse] --- L’État haïtien a décrété l’état d’urgence pour la période du 3 novembre 2025 au 3 février 2026 dans les départements du Sud, du Sud-Est, de la Grande Anse et des Nippes (Sud-Ouest), de l’Ouest et du Nord-Ouest, fortement touchés par le passage de l’ouragan Mélissa.
Cette décision a été adoptée lors d’un conseil des ministres virtuel tenu le vendredi 31 octobre 2025, apprend AlterPresse.
Le pouvoir central s’engage à assister les communautés sinistrées et à faciliter la reprise des activités dans les zones affectées.
La Protection civile a recensé plus de 30 morts, 20 disparus, 20 blessés et plus de 15 000 sinistrés entre le 23 et le 29 octobre 2025, lors du passage de l’ouragan.
La commune de Petit-Goâve (Ouest) a été la plus touchée. Outre une vingtaine de décès, des dégâts matériels considérables ont été enregistrés, ont confirmé à l’émission FwoteLide sur AlterRadio les responsables locaux de la Protection civile et du Conseil d’administration de la 12e section communale (Casec).
Dans la 12e section communale de Petit-Goâve, la situation est critique. « La rivière La Digue principale a cédé, inondant presque tout le territoire », a expliqué Me. Nosalito Soliman, président du Conseil d’administration de la 12e section communale (Casec).
La gravité du désastre s’explique par le défaut chronique d’entretien des infrastructures hydrauliques, a déploré Me. Ronald Louis, responsable de la Protection civile, regrettant l’absence de réponse aux nombreux appels au curage de la rivière La Digue avant la saison des pluies pour réduire les risques d’inondation.
« Le lit de la rivière n’a pas été curé depuis plus de trente ans, et la dernière crue comparable remonte à 1994 », a-t-il précisé.
D’autres zones des départements de la Grande Anse et des Nippes (Sud-Ouest) ont également été fortement touchées par les effets dévastateurs de l’ouragan. L’impact se fait particulièrement sentir sur les infrastructures, l’agriculture et les moyens de subsistance.
Toujours dans la Grande Anse, la route reliant Dame-Marie à Anse-d’Hainault a été coupée sur cinq mètres à Ouslen, isolant plusieurs communes du littoral.
Dans le Sud-Est, à l’entrée de Jacmel, la route nationale dite de l’Amitié (en souvenir de la coopération avec la France, pour sa réhabilitation il y a plusieurs années) a été gravement endommagée à Basen Kayiman, où la rivière en crue a tout emporté sur son passage, rapporte AlterPresse dans un précédent article.
Plus de 13,900 personnes se trouvent dans des abris temporaires, principalement dans le Sud, les Nippes et la Grande Anse, avec des besoins urgents en bâches, vivres, eau potable, articles d’hygiène et soutien agricole, en plus de l’aggravation de la situation des communautés dans les camps de personnes déplacées dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.
Dans la Grande Anse et le Sud, les bananeraies, arbres fruitiers et cultures vivrières ont été détruits, compromettant la campagne agricole d’été.
Livrée à elle-même, la population reste sous la menace d’une crise alimentaire déjà sévère dans le grand Sud, où plus de 1,4 million de personnes vivent en insécurité alimentaire aiguë (Phase 3 de l’Ipc), dont 350,000 en situation d’urgence.
Le gouvernement avait promis, quelques jours plus tôt, la réouverture des routes et la réhabilitation des infrastructures, une évaluation rapide des besoins, la relance agricole ainsi que la distribution d’aide d’urgence.
La communauté internationale a également annoncé son soutien aux communautés affectées.
Une réponse d’urgence, incluant le déploiement d’une équipe régionale pour évaluer les besoins et fournir une aide vitale, avait été autorisée par la présidence américaine, a indiqué l’ambassade des États-Unis à Port-au-Prince.
Sur le terrain, plusieurs organisations internationales restent très actives, dont le Programme alimentaire mondial (Pam) l’Organisation internationale pour les migrations (Oim), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et Plan International, entre autres.
Le directeur exécutif de Plan International en Haïti, Prospery Raymond, a mis en garde sur la nature de la réponse humanitaire. « Cela doit dépasser le simple cadre de distribution de produits de première nécessité », a-t-il déclaré lors de l’émission FwoteLide sur AlterRadio.
Il a insisté sur une meilleure canalisation de l’aide et invité les actrices et acteurs à réfléchir à des solutions durables pour permettre aux communautés victimes des désastres de se relever dignement, après le passage de l’ouragan Mélissa.
Trois jours de deuil national
L’État haïtien consacre également trois jours de deuil national, du lundi 3 au mercredi 5 novembre 2025, en mémoire des victimes du passage dévastateur de l’ouragan, ayant causé une trentaine de morts.
Durant ces trois jours, le drapeau national sera mis en berne. Les discothèques et établissements assimilés resteront fermés, et les stations de radio, télévision et autres médias programmeront de la musique et des émissions de circonstance. [apr 03/11/2025 12:00]
