P-au-P., 3 nov. 2025 [AlterPresse] --- À environ trois mois de la fin du mandat confié au Conseil présidentiel de transition (CPT), le premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a réaffirmé la volonté du gouvernement « d’accompagner les partis politiques dans le processus électoral, afin de remettre, dans les plus brefs délais, le pays entre les mains d’autorités légitimes librement et démocratiquement choisies par le peuple haïtien ».
Il s’est exprimé ainsi lors du lancement officiel du Programme de renforcement des capacités des partis politiques, le samedi 1er novembre 2025, à Juvénat (Pétionville, périphérie est de la capitale), selon un communiqué consulté par AlterPresse.
Le chef du gouvernement a salué « la mobilisation de l’ensemble des acteurs politiques autour de cette initiative, qui traduit l’engagement du Gouvernement de transition à redynamiser la vie politique, à renforcer la culture démocratique et à créer les conditions pour l’organisation d’élections libres, transparentes et sans conflit ».
Ce programme national intervient alors que la question électorale demeure en suspens, à moins de cent jours de la date prévue, le 7 février 2026, pour le transfert du pouvoir à un président élu.
Dans ce contexte, le Conseil électoral provisoire (CEP) a annoncé, le 30 octobre, la mise à disposition du projet de décret électoral devant régir les prochaines joutes. Le CEP invite partis politiques et organisations de la société civile à retirer une version imprimée du texte et à soumettre leurs propositions avant le 10 novembre 2025, dans un souci « d’inclusion et de transparence ».
Présenté comme une étape préparatoire au retour à l’ordre constitutionnel, le programme de renforcement vise à former plus d’un millier de responsables et de représentants issus des dix départements du pays. Les sessions de formation se tiendront dans trois pôles régionaux : Port-au-Prince (Ouest), Cap-Haïtien (Grand Nord) et Les Cayes (Grand Sud).
Le programme s’articule autour de trois axes principaux, confiés à des institutions haïtiennes reconnues pour leur expertise : le renforcement organisationnel et fonctionnel des partis, la gestion et les finances, ainsi que la communication et les technologies.
« Ce programme est conçu par des professionnels haïtiens pour des professionnels haïtiens », souligne le communiqué, précisant qu’il vise à valoriser les compétences nationales et à assurer la durabilité des connaissances transmises.
La cérémonie a également été marquée par la présentation d’une nouvelle plateforme numérique d’enregistrement des partis politiques et de leurs membres, développée par le Groupe de Support en Informatique et en Statistique (GSIS).
Selon les responsables, cet outil constitue « une avancée majeure dans la modernisation et la transparence du système politique haïtien », en permettant à l’État de disposer d’une base de données fiable, sécurisée et régulièrement mise à jour.
Cette dynamique institutionnelle s’inscrit toutefois dans un contexte de grande incertitude sécuritaire. Plusieurs observateurs estiment qu’il faudra au moins huit mois pour déployer un calendrier électoral complet, au regard des expériences précédentes.
Parallèlement, l’insécurité persistante continue de compromettre les conditions de tout scrutin crédible : plus de 3 100 personnes ont été tuées et 1,3 million déplacées entre janvier et juin 2025, selon les données disponibles sur les violences liées aux gangs.
Les premières sessions de formation du programme devraient débuter au cours du mois de novembre 2025 dans les trois régions identifiées. [apr 03/11/2025 11:00]
