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Cyclone Mélissa : Petit-Goâve lourdement frappée, les autorités locales dénoncent l’absence de prévention

Ravagée par les crues de la rivière Ladigue, la commune de Petit-Goâve figure parmi les zones les plus durement touchées par le cyclone Mélissa. Alors que le bilan humain s’alourdit, les responsables locaux pointent du doigt l’absence de prévention et le manque d’entretien des ouvrages hydrauliques, aggravant les effets du désastre.

P-au-P., 31 oct. 2025 [AlterPresse] --- Le cyclone Mélissa a durement frappé la commune de Petit-Goâve (Ouest), provoquant d’importantes pertes humaines et matérielles, selon les premières informations recueillies par AlterRadio auprès des responsables locaux de la Protection civile et du CASEC (Conseil d’administration de la section communale).

Le bilan officiel fait état pour le moment de plus de 30 morts, 20 disparus, 20 blessés et plus de 15 000 sinistrés entre le 23 et le 29 octobre 2025.

Le département de l’Ouest concentre 23 décès, principalement dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et à Petit-Goâve, où les habitants ont retrouvé dès le 30 octobre les corps emportés par la crue de la rivière La Digue.

Dans la 12e section communale de Petit-Goâve, la situation est critique. « La digue principale a cédé, inondant presque tout le territoire », explique Maître Nosalito Soliman, président du CASEC.

Les infrastructures publiques, dont le local administratif du CASEC, sont également touchées. Le relief accidenté et le manque d’entretien des ravinesont favorisé la propagation rapide des eaux.



Des causes structurelles ignorées depuis des décennies

La gravité du désastre est liée au défaut chronique d’entretien des infrastructures hydrauliques.

« Chaque année, nous recommandons le curage de la rivière avant la saison pluvieuse pour réduire les risques d’inondation. Malheureusement, rien n’est fait », déplore Maître Ronald Louis, responsable de la Protection civile.

Le lit de la rivière n’a pas été curé depuis plus de trente ans, et la dernière crue comparable remonte à 1994, ajoute-t-il.

La responsabilité est partagée entre l’État central et les autorités locales, en raison d’un manque de coordination et de moyens techniques.

Gestion de crise et évacuations forcées

Malgré les campagnes de sensibilisation, plusieurs habitants ont refusé d’évacuer. « Nous privilégions toujours l’évacuation volontaire, mais certains refusent de quitter leur maison, par peur du vol ou par attachement à leurs biens », explique Maître Louis.

Dans la 12e section, la situation a nécessité des évacuations forcées avec l’appui de la police. « Beaucoup refusaient de partir, mais il fallait les déplacer pour leur sécurité », confirme Maître Soliman.

Les abris temporaires, souvent installés dans des écoles, compliquent désormais la reprise des classes.

Les autorités locales plaident pour un contrôle strict des constructions dans les zones à risque et des mesures préventives plus rigoureuses.

Secours d’urgence : Des besoins urgents et une réponse lente

Les moyens pour assister la population sont critiques : nourriture, eau potable, couvertures, produits d’hygiène, kits de cuisine et abris provisoires. « Les secours n’ont pas pu être déployés à temps. Nous espérons une intervention rapide du niveau national », déclare Maître Louis.

Le lendemain du passage du cyclone, une délégation gouvernementale, comprenant le directeur départemental et le délégué, a visité la commune.

Un survol en hélicoptère a permis d’évaluer l’étendue des dégâts, mais les autorités locales demandent des actions concrètes, notamment le curage immédiat de la rivière La Digue, la mobilisation d’engins lourds et la distribution accélérée de secours. [apr 31/10/2025 20 :00]