P-au-P., 8 sept.05 [AlterPresse] --- La Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) a de nouveau prévenu, le 8 septembre 2005, que l’ordre et la sécurité seront bientôt rétablis dans la grande agglomération de Cité Soleil (nord de la Capitale), devenue principal fief des gangs criminels à Port-au-Prince depuis le 30 septembre 2004, date du déclenchement de « l’opération Bagdad » par des partisans armés de l’ancien président Jean Bertrand Aristide.
« Dans un proche avenir, le problème de Cité Soleil sera résolu d’une manière ou d’une autre », a averti le porte parole militaire de la mission onusienne El Ouafi Boulbars, dans la conférence de presse hebdomadaire de la MINUSTAH, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
« Cette situation est inadmissible, inacceptable et injuste vis-à -vis des habitants de Cité Soleil », a-t-il poursuivi.
Grande agglomération de plusieurs centaines de milliers de personnes, Cité Soleil s’est convertie progressivement en des quartiers de non droit, occupés par différents gangs qui se sont livrés bataille régulièrement en se réclamant ouvertement de l’ancien dictateur lavalas qui, pendant son passage au pouvoir, avait reçu au Palais National des chefs de bandes armées, dénoncés dans divers crimes répréhensibles sur la population.
Une quantité importante d’armes à feu avait été distribuée à Cité Soleil, avant la chute du régime lavalas le 29 février 2004, ont révélé des sources concordantes.
Depuis plus d’une année, et même avant, les chauffeurs de véhicules publics et privés évitent d’emprunter les voies menant à cette agglomération à cause des risques encourus.
Des cameramen d’une station de télévision privée ont failli être blessés cette année à proximité de Cité Soleil, où leur véhicule avait été attaqué par des bandits. Récemment encore, en 2005, un consul honoraire français et un ressortissant canadien ont été exécutés dans ce secteur par des gangs.
Un nombre inestimé d’habitants a déserté ce grand bidonville. Personne n’a pu savoir de quoi est fait, depuis plusieurs mois, le quotidien des familles qui y vivent, affrontant tirs d’armes, pressions, intimidations, menaces, tensions et inquiétudes diverses.
Cependant, la force onusienne, déployée depuis juin 2004 dans le pays, avait estimé avoir porté un grand coup aux gangs en mettant fin au règne d’Emmanuel Wilmé (Dread Wilmé), tué dans le cadre d’une opération d’envergure conduite le 6 juillet 2005 par les militaires de la MINUSTAH.
« La maison où vivait Wilmé était l’une de nos cibles et elle a été mise en ruine », avait déclaré le 7 juillet à la presse le Colonel El Ouafi Boulbars, porte-parole militaire de la MINUSTAH. Il avait ajouté que 5 morts se trouvaient sous les décombres, « mais nous ne disposons pas des cadavres pour confirmer ou infirmer la mort de ce chef de gang ».
Le 6 juillet, la police haïtienne avait adopté la même attitude, indiquant que les preuves matérielles de la mort de Wilmé n’étaient pas disponibles.
Cependant, les partisans de Wilmé avaient confirmé sa mort dans divers médias de la capitale et avaient même promis de « venger » leur « chef ».
Lors des prétendues funérailles de ce chef de gang, quelques jours plus tard, un message envoyé de son exil par l’ancien dictateur Aristide avait été lu. Ce qui avait laissé supposer la persistance de relations toujours entretenues avec ces gangs par des dirigeants lavalas sur le terrain, arguant d’une soi-disant volonté de ne pas pactiser avec la violence érigée en mode de vie par ces groupes armés.
Et les autres chefs de gangs de l’agglomération ont, en quelque sorte, tenu parole en poursuivant leurs actes de kidnappings, vols, viols et tuerie, vu que les opérations de ciblage n’ont pas été maintenues.
Aujourd’hui, les informations circulant à Port-au-Prince laissent croire que les bandits, chassés du Bel Air (en face du Palais National) par la police nationale aidée de la MINUSTAH et par un mouvement de révolte des habitants de ce quartier, se seraient repliés à Cité Soleil, afin de reprendre force et de planifier d’autres forfaits.
Cependant, a informé Boulbars le 8 septembre, des forces spécialisées des contingents militaires des Nations Unies vont arriver sous peu dans la capitale, avec pour mission de restituer la paix dans ce quartier volatil, peu fréquenté depuis plusieurs mois à cause de la présence des bandes armées se réclamant de l’ancien régime lavalas.
« Le nouveau bataillon de 750 hommes, composé de militaires Sri lankais, qui sera déployé à Cité soleil, arrivera en Haïti le 11 septembre 2005, muni de tous les matériels nécessaires pour leur mission », a informé Boulbars.
La mission onusienne, qui se penche actuellement sur un plan de sécurité approprié aux prochaines élections de novembre, décembre 2005 et janvier 2006, compte étendre ses unités à travers les dix départements géographiques du pays.
« Les militaires et policiers de la MINUSTAH vont accompagner la Police Nationale d’Haïti (PNH) pour assurer la sécurité des candidats et électeurs au cours des scrutins », a assuré le porte parole civil Damian Onses Cardona, qui a vanté les « bonnes relations » entre la mission et le gouvernement intérimaire.
Cardona n’était pas en mesure de confirmer ni d’infirmer l’information, selon laquelle les militaires de la MINUSTAH confisqueraient les armes des bandits qu’ils livrent à la PNH.
« Je crois qu’il est mieux de mettre l’accent sur la coordination et non pas sur des informations qui sortent d’ici et par là , et qui ne sont pas encore confirmées, (...), et si ce n’est pas le cas, je préfère attendre, avoir des éléments beaucoup plus clairs pour pouvoir me prononcer », a indiqué Cardona.
Il y a une semaine, les autorités policières avaient dénoncé le comportement, dans les arrestations des criminels armés, de la MINUSTAH qui « remet les individus appréhendés sans les armes saisies ».
« En déférant ces présumés bandits par devant la justice, leur dossier est toujours incomplet », avait déploré la PNH.
Dans la conférence de presse du 8 septembre, les porte parole de la mission onusienne n’ont fait aucune objection à la position du Premier Ministre intérimaire, Gérard Latortue, qui avait rejeté toutes velléités d’assujettissement de l’institution policière à la MINUSTAH, telles qu’exprimées dans la position du représentant de Koffi Annan en Haïti, Juan Gabriel Valdes, ayant souhaité la participation de la MINUSTAH « dans toutes les opérations de la PNH ».
« Il n’est pas question que les casques bleus soient présents dans toutes les opérations menées par la PNH », avait signifié Latortue, de retour au pays après un voyage de quelques semaines aux Etats Unis d’Amérique pour des raisons de santé.
Le 1er septembre 2005, Valdès avait fait croire que « toutes les opérations de la PNH doivent être planifiées avec la MINUSTAH ».
Mais, Jean François Vézina, porte parole de la composante policière (UNPOL) de la mission de stabilisation a tenté de calmer le jeu en expliquant à la Presse le 8 septembre que « Le souci premier était de maintenir une bonne coopération entre les deux entités, la PNH et la mission de paix ». [lf rc apr 08/09/2005 18:00]