P-au-P, 07 septembre 05 [AlterPresse] --- Les audiences spéciales, annoncées par le ministère de la justice pour essayer de couper court à la détention préventive prolongée, ont effectivement débuté le mercredi 7 septembre 2005 à la prison civile de la capitale, principal centre de détention d’Haïti plus connu sous le nom de Pénitencier National, a constaté AlterPresse.
Sur trois affaires retenues pour être entendues par la juge Florence Mathieu, en présence des avocats des prévenus, les journalistes ont eu le temps d’assister au commencement du jugement du détenu Stéphane Fleurimond, accusé de vol.
Paradoxalement, l’audience du prévenu Fleurimond s’est déroulée en français (au lieu du Créole, langue comprise par l’ensemble de la population nationale), alors que le prévenu paraissait ne rien comprendre des débats.
« Les personnes entendues sont celles à qui sont reprochées des infractions mineures. Ce sont également des cas simples qui n’ont ni plaignants, ni témoins », a fait savoir Me. Carlos Hercule, représentant du ministère de la Justice.
Rattachant cette initiative à une détermination, du ministère de la Justice, à lutter contre la détention préventive prolongée, Hercule a avisé de la poursuite de telles audiences tout le long du mois de septembre 2005, pendant que d’autres affaires suivent leur cours normal au Palais de Justice de Port-au-Prince.
« Les résultas obtenus vont déterminer si nous allons continuer ou non. Si nous arrivons à réduire le taux de détention préventive prolongée au Pénitencier National, les audiences vont continuer au Palais de Justice », a-t-il déclaré.
La première série d’audiences à la prison civile de la capitale sur la détention préventive prolongée a eu lieu en présence du doyen du tribunal civil de la juridiction de la capitale, Me Joseph Lebrun, et du substitut du commissaire du gouvernement près le tribunal civil du même ressort, Me. Emane Alcé.
Le 6 septembre 2005, le ministère de la Justice a eu une réunion de travail avec plusieurs anciens titulaires de la Justice afin de pouvoir mieux comprendre le fonctionnement et les rouages du système judiciaire et dégager des pistes d’actions pertinentes.
Le 5 septembre 2005, le ministère de la Justice avait présenté à la Presse de Port-au-Prince une commission de 5 membres, chargée d’informer la population tous les lundis sur la marche du système judiciaire dans la juridiction de la capitale. D’autres commissions du même type doivent voir le jour dans l’ensemble des 20 juridictions du pays, avait averti le ministre de la Justice Henry Marge Dorléans.
En plus d’éduquer et de renseigner la population sur l’évolution des activités judiciaires, ces commissions ont aussi pour tâche de se pencher sur le problème de détention préventive prolongée enregistrée dans les prisons du pays, particulièrement à Port-au-Prince.
Sur 1504 détenus actuellement enregistrés à la prison civile de la capitale, seulement 62 ont été condamnés, avait indiqué le 5 septembre à la presse la commission spécifique de Port-au-Prince. [jj rc apr 07/09/2005 18 : 00]