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Haïti / Justice

Lavalas donne son verdict sur le jugement du Père Gérard Jean Juste

P-au-P., 6 sept. 05 [AlterPresse] --- Lafanmi Lavalas, parti de l’ancien Président Jean Bertrand Aristide, a annoncé ce mardi 6 septembre 2005 la libération « dans 72 heures » de son candidat à la présidence, le curé de la paroisse Sainte Claire de Petite Place Cazeau, le Père Gérard Jean Juste, avant même que la justice se prononce sur le dossier.

« Nous sommes convaincus que dans un délai ne dépassant pas les 72 heures qui suivent, Gérard Jean Juste recouvrera sa liberté », a déclaré l’ancien sénateur contesté lavalas Louis Gérald Gilles à AlterPresse.

Le parlementaire contesté de la 47e législature affirme disposer de ces informations du Conseil des avocats qui défendent l’accusé. L’agence en ligne AlterPresse n’a pas pu rentrer en contact avec les sources citées.

« Jean Juste est un prisonnier politique », et la justice n’aurait retenu aucune charge contre le prêtre catholique romain ayant la faveur de l’organisation Amnesty International qui, poursuit Gilles, « reconnaît que Jean Juste est un détenu de conscience ».

L’ancien locataire contesté du palais législatif se dit confiant que la justice « qui se veut transparente et ce régime de transition qui prône l’inclusion dans l’organisation des élections à longueur de journée », vont permettre à son nouveau « leader » de prendre part aux prochaines joutes électorales, prévues pour novembre, décembre 2005 et janvier 2006.

A date, comme jouant sur plusieurs tableaux, le parti Lafanmi Lavalas garde toujours un langage multiple : l’un en faveur des élections, l’autre contre toute participation aux prochaines compétitions électorales ; une fraction affirmant rejeter la violence, de quelque secteur qu’elle vienne, une autre se réclamant ouvertement du parti et utilisant la violence et la lutte armée. Des membres de ce parti, en exil aux Etats-Unis d’Amérique, avaient contesté, en août 2005, la décision des membres résidant en Haïti d’avoir fait enregistrer le parti auprès du Conseil Electoral Provisoire (CEP).

Le gouvernement intérimaire opte pour la prudence sur l’affaire Gérard Jean Juste, accusé d’implication dans des activités criminelles qui secouent la capitale depuis le 30 septembre 2004, date du déclenchement de l’opération Bagdad par les partisans armés de l’ex-dictateur Jean Bertrand Aristide.

« Le gouvernement ne va pas s’immiscer dans les affaires internes de la justice, à laquelle il revient de prononcer son verdict sur le dossier », a indiqué le Premier Ministre intérimaire Gérard Latortue dans un message le 5 septembre 2005.

Le même 5 septembre 2005, le parti de Jean Bertrand Aristide a désigné le prêtre détenu en prison, Gérard Jean Juste, comme son candidat aux prochaines présidentielles. De l’Afrique du Sud où il réside depuis sa chute en février 2004, Aristide aurait lui-même fait choix de son partisan zélé à ce poste, selon Louis Gérald Gilles.

D’aucuns se demandent quelle alternative le parti Lafanmi Lavalas prendrait, au cas où le délai du 15 septembre, accordé par le CEP pour les inscriptions des candidats aux présidentielles et législatives, retrouvrait Gérard Jean Juste incarcéré.

Le dignitaire lavalas, désigné comme candidat à la présidence, loge dans une annexe du pénitencier national depuis le 21 juillet dernier, après son arrestation en marge des funérailles du journaliste Jacques Roche, lâchement abattu par des kidnappeurs après 4 jours de séquestration.

Au moment des obsèques du poète journaliste, la clameur publique - qui considère le prêtre catholique romain comme une des têtes pensantes dans les opérations armées menées par des groupes se réclamant du secteur lavalas au lendemain du 30 septembre 2004 - avait dénoncé la présence de Jean Juste au sein de l’église Saint Pierre de Pétion Ville. Jean Juste avait alors été accusé d’implication dans le meurtre sauvage perpétré sur la personne de Jacques Roche le 14 juillet 2005.

Arrêté une première fois en octobre 2004 puis relâché en novembre de la même année, le prêtre catholique romain Gérard Jean Juste n’a jamais hésité à approuver publiquement les mouvements des groupes lavalas pour le retour physique de Jean Bertrand Aristide. [lf rc apr 06/09/2005 18:00]