Santo Domingo, 6 sept. 05 [AlterPresse] --- L’ambassadeur dominicain accrédité en Haïti, Jose Serulle Ramàa, aurait reçu du gouvernement intérimaire de Gérard Latortue un chèque de plus de 25 mille dollars pour financer une activité de la Fondation Ciencàa y Arte (Science et Art) à San Francisco de Macoràs, la troisième ville de la République Dominicaine, a appris AlterPresse.
Cette information a provoqué un malaise, voire un « scandale public » à Santo Domingo, où déjà on évoque « une grave erreur », qu’aurait commise le diplomate accrédité dans la capitale haïtienne, en référence à l’article 42 de la Convention de Vienne (Autriche) du 18 avril 1961 sur les relations diplomatiques, qui stipule que « L’agent diplomatique n’exercera pas dans l’Etat accréditaire une activité professionnelle ou commerciale en vue d’un gain personnel ».
« A date, aucune décision n’a été prise contre l’ambassadeur Serulle Ramia », a indiqué à AlterPresse une source digne de foi, laquelle a pourtant reconnu l’ouverture d’une enquête, sur la dénonciation, en train d’être conduite par la Secrétairerie d’Etat des Relations Extérieures du gouvernement dominicain.
Dans sa livraison du 6 septembre 2005, le Journal dominicain Diario Libre rapporte que Serulle Ramia aurait reçu du Premier Ministre haïtien Gérard Latortue « un chèque de 25 ou 48 mille dollars pour le compte de la Fondation Ciencia y Arte, pour financer une rencontre avec des dirigeants politiques et des Organisations non gouvernementales (ONG) haïtiennes à San Francisco de Macoris ».
Diario Libre affirme que le diplomate dominicain aurait seulement admis avoir reçu un montant de 25 mille dollars.
« La Fondation Ciencàa y Arte, que je préside, a récemment organisé une rencontre avec un groupe de dirigeants haïtiens de la société civile, et nous avons reçu un chèque de 25 mille dollars pour couvrir les frais de logement de ces personnes », a affirmé Jose Serulle Ramàa au quotidien Diario Libre.
Selon le journal dominicain, l’ambassadeur Serulle Ramia a précisé que les fonds avaient été reçus à titre personnel et avaient été simplement destinés à la Fondation Ciencia y Arte qu’il préside.
Contactée par AlterPresse, l’Ambassade de la République Dominicaine à Pétionville, à l’est de la capitale haïtienne, n’a pas souhaité réagir à cette information arguant que « le diplomate Jose Serulle Ramàa prend son dîner », mais a demandé au reporter de l’Agence en ligne haïtienne de « rappeler dans 15 minutes ». Après plus d’une demi-heure, l’ambassadeur Serulle Ramàa n’était pas encore disponible, « il s’entretenait avec la République Dominicaine », selon une secrétaire de l’ambassade interrogée par AlterPresse.
Du côté du gouvernement haïtien, des contacts téléphoniques sans succès ont été engagés par la rédaction d’AlterPresse. La Ministre de la Culture et de la Communication, Magali Comeau Denis n’était pas à son bureau, mais une de ses secrétaires a pris note. Un membre du Secrétariat privé du Premier Ministre Gérard Latortue, qui a promis de s’informer avant de fixer sa position, a indiqué que la Primature n’est pas encore saisie de ce dossier.
Le diplomate José Serulle Ramia aurait violé l’article 42 de la Convention de Vienne en acceptant de recevoir entre 25 mille et 48 mille dollars pour sa fondation, une institution de service privée qui organise de multiples activités culturelles et environnementales dans les deux pays partageant l’Ile d’Haïti, suivant les milieux diplomatiques à Santo Domingo.
Ce nouveau malaise survient dans un contexte de tension larvée entre les deux pays, après l’assassinat, sur le territoire dominicain, de 13 ressortissants haïtiens entre mai et août 2005, entre autres les cas de 3 jeunes brûlés vifs le 16 août et décédés des suites de leurs brûlures les 22 et 23 août à Santo Domingo.
Cependant, la Fondation Ciencia y Arte a organisé avec succès, en mai 2005 à San Francisco de Macoris, une foire écotouristique avec des fonds provenant d’institutions privées, ce qui a valu une reconnaissance publique à l’ambassadeur Serulle Ramia et à l’équipe l’ayant accompagné.
La participation massive des Communautés environnantes, ainsi que d’un grand public de tout le pays et de l’étranger, a traduit l’intérêt de la population à contribuer à une meilleure exploitation des ressources naturelles et à la protection de l’environnement, à travers la mise en œuvre de projets écotouristiques.
Une foire écotouristique binationale est prévue pour la période allant du 17 septembre au 3 octobre 2005 à Dajabon et à Ouanaminthe (au nord de l’île) avec la participation de la Fondation Ciencia y Arte.
Du 20 novembre au 5 décembre 2004, la Fondation Ciencia y Arte a fait partie, avec la Fondation pour le Développement du Tourisme Alternatif en Haïti et Sant Pon Ayiti, des organisations qui ont réalisé la Première Foire Ecotouristique Binationale déroulée à Fonds Parisien, non loin de la frontière Malpasse / Jimani, à une quarantaine de kilomètres au nord-est de la capitale haïtienne. [jls rc do apr 6/09/2005 17:00]