P-au-P, 3 sept.05 [AlterPresse] --- Le Conseil Electoral Provisoire (CEP) doit annoncer incessamment le calendrier définitif officiel, retenu pour les présidentielles, législatives et les territoriales de la fin 2005 en Haïti, à un moment où la population s’interroge sur les retards accumulés dans la mise en branle du processus et sur l’éventualité de repousser les élections en 2006, suivant les informations parvenues à AlterPresse..
Le Gouvernement intérimaire, qui s’est penché sur la question au cours du Conseil extraordinaire des Ministres le samedi 3 septembre, a communiqué à l’organisme électoral sa décision par rapport au calendrier actualisé soumis. Un décret, qui convoque la population nationale à participer aux élections, sera publié dans les prochains jours, a indiqué, samedi soir 3 septembre à AlterPresse, une source proche du gouvernement de transition qui a requis l’anonymat.
Alors que les Bureaux Electoraux Départementaux (BED) et les Bureaux Electoraux Communaux (BEC) ne sont pas tout à fait au point (installations et prises de fonction des responsables, établissements de structures administratives), l’inscription des candidates et candidats aux différents postes électifs pourrait être lancée la semaine prochaine. La même période pourrait coïncider avec l’ouverture officielle de la campagne électorale,
Les dates du 20 novembre 2005 et du 3 janvier 2006, pour les deux tours des présidentielles et législatives (sénatoriales et consultations pour les députés), ainsi que du 11 décembre 2005, pour les municipales et locales, circulent depuis vendredi dans la capitale haïtienne, comme éventuelle échéance qui serait finalement retenue pour les élections en Haïti.
Parallèlement, l’organisme électoral se prépare à officialiser une liste définitive des formations politiques habilitées à prendre part aux prochaines joutes dans le pays, après le traitement de leur dossier.
« Le processus d’analyse des dossiers des partis et regroupements politiques a déjà pris fin, et la direction des opérations est en train d’informatiser les données avant de les publier », a signalé vendredi à AlterPresse Macul Dévalis, directeur des opérations électorales.
Interrogé sur l’effectif des partis agréés et écartés de la course, Dévalis s’est gardé d’en faire des commentaires. « On ne peut pas vulgariser l’information avant même que les membres du CEP ne soient au courant », a-t-il fait savoir.
En principe, le CEP retiendrait le lundi 5 septembre 2005 pour sortir un dernier calendrier actualisé, comme l’avait souhaité le premier ministre Gérard Latortue, revenu à Port-au-Prince cette semaine après un voyage de quelques jours aux Etats-Unis d’Amérique pour des raisons de santé.
« Le CEP a des provisions pour soumettre les propositions au gouvernement avant la date limite afin d’avancer avec le processus, et respecter le délai fixé », a insisté Pierre Richard Duchemin, responsable de la commission du registre électoral, joint par AlterPresse le 2 septembre.
Duchemin a fait état de changements au sein du nouveau document électoral qui sera rendu public la semaine prochaine.
« Ce n’est pas la même configuration que celle du document annoncé préalablement », a averti le conseiller électoral qui n’a pas voulu donner plus de détails sur le sujet.
Le président de la commission du registre électoral a profité, de l’entretien avec l’agence en ligne haïtienne, pour informer l’opinion publique de la disponibilité prochaine (« d’ici à la mi-septembre ») des cartes électorales dénommées par décret « cartes d’identification nationale ».
« Une délégation s’est envolée pour le Mexique, siège de l’impression, avec un million de données pour commencer avec le processus », selon des précisions fournies par Duchemin.
Le CEP estime à 2.2 millions le nombre de citoyens inscrits à date, alors que la fermeture des registres d’inscription des électrices et électeurs devrait avoir lieu le 15 septembre.
Au rythme avec lequel se déroule le processus d’enregistrement, d’aucuns doutent de la possibilité pour l’organisme électoral de respecter le délai du 15 septembre qu’il s’est donné.
A ces interrogations, Duchemin a répondu que l’organisme électoral s’est arrêté sur la mise en place de nouvelles stratégies, telles l’implantation de bureaux mobiles dans les milieux éloignés pour agrandir l’électorat de cette année.
« Le problème est en phase de résolution », a affirmé Duchemin.
Pour lui, les paysans, qui effectuent des travaux manuels et qui feraient face à des problèmes d’empreintes (lignes digitales), se heurtent à l’impatience de certains opérateurs qui n’accordent pas un temps raisonnable à cette catégorie de la population, aux fins de leur permettre de remplir leur devoir citoyen.
Le Conseil Electoral Provisoire s’attendait à enregistrer 4.5 millions de personnes en âge de voter dans le pays. A moins de 15 jours de la fermeture des centres d’inscription, le CEP n’a pas encore atteint la moitié de ses prévisions.
Le format de l’ancien calendrier présentait les présidentielles et législatives le 20 novembre 2005, premier tour ; le 3 janvier 2006 deuxième tour, tandis que les municipales et locales étaient prévues pour le 22 janvier 2006. L’annonce a été faite par Rosemond Pradel à Jacmel le 25 août dernier, en marge de l’installation des membres du bureau Electoral Départemental (BED) du département du Sud-Est.
Cette déclaration avait suscité des remous parmi plusieurs conseillers au sein de l’organisme électoral, qui avaient fustigé l’attitude de leur collègue.
« Les allégations de Pradel n’engagent que lui », avait lancé le conseiller électoral Patrick Féquière. [rc lf apr 03/09/2005 20 :00]