P-au-P, 03 sept. 05 [AlterPresse] --- La Commission Episcopale Nationale pour la Pastorale des Migrants et des Réfugiés (CENPMR) de l’Eglise catholique romaine d’Haïti s’apprête à célébrer la première Journée nationale des Migrants, le dimanche 4 septembre, sous le signe de l’intégration, du dialogue et de la mobilisation face aux injustices dont sont victimes les compatriotes vivant à l’extérieur.
C’est ce qui ressort des déclarations de Mgr. François Gayot, président de la CENPMR, interrogé par l’agence en ligne AlterPresse sur le programme d’activités envisagées par ladite commission à l’occasion de la Journée Internationale des Migrants.
Pour la première fois dans le pays, la journée des Migrants sera célébrée par une messe, dans la matinée du 4 septembre 2005, à la cathédrale de Port-au-Prince autour du thème « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli ». Une affiche et un livret sur le même thème ont été mis en circulation par la CENPMR à l’occasion.
Placée sous le signe de l’intégration, « qui est une perspective ouverte refusant de considérer uniquement les différences entre les populations locales et les immigrés », cette journée « de prière » est appelée à « faciliter une prise de conscience de l’importance des migrants dans le cœur de l’Eglise » (catholique romaine), a déclaré à AlterPresse Mgr. Gayot, Archevêque émérite du Cap-Haïtien, la deuxième ville d’Haïti.
« Cette célébration, je le souhaite de tout mon cœur, sera comme le premier numéro d’une série qui sera longue. Ce sera aussi l’occasion d’une prière individuelle et d’une prière collective pour tous nos frères et sœurs qui vivent en dehors d’Haïti », a-t-il souligné.
Mgr Gayot estime que la Journée des Migrants le 4 septembre devrait susciter également un dialogue entre les femmes et hommes de cultures différentes « dans un contexte de pluralisme, allant au-delà de la simple tolérance, pour parvenir à la sympathie dans un contexte de bienveillance et de compréhension mutuelles ».
Dans cet entretien à AlterPresse, le président de la Commission Episcopale Nationale pour la Pastorale des Migrants et des Réfugiés de l’Eglise catholique romaine a convié les Haïtiennes et Haïtiens à se pencher sur la situation des compatriotes vivant à l’extérieur du pays et à se mobiliser pour pouvoir les aider, « non seulement par la parole et la prière, mais par une attitude de soutien devant les injustices qui leur sont faites », a-t-il soutenu.
Considérant comme un retour à la préhistoire les actes de brutalités perpétrés contre des ressortissants haïtiens, ces derniers mois en République Dominicaine, l’Archevêque émérite du Cap-Haïtien s’est prononcé avec véhémence contre « ces genres d’incidents ».
« Nous demandons à tous ceux qui sont responsables, au plan national et international, de faire cesser cette situation. Nous avons appris avec stupeur le sort fait à ces trois de nos compatriotes (NDLR : trois ressortissants haïtiens sont décédés les 22 et 23 août des suites des brûlures causées par des inconnus le 16 août 2005 à Santo Domingo) qui ont été traités comme des bêtes, parce qu’ils ont été brûlés vifs en territoire voisin ».
« Nous avons du mal à comprendre, sur le plan humain tout court, comment des êtres humains peuvent-ils délibérément brûler leurs semblables », a ajouté Mgr. Gayot.
La célébration de la journée mondiale des migrants à la cathédrale de la capitale haïtienne sera assurée par les évêques François Gayot et Joseph Lafontant, respectivement président et vice-président de la CENPMR, qui seront assistés des pères de Saint-Charles Borromée ayant pour mission de s’occuper des migrants et réfugiés dans l’église catholique romaine en Haïti.
La Commission Episcopale Nationale pour la Pastorale des Migrants et des Réfugiés relève du conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, qui a son siège au Vatican à Rome, Italie.
Structurée comme toutes les commissions de la Conférence Episcopale, la CENPMR a été fondée, depuis plusieurs années, par l’église catholique romaine d’Haïti « pour essayer de répondre aux besoins des migrants et des réfugiés qui constituent les catégories de personnes les plus éprouvées », a précisé Mgr. Gayot à AlterPresse.
Le Groupe d’Appui aux Réfugiés et Rapatriés (GARR) a salué, le 2 septembre 2005 dans une prise de position publique, l’initiative de l’Eglise catholique romaine d’Haïti « qui, à l’instar d’autres pays de la région, permettra aux chrétiens catholiques et à des organisations de promotion et de défense des droits des migrants, de réfléchir autour de la thématique de la migration, un phénomène international qui prend de plus en plus d’importance dans la réalité du peuple haïtien ».
A souligner que, sous les auspices de la Table de Concertation pour les Migrants en République Dominicaine, une plate-forme de diverses institutions oeuvrant avec les migrants haïtiens et descendants de compatriotes sur le territoire voisin d’Haïti, des activités artistiques, culturelles et religieuses auront lieu également le 4 septembre dans plusieurs villes de la République Dominicaine. [jj rc apr 03/09/05 17:30]