Soumis à AlterPresse le 2 septembre 2005
La Commission Episcopale Nationale pour la Pastorale des Migrants et Réfugiés (CENPMR), à travers une affiche et un livret, a annoncé la célébration, ce dimanche 4 septembre 2005, de la première journée nationale des Migrants sous le thème « J’étais un étranger et tu m’as accueilli ».
Le Groupe d’Appui aux Réfugiés et Rapatriés (GARR) salue cette initiative qui, à l’instar d’autres pays de la région, permettra aux chrétiens catholiques et à des organisations de promotion et de défense des droits des migrants, de réfléchir autour de la thématique de la migration, un phénomène international qui prend de plus en plus d’importance dans la réalité du peuple haïtien.
Autrefois pays d’accueil d’immigrants, Haïti est devenu aujourd’hui un pays exportateur de main-d’œuvre avec plus d’un quart de sa population à l’étranger.
30.5% des ménages du pays ont au moins un parent émigré, mais ce taux diffère fortement par zone : 44% des ménages de l’aire métropolitaine ont un parent à l’étranger contre seulement 25.2% des ménages ruraux ( source Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique - IHSI).
En un demi-siècle, sa principale source de devises (NDLR : d’Haïti) est passée des exportations de denrées agricoles, à celle des nombreux transferts effectués par les ressortissants vivant à l’étranger. Plus de quatre parents émigrés sur cinq effectuent des transferts à leur famille restée en Haïti, atteignant 650 millions $US en 2002, ce qui équivaut à 19% du Produit Intérieur Brut PIB (Source : Haïti en Marche, 18-24 février 2004).
Parallèlement, la migration interne, avec le déplacement de nombreuses familles paysannes vers les villes à la recherche d’un mieux-être, prend des proportions inquiétantes.
Ce mouvement de population facilite un brassage de culture et a des conséquences positives et négatives sur le pays.
Si les ressources financières qu’il génère permettent à certaines familles d’améliorer leurs conditions de vie et au pays de survivre, la migration contribue par contre à la déstabilisation de certaines régions, à la fuite de cerveaux, à un certain appauvrissement au profit d’un autre type d’enrichissement.
La migration est un phénomène social qui ne date pas d’aujourd’hui et qui, dans un contexte de globalisation, va dominer le débat international dans les prochaines années.
Il importe pour nous, Haïtiennes / Haïtiens, de mesurer l’ampleur du phénomène, son impact sur notre réalité et prendre les mesures pour le contrôler et le gérer. Ce besoin de gestion du phénomène migratoire devient aujourd’hui un impératif pour le pays, étant donné les difficultés auxquelles Haïti se trouve de plus en plus confrontée avec ses voisins à cause de la présence de ses ressortissants dans ces pays.
Le GARR espère que la célébration chaque année, le premier dimanche de septembre, de la Journée Nationale des Migrants et Réfugiés, sera l’occasion de donner la parole aux migrantes et migrants, de faire connaître leurs conditions de vie, leurs aspirations, leurs réalisations et de poser le problème de développement du pays, à l’origine de cette propension de la population à vouloir se déplacer.
Nous voulons croire que le choix du même mois, que l’Eglise dominicaine, pour cette célébration constitue également une preuve de volonté de rapprocher les deux communautés et d’œuvrer ensemble à une culture de paix et de justice, deux valeurs fondamentalement chrétiennes.
Lisane André
Section Communication et Plaidoyer GARR