P-au-P., 1er sept. 05 [AlterPresse] --- Les organisations sociales, qui exigent du gouvernement de transition depuis plusieurs mois des dispositions structurelles contre la hausse du coût de la vie, ont tenté le 31 août 2005 de gagner l’adhésion des couches populaires à leur mouvement, au cours d’une nouvelle marche pacifique dans divers quartiers du sud-est de la capitale haïtienne, a observé AlterPresse.
Munis d’une banderole géante et de pancartes contenant des slogans hostiles aux dirigeants du pays et à la bourgeoisie nationale, les manifestants (une quarantaine d’étudiants et de représentants de secteurs sociaux, dont le nombre a grossi par moments) ont été accueillis par des concerts de casseroles, de klaxons et de mots d’encouragement sur leur passage.
« Il faut se mobiliser pour obtenir la diminution des prix des produits pétroliers, la baisse des frais scolaires et des produits de première nécessité », ont entonné en chœur les riverains, dont de petites commerçantes, qui ont convié la population à un engagement citoyen contre la politique néolibérale appliquée par le gouvernement intérimaire.
« Nous n’en pouvons plus, nous réclamons la baisse du coût de la vie », répétaient, dans une ambiance de danses populaires improvisées, manifestants et détaillants.
Dans la foulée, quelques badauds ont lancé des huées à l’endroit des manifestants. « Vous avez échoué. Vous pouvez changer tous les gouvernements d’Haïti, mais les problèmes ne seront pas résolus », ont-ils renchéri.
Cependant, les initiateurs de la marche, non intimidés, ont poursuivi leur mouvement de revendications, parti de la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH), en empruntant diverses artères de la banlieue de Carrefour Feuilles, dont des zones de marché public, comme le Marché Salomon, non loin du stade national de football, et passant devant les bureaux du Ministère de l’Education Nationale.
« Le mois de septembre sera encore plus dur pour les parents », ont prévenu les manifestants se référant à la prochaine réouverture des classes officiellement prévue pour le 5 septembre 2005, mais qui sera effective à la mi-septembre ou à la fin du mois dans différents établissements scolaires ayant ignoré la décision administrative antérieure d’entamer les cours dès les premiers jours de septembre.
Les manifestants s’en sont pris à certains responsables d’écoles qui fixent les tarifs scolaires à leur gré « sans aucune norme ni égard pour les parents ». Ils ont annoncé la publication, bientôt, des résultats d’une enquête sur les montants élevés réclamés par des établissements scolaires privés qui fonctionnent à Port-au-Prince.
Ils ont aussi imputé la flambée des cours du pétrole sur le marché international et les hausses successives, depuis janvier 2005, de ce produit stratégique sur le marché national, à l’imposition par les pays du Nord de la politique néolibérale qui ruine les pays du Sud, dont les autorités, comme celles d’Haïti, tendent à se déresponsabiliser.
« C’est seulement une mobilisation générale de toute la population, qui subit les conséquences de la mauvaise gestion du régime en place, qui peut porter les autorités à repenser leur ligne de conduite. Le secteur secteur social en est conscient, et le travail de sensibilisation est enclenché », a plaidé Guy Numa du Mouvement Démocratique Populaire (MODEP).
De son côté, Yves Barthélemy, professeur à l’UEH, a souligné que les organisations sociales avaient déjà alerté les responsables du Ministère du Commerce (baptisé de « ministè lavi chè = ministère de la vie chère, par les manifestants) sur les méfaits de l’application des recettes d’ajustement structurel exigées par les sources de financement internationales, comme la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International.
« Ils ont passé outre à nos propositions qui consistaient en un ensemble de dispositions visant à soulager les masses populaires », a déploré le professeur Barthélemy.
En plus du MODEP, l’initiative de la nouvelle marche du 31 août 2005 des secteurs sociaux contre le coût élevé de la vie en Haïti, notamment contre la hausse des prix du pétrole sur le marché national, a été prise par la Solidarité des Femmes Haïtiennes (SOFA), la Plateforme des Organisations Haïtiennes de Défense des Droits Humains (POHDH), le Mouvement des Etudiants Autonomes (Mouvman Etidyan Granmoun MEGA), entre autres organisations. [lf rc apr 01/09/2005 13 : 30]