Par Djems Olivier, Envoyé spécial
Pte. Riv. De l’Artibonite, 24 août 05 [AlterPresse] --- Plusieurs centaines de paysans, venus des départements du Sud, du Centre, de l’Ouest, des Nippes et de l’Artibonite ont marché au début de la semaine dans des rues de la Petite Rivière de l’Artibonite (nord) pour faire valoir des revendications relatives à la souveraineté alimentaire de la République d’Haiti.
Pancartes en main, les manifestants qui défilaient le 22 août, à l’issue d’une journée de réflexion, ont vertement dénoncé la politique économique appliquée par le pouvoir en place, favorisant, ont-ils dit, l’inondation du marché national par les produits importés.
Dans cette plaine rizicole, les paysans ont particulièrement mis l’accent sur le riz des Etats-Unis, dont la part de marché s’étend inexorablement.
« Je manifeste contre le riz de Miami qui submerge nos marchés, contre le plan néo-libéral du Fonds Monétaire International (FMI), contre l’intégration d’Haïti à la Zone de Libre Echange des Amériques (ZLEA) », a déclaré le délégué d’une organisation paysanne évoluant à l’Estère dans le Bas-Artibonite.
Il n’a ainsi fait que reprendre la substance des slogans figurant sur des dizaines de pancartes brandies au cours de la manifestation. « La ZLEA et la misère sont des jumelles », pouvait-on, par exemple lire.
Les manifestants ont exigé de l’Etat haïtien une « réforme agraire équitable, en vue de mettre un terme aux conflits terriens qui affectent certaines régions du pays, dont l’Artibonite, et qui ont coûté la vie à de nombreux paysans ».
« Notre présence ici, c’est pour demander au gouvernement d’encourager la production de riz dans l’Artibonite, de nous doter d’un meilleur encadrement en vue du sauvetage de la production nationale en voie de disparition », a lancé un jeune participant. « Nous sommes là pour exiger la souveraineté alimentaire du peuple haïtien », a ajouté un autre.
Cette thématique était justement au centre de la séance de réflexion préalablement conduite par le Mouvement de Revendications des Paysans de l’Artibonite (MOREPLA) de concert avec le Réseau des Associations Coopératives de Commerce et de Production Agricole du Bas-Artibonite (RACPABA) et la Plate-forme Nationale des Organisations Paysannes Haïtiennes (PLANOPA).
Avant de clore la session, les organisateurs ont formulé un certain nombre d’exigences, dont des mesures étatiques visant à faire du département de l’Artibonite un véritable grenier du pays en matière de production de riz. Pour parvenir à cette fin, l’irrigation et le drainage des terres irrigables s’avèrent nécessaires.
Des mesures pour le sauvetage de l’environnement national, pour le reboisement et la conservation du sol, pour la protection des mornes et des rivières haïtiennes figurent parmi les résolutions.
« A l’instar des esclaves, qui se consacrèrent corps et âme à la lutte pour l’indépendance de ce coin de terre, nous avons décidé de nous unir pour faire d’Haïti un Etat souverain en matière de production agricole, en matière de sécurité alimentaire, un pays où il fait bon vivre », ont lancé les paysans.
Les participants au rassemblement du 22 août ont également appelé les forces vives de la nation à faire front commun en vue de dire « non à la politique néo-libérale, ayant pour objectif de détruire les classes paysannes, non à l’occupation d’Haïti par les troupes étrangères, oui à la solidarité des paysans ». [do gp apr 25/08/05 11:00]